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Associations d'éleveurs : la question de la fédération | LETROT
Dossier - volet 2/2

Associations d'éleveurs : la question de la fédération

18/03/2024 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Notre tour d'horizon des structures associatives de la filière trot continue. Après avoir dressé un premier catalogue de celles représentatives des entraîneurs, jockeys, drivers et propriétaires et amateurs, complété d'une première liste de représentants d'éleveurs, notre second volet continue en restant dans le domaine de l'élevage d'abord, avec les étalonniers du SEPT. Acteurs incontournables de la reproduction du Trotteur Français, les étalonniers organisent l'offre au regard de la demande des éleveurs propriétaires des poulinières.
Poulinières et poulains - © JLL - SETF Poulinières et poulains - © JLL - SETF
Albéric Valais - © Province Courses Albéric Valais - © Province Courses

Quel domaine de compétence d’une telle fédération ?
AV.- Ce serait évidemment le champ de l’élevage. On sait aussi qu’à partir de questions d’élevage, on peut vite dévier sur des sujets liés à l’organisation des courses, voire au PMU. À mon sens, une fédération d’éleveurs devrait se concentrer sur le cœur de ses compétences : le programme de sélection, les conditions d’accès à la reproduction des mâles et des femelles, le transport de semence, la génomique (un sujet émergent), etc. Ce sont des questions sur lesquelles les éleveurs aimeraient intervenir dans les débats.


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Comment imaginez-vous la création d’une telle fédération ?
AV.- Il y a deux aspects. Il faut d’abord préciser le projet et les domaines de compétences d’une telle association. Ensuite, il faut travailler sur les moyens à mettre en place et comment on collecte ces moyens. Il faut garantir une indépendance de fonctionnement à cette fédération. Le modèle du galop intègre un pourcentage reversé sur les primes à l’éleveur des adhérents (N.D.L.R. : 4 % selon les conditions d'adhésion 2024). Comme autre piste, il y aurait une cotisation minime sur les livrets par exemple. Avec 9.000 livrets délivrés chaque année, on peut vite dégager des budgets importants, ne serait-ce que sur la base de 10 € par livret par exemple. Ce serait relativement indolore pour les éleveurs. Il peut y avoir beaucoup d’idées de financement. Ce qui est important, c’est d’avoir un financement dépendant de la bonne santé de la filière mais indépendant et autonome vis-à-vis des acteurs politiques.

Quel enjeu premier citeriez-vous sur le sujet de l’élevage ?
AV.- Le renouvellement de la population des éleveurs. Si l’on veut continuer à approvisionner la filière courses, il faut assurer le renouvellement des éleveurs. Pour l’instant, il n’y a pas péril en la demeure. Même si le nombre de naissances baisse actuellement, il y a suffisamment de produits pour approvisionner le marché et le circuit des courses. Mais il ne faut pas prolonger ces tendances baissières sur une trop longue période car on pourrait avoir de mauvaises surprises. Les mesures les plus récentes proposées par la Commission Elevage de la SETF, notamment le rajeunissement du parc des poulinières par la mise à la reproduction rapide de pouliches issues de juments de 1ère catégorie, voire de 2ème, sont extrêmement positives en termes de génétique et potentiel de progrès génétique. Ce sont des mesures plutôt de nature à consolider la population. Et il faut aussi rappeler que l’on a le premier cheptel européen. On a quelquefois peur de notre ombre mais on prouve très souvent dans les grandes épreuves européennes qu’on a aussi la première population en qualité.

Est-ce que le corps des éleveurs est solidaire ou est-il fracturé par des lignes de force ?
AV.- La professionnalisation dont on a parlé pour les courses et l’élevage écarte des acteurs et réduit la diversité des éleveurs. Le niveau global augmente et des gens ne prennent pas le train et cela fait peur. La question de rester dans la course se pose tous les matins pour tous les éleveurs de manière de plus en plus forte. Dès lors, il y a des éleveurs qui sont de plus en plus à distance des conditions de réussite.

