MT image

L'itinéraire singulier de Martin Markiewicz | LETROT
Portrait du co-éleveur de La Joyeuse Wicz

L'itinéraire singulier de Martin Markiewicz

19/02/2024 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Il est arrivé de sa Pologne natale en 2007 au Haras des Rouges Terres pour un contrat de trois mois avec, en poche, une formation de technicien en mécanique et alors qu’il ne connaissait rien aux chevaux. Plus de quinze ans après, Martin Markiewicz est le responsable de l’élevage de Louis Baudron et l’étalonnier du célèbre haras mais aussi le co-éleveur et le co-propriétaire de La Joyeuse Wicz, la lauréate du Prix Comte Pierre de Montesson-Critérium des Jeunes (Groupe 1) dimanche.
Martin MarkiewiczMartin Markiewicz - © E. Fossard

Comme nous l’écrivions dans notre édition de dimanche, la victoire de LA JOYEUSE WICZ dans le premier Groupe 1 réservé à la promotion née en 2021 est fortement marquée du sceau de la fidélité et du travail, deux vertus particulièrement importantes aux yeux de Louis Baudron. C’est évidemment vrai de Gwenn Junod, le driver de la fille de Fabulous Wood dimanche comme lors de ses deux premières courses et l’un des hommes de confiance depuis un peu moins de dix ans du petit-fils de Jean-Pierre Dubois et Roger Baudron. Dans cette garde rapprochée, on peut aussi citer parmi d'autres Cédric Beurel, le premier garçon, et Martin Markiewicz, le responsable de l’élevage au parcours pour le moins singulier. Rien ne prédestinait en effet ce Polonais originaire de la région de Swidwin dans le Nord-Ouest du pays à se retrouver à ce poste, alors qu’à son arrivée en France en 2007, il ne connaissait rien aux chevaux de courses.

"Je suis venu pour un contrat de trois mois et je suis toujours là plus de quinze ans après ! Je suis fidèle au poste".

"J’ai une formation de technicien en mécanique. Je suis venu pour un contrat de trois mois et je suis toujours là plus de quinze ans après ! Je suis fidèle au poste", indique-t-il avec le sourire dans un Français maîtrisé. Quand il arrive en Normandie au Haras des Rouges Terres - en Pologne, le taux de chômage est alors de "20 à 25 %" -, Martin Markiewicz (47 ans) est bien loin de se douter du parcours qui va être le sien. "Quand je suis arrivé, j’étais un peu le "Monsieur Bricolage" du haras", s’amuse enjoué celui que est surnommé "Martinus" au sein de l’écurie normande. Au fil des années, son poste et ses responsabilités vont évoluer.
"J’ai appris à m’occuper des chevaux, à faire les poulinages, sûrement plus de cinq cents à ce jour, et aussi à gérer les étalons. En fait, j’ai tout appris. Ici, il y a beaucoup de machines, de tracteurs notamment et des animaux. Pour moi qui suis un gars de la campagne, j’ai tout ce qu’il me faut. Je me sens bien. Je ne serais pas là autrement", confie Martin Markiewicz tout en s'excusant d'avoir la voix quelque peu cassée après un dimanche à graver d'une pierre blanche avec la victoire de La Joyeuse Wizc dans le Critérium des Jeunes. "J'étais de garde au haras et j'ai beaucoup crié en regardant ma tablette", poursuit-il en ayant une pensée pour Gwenn Junod, le driver de la pouliche.


Sur le même thème : La Joyeuse Wicz : la princesse de Gwenn Junod


Un maillon d'un travail d'équipe

"Gwenn s'entend bien avec les produits de TARENTELLE JENILOU, complète-t-il. Je me souviens notamment d'EUFORIAWICZ qui était assez difficile, pas très pratique pour partir, mais avec laquelle Gwenn s'entendait bien. Dimanche, tout a été parfait avec la part de chance qu'il faut aussi car on se voyait plutôt une chance pour une place. Je n'ai pas encore eu Gwenn au téléphone mais ça devrait pouvoir se faire aujourd'hui (lire lundi)." Il met ainsi l'accent sur l'un des traits principaux de cette victoire dans un Groupe 1 : "C'est avant tout un travail d'équipe, de l'élevage jusqu'à l'entraînement. Il n'y a pas qu'une seule personne responsable".