Un projet soutenu par la SETF

Sollicité sur le sujet d'une fédération nationale des éleveurs de trotteurs, Guillaume Maupas, directeur des Courses et de l’Association SETF, s'est exprimé en sa faveur, le mercredi 13 mars, lors de l’Assemblée Générale du GAET à Laval : "La création d’une fédération nationale des éleveurs de trotteurs est un projet que la SETF encourage. Plus globalement, la SETF soutient l’idée de toute proposition d’une association d’éleveurs nationale forte. Cela permettrait d’avoir un interlocuteur tout désigné pour faire des propositions et travailler sur la thématique de l’élevage. Une telle fédération serait invitée à chaque fois que nécessaire à la Commission d’Elevage de la SETF - qui, comme toutes les Commissions, est une force de proposition consultative. Le Conseil d’Administration de la SETF va envoyer très prochainement des lettres de cadrage aux différentes Commissions. Pour celle de l’élevage, dans les missions définies pour cette nouvelle mandature, il y aura la création d’une fédération nationale des éleveurs."
Concernant les hypothèses formelles et statutaires rattachées à ce projet, il a aussi ajouté : "Les statuts de la fédération des éleveurs du galop me semblent une bonne base de travail et de départ pour une future fédération des éleveurs du trot."

 

Guillaume Maupas - © ScoopDyga Guillaume Maupas - © ScoopDyga

Ils nous en ont parlé

◆ Jacques Berger, président de l'AETCE
Quelle est votre position sur le projet de créer une fédération des éleveurs "centralisée", une proposition soutenue par la SETF et à l'image de ce qu'il existe au galop ?
Jacques Berger.- À titre personnel, je pense que ce serait une bonne chose. Cela donnerait plus de poids aux éleveurs. Cela permettrait aussi de définir des interlocuteurs identifiés, notamment vis-à-vis de la SETF. Si cette fédération nationale est bien faite, elle devra permettre à chacun de ses membres de s'exprimer et d'écouter tout le monde. On sait bien par exemple que les éleveurs normands ne raisonnent pas comme les éleveurs de notre région ou du Sud-Ouest. Pour autant, est-ce que cela résoudrait tous les problèmes ? Je ne suis pas sûr.

◆ Monette Lemelletier, secrétaire de la Société du Cheval Anglo-Normand
Quelle est votre position sur le projet de créer une fédération des éleveurs "centralisée", une proposition soutenue par la SETF et à l'image de ce qu'il existe au galop ?
Monette Lemelletier.- Nous n’avons pas encore évoqué cette question au sein de l’association. Pour l’instant, c’est une idée qui a été lancée et nous en discuterons le moment venu. Quoi qu’il en soit, nous souhaitons bien entendu conserver notre caractère régional.

◆ Thierry Andrieu, président de la SNECTF
Quelle est votre position sur le projet de créer une fédération des éleveurs "centralisée", une proposition soutenue par la SETF et à l'image de ce qu'il existe au galop ?
Thierry Andrieu.- C'est à notre sens le prochain grand projet qui doit voir le jour. Je pense que l'avenir est là. Ce serait bien d'avoir une seule voix, unifiée pour les éleveurs, pour pouvoir se faire entendre vis-à-vis des pouvoirs publics et du Ministère de l'Agriculture. Il faudrait à l'instar de ce qu'il se fait au galop et à condition que tout le monde (les éleveurs) y soit représenté. Il faudrait en ce sens que chaque syndicat d'éleveurs actuel ait son nombre de représentants appropriés dans le Conseil d'Administration de cette fédération. La question du financement devra être étudiée mais le mode de financement de la fédération des éleveurs du galop pourrait servir de base par exemple. Je pense qu'à la fin de la mandature de quatre ans qui commence, on sera arrivés à mettre en place cette fédération des éleveurs du trot.


Sur le même thème : Pascal Boey réélu président du S.N.P.T.


◆ Pascal Boey, président du SNPT et de l'UNAT
Quelle est votre position sur le projet de créer une fédération des éleveurs "centralisée", une proposition soutenue par la SETF et à l'image de ce qu'il existe au galop ?
Pascal Boey.- Je ne pense pas qu’il soit très opportun de comparer les deux disciplines en matière d’élevage dont les problématiques ne sont pas les mêmes. Et ce n’est pas à la société-mère "d’inciter" ou "d’organiser" une fédération des éleveurs ! Les corps intermédiaires comme dans la société doivent jouer pleinement leur rôle. Chacun son job ! Évitons le mélange des genres et les conflits d’intérêts !
Je m’interroge d’ailleurs sur les motivations d’une telle proposition. Je me méfie de la pensée unique. Il y a plusieurs associations d’éleveurs, nationales, régionales, et ce sont à elles, si elles le souhaitent, de s’organiser en fédération indépendante sans perdre leur identité propre pour débattre ensemble. Je note néanmoins que leurs positions divergent fondamentalement notamment sur deux questions majeures : le transport de semence et l’ouverture éventuelle du Stud-Book. Sur ces deux points structurant de notre politique de l’élevage, il faudra veiller à ce que toutes décisions ne puissent ouvrir la voie à une remise en cause de l’ouverture de nos courses aux chevaux étrangers à plus de 16 % des allocations distribuées. Sur ces points, les élus du Comité devront, après une large concertation, prendre leurs décisions avec responsabilité.