Normandie Wicz, la petite soeur comme un trait d'union
Le dernier produit de Tarentelle Jénilou à avoir vu le jour est une pouliche par Invincible Cash née l'an dernier et appelée NORMANDIE WICZ. C'est un joli clin d'oeil de la part de Martin Markiewicz de l'avoir ainsi nommée entre le nom de la région où il est arrivé il y a plus de quinze ans et où il fait depuis sa vie et le label tiré de son nom de famille polonais. "La jument doit donner naissance cette année à un produit d'Impressionist et il est fort possible qu'elle retourne à la saillie de Fabulous Wood pour refaire le croisement qui a donné La Joyeuse Wicz", nous apprend-il.

Ce collectif, Martin Markiewicz en est l'un des maillons. Il lui est même arrivé de se mettre au sulky, notamment à celui de Tarentelle Jenilou, la mère de la future lauréate du Critérium des Jeunes. C'est dire si cette fille de JULIANO STAR occupe une place à part dans son parcours. "J'ai dû la sortir un mois environ avant qu'elle ne soit finalement dirigée vers l'élevage car elle avait des problèmes de tendons, se souvient-il. Louis (Baudron) et Cédric (Beurel) m'avaient briefé. Cette expérience était intéressante mais j'avais déjà beaucoup de travail par ailleurs et je n'avais pas envie de faire les choses à moitié. Louis (Baudron) que je remercie m'a alors proposé d'être associé sur ses produits. C'est donc un peu le hasard que je sois devenu le co-éleveur de ses produits. C'est d'ailleurs la seule poulinière sur laquelle je suis associé. À l'époque, je ne connaissais pas les origines de la jument et le fait notamment que ce soit une petite-fille d'USERIA." Dans le cadre de cette association entre Louis Baudron et Martin Markiewicz, qui vaut aussi sur la propriété des produits, c'est au second que revient la responsabilité de les nommer. C'est la raison pour laquelle il a glissé "Wicz" comme label en référence à son nom de famille.


Sur le même thème : La Joyeuse Wicz ouvre son palmarès


 

Une victoire d'autant plus belle qu'inattendue

Dire que Martin Markiewicz attendait dimanche d'assister au succès de La Joyeuse Wicz dans le Critérium des Jeunes serait trahir la réalité. Tout comme d'ailleurs tout l'entourage de la pouliche. Louis Baudron, son entraîneur, ne disait d'ailleurs pas autre chose dans notre édition de dimanche : "Le programme faisait que la pouliche n'avait plus de course fermée à sa disposition et nous la présentions au départ avec une cinquième chance". Une fois encore, Martin Markiewicz pourrait presque faire référence au hasard, celui qui l'a amené un jour aux portes du Haras des Rouges Terres à quelque 1.500 kilomètre de chez lui et celui qui lui a permis d'être associé sur la production de Tarentelle Jénilou. "Comme tout dans ma vie, le hasard a bien fait les choses, avance-t-il. Ces derniers temps, il n'y avait pas beaucoup de soleil dans ma vie et là, avec la victoire de dimanche, le soleil s'est levé." Si c'est une surprise de voir La Joyeuse Wicz remporter le Critérium des Jeunes, les qualités de la pouliche ont depuis longtemps été détectées à l'entraînement. "Je me rappelle très bien que Louis autant que Cédric avaient dit avant qu'elle ne se qualifie que c'était une bonne pouliche", rappelle-t-il. Une pouliche dont l'avenir est bien sûr tout tracé comme poulinière une fois que sa carrière de course sera achevée : "Avant même qu'elle ne débute, Louis avait dit qu'elle serait conservée comme poulinière car elle a beaucoup de qualités, autant au niveau de son physique que de ses allures". L'histoire singulière entre Martin Markiewicz et les Rouges Terres n'est pas près de s'arrêter.

La Joyeuse WiczLa Joyeuse Wicz - © B. Vandevelde/SETF

A lire aussi