Précision sur l'UNAT
Président de l'UNAT [lire notre précédente édition], Pascal Boey tient à préciser au sujet des deux nombres rattachés aux amateurs (605 licenciés et 646 adhérents à l'UNAT) : "D'une part, on parle de 605 titulaires d'une licence SETF d'autorisation de driver à titre amateur. D'autre part, on parle d'un nombre d'adhérents à l'UNAT, de 646, et donc supérieur au nombre de licenciés car certains adhèrent à l'UNAT sans demander de licence à la SETF. D'anciens drivers amateurs continuent d’y adhérer par exemple pour poursuivre une action bénévole."


◆ Jean-Yves Lhérété, président du SEPT
Quelle est votre position sur le projet de créer une fédération des éleveurs "centralisée", une proposition soutenue par la SETF et à l'image de ce qu'il existe au galop ?
Jean-Yves Lhérété.- Ce sujet n'a pas encore été abordé au sein du bureau du SEPT mais j'y suis, à titre personnel, favorable. Je trouve le projet très bon en faisant attention à ce que cette fédération soit une force de proposition et ne devienne pas un instrument qui se positionne en force d'opposition systématique à la SETF. Je remarque que les associations d'éleveurs actuelles n'ont pas vraiment de poids. J'imagine une vraie réorganisation de la représentation des éleveurs avec une fédération nationale qui aurait des délégations ou des branches régionales.
◆ James Carpentier, président de l'UPECT
Quelle est votre position sur le projet de créer une fédération des éleveurs "centralisée", une proposition soutenue par la SETF et à l'image de ce qu'il existe au galop ?
James Carpentier.- Nous y sommes très favorables (pour peser autant qu’au galop) et à condition que chaque région soit équitablement représentée.
◆ Jean-Emmanuel Castagnet, président du GETSO
Quelle est votre position sur le projet de créer une fédération des éleveurs "centralisée", une proposition soutenue par la SETF et à l'image de ce qu'il existe au galop ?
Jean-Emmanuel Castagnet.- Nous sommes plutôt favorables à ce projet qui permettrait d'avoir des aides pour les éleveurs du Sud-Ouest qui sont éloignés des principaux étalons basés en Normandie ou en Mayenne.
◆ Alain Bloquet, président de Qualitrot Picardie
Quelle est votre position sur le projet de créer une fédération des éleveurs "centralisée", une proposition soutenue par la SETF et à l'image de ce qu'il existe au galop ?
Alain Bloquet.- Nous sommes favorables à la création d'une fédération nationale des éleveurs tout en conservant les structures actuelles existantes, lesquelles fonctionnent très bien.
◆ Stéphane Meunier, président du SEDJ
Quelle est votre position sur le projet de créer une fédération des éleveurs "centralisée", une proposition soutenue par la SETF et à l'image de ce qu'il existe au galop ?
Stéphane Meunier.- Je me positionne en faveur de la création d’une fédération nationale des éleveurs au trot. Je côtoie beaucoup cette représentation qui existe au galop et je constate que cela pèse positivement d’avoir un tel interlocuteur dans les échanges avec les ministères et administrations, notamment comme interlocuteur agricole au Ministère de l’Agriculture. Avoir l’équivalent au trot permettrait d’améliorer notre représentativité.
C’est vraiment au niveau agricole et vis-à-vis de notre environnement, je pense aux ministères et administrations, qu’une telle fédération aurait tout son intérêt car, en interne, dans les travaux par exemple des commissions de la SETF, les éleveurs sont bien représentés, me semble-t-il, par les différentes associations d’éleveurs existantes.
Je constate aussi que le galop est actuellement mieux représenté que le trot dans certaines réunions sur la filière, grâce aux associations d’entraîneurs et à leur fédération des éleveurs. Au trot, le SEDJ est le seul représentant. Numériquement déjà, nous sommes moins forts. Je pense qu’une telle fédération, sur la base des adhérents actuels des différentes associations, arriverait rapidement à 2.000 représentants et serait vraiment plus forte.
Comment l’imaginez-vous dans son fonctionnement ?
SM.- Elle devra pouvoir fonctionner en parfaite autonomie, notamment vis-à-vis de la SETF, avec un mode de financement propre. Il faut sans doute regarder les choix qui ont été faits au galop car le modèle existe et fonctionne.

 


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