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JP Barjon : "Nous voulons rester à Vincennes, mais..." | LETROT
INTERVIEW

JP Barjon : "Nous voulons rester à Vincennes, mais..."

13/12/2024 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
À l’occasion du dernier Comité de la SETF de l’année qui s’est tenu mercredi, le sujet du renouvellement de la concession de trente ans de l’hippodrome de Paris-Vincennes a fait l'objet d'un développement particulier. Dans la foulée de ce Comité et au cours d’un entretien de plus de deux heures, Jean-Pierre Barjon, Président de la SETF, a détaillé de manière didactique les négociations en cours avec la ville de Paris : il apparait que le centre de gravité semble s’être déplacé au fil des mois. Il a répondu par ailleurs à d’autres sujets d’actualité.
©BrunoVandeVelde ©BrunoVandeVelde

Avec ce new Enghien, on réfléchit à l’hippodrome du futur, ce qui est passionnant

 

Existe-t-il alors un plan B pour cet hippodrome du futur dont vous parliez il y a un an dans le cadre de notre interview de campagne électorale ?
Évidemment, nous travaillons sur un plan B. Ce plan c’est Enghien. Des commissions ont été associées au travail des équipes de la SETF pour apporter une réponse aux questions suivantes : est-il possible de mettre les pistes de Vincennes avec la montée et la descente à Enghien ? Doit-on reproduire le concept de la grande et de la petite piste ? Doit-on envisager de garder une piste à l’intérieur et si oui une piste de 1 609 mètres ou pas ? Globalement, tout est possible comme le prouvent les plans déjà effectués. À partir du moment où la réponse est positive, cela ouvre plein de perspectives. Avec ce "new" Enghien, on réfléchit à l’hippodrome du futur, ce qui est passionnant. Cet hippodrome serait forcément modulable, moderne et automatisé. L’objectif est d’avoir au début de l’été prochain l’éventail des choix possibles à soumettre à l’ensemble du Comité et du Conseil d’Administration.

 

QUESTIONS D'ACTUALITÉ

À propos du budget du PMU

Pourquoi les administrateurs de la SETF mandatés par leur Conseil d’Administration se sont-ils opposés au vote du budget 2025 du PMU ?
Jean-Pierre Barjon - Dans son plan stratégique présenté en 2022, l’équipe dirigeante du PMU prévoyait une croissance à l’horizon 2025 d’un milliard du chiffre d’affaires sous réserve d’obtenir de nouveaux jeux que le PMU n’a pas réussi à obtenir. Un an plus tard, le plan était modifié et prévoyait une croissance limitée à 500 M€. Cette année, on se retrouve à zéro. En l’espace de deux ans, la vision s’est complètement assombrie. C’est une des premières années en 2024 où le PMU n’a pas été mesure de tenir son budget. Ce n’est pas faute d’avoir alerté à ce sujet dès le début de l’année. Qui dit voter un budget dit accepter la philosophie et le résultat. Or, le budget 2025 entérinait pour la première fois avec une perte de marché online du PMU. Il était impossible, en accord avec l’intégralité du Conseil d’Administration de la SETF, de valider ces projections. Nous n’avons donc pas voté ce budget. En revanche, nous avons obtenu la mise en place d’audits sur tout (informatique, prévisions économiques et budgétaires, etc.), ce que l’ensemble des administrateurs a confirmé.

Politique et lobbying

Vous semblez avoir endossé un nouveau costume en 2024 : celui de politique. Quels nouveaux contacts ont été établis ? Avec quels objectifs ?
Il appartient aux sociétés-mères de mener des actions de lobbying, et pas seulement au PMU comme c'était le cas dernièrement. On a donc crée avec France Galop une task-force que j'appelle la "dream team" tant on travaille efficacement : elle est composée de Pierre Préaud et de Tanguy Courtois de la FNCH, ainsi que de conseillers en communication politique et une avocate brillante. Notre objectif ? Établir des contacts si possible privilégiés avec les députés, les sénateurs et les membres des ministères. On leur délivre principalement deux messages : tout d'abord le fait que nous sommes la première et la seule association agricole du secteur des jeux ; et, deuxièmement, la nécessité, dans le cadre du respect des équilibres des filières, de développer de nouveaux types de paris hippiques. Nous avons besoin des lois les autorisant.

 

Nous sommes la première et la seule association agricole du secteur des jeux


Justement quels sont ces nouveaux paris hippiques ? Quel niveau de nouveaux chiffre d'affaires ceux-ci pourraient-ils générer ?
Ils sont de différentes natures. L'important est de souligner qu'ils correspondent aux nouveaux modes de consommation online du pari, des jeunes et autres parieurs. À titre d'exemple, il faut savoir que 50% des paris sportifs sont réalisés en live. On doit s'adapter. Le live betting (qui consisterait à pouvoir parier en direct pendant plusieurs périodes de 30 secondes) ou les courses anonymisées sont des exemples de ce qu'il est possible de faire. Selon une fiscalité à part, le but serait de faire distribuer ces produits dans d'autres canaux de distribution comme les casinos, mais pas seulement ! Alors oui, il s'agit bien de potentiels nouveaux revenus pour la filière.

À propos de Tactical Landing

Quel bilan faites-vous du dossier Tactical Landing ?
Quand on a une vision, la difficulté est qu’elle soit adoptée. Cette vision paraissait chimérique il y a quatre mois. Aujourd’hui, elle est devenue un enthousiasme collectif. On a vu par le nombre d’inscriptions de juments (1.569) qu’il y avait une grande appétence de la part de nos éleveurs. Certains trouvaient qu’il fallait prendre plus de temps dans le processus mais maintenant que leurs juments ont été tirées au sort mardi, ils ne veulent pas échanger leur saillie 2025 contre 2026. On constate donc ce désir de se saisir d'une telle opportunité quand elle se présente à eux. On a juste rendu cela possible. On a montré le chemin. On a eu une opportunité inattendue et extraordinaire pour laquelle le Comité a voté à 80 % sur une période de deux ans. Pour autant, notre règlementation du livre généalogique ne bouge pas en dehors de ce cas précis. Maintenant, on est impatients de voir les résultats, mais il va falloir attendre.

"L'affaire Lovino Bello" (avec le concours de Guillaume Maupas)

La semaine dernière, le cas Lovino Bello, vainqueur du Prix Ready Cash (Groupe I) alors qu’il est interdit de courir en Italie pour un contrôle positif à l’acide tiludronique, a été au cœur de tous les débats dans l’Europe du trot. Après avoir évoqué, Jean-Pierre Barjon nous a déclaré : « Je ne suis pas habilité à parler de ce dossier », passant alors la parole à Guillaume Maupas. Le directeur des courses de la SETF et secrétaire de l’UET a d’abord rappelé l’enchaînement des faits (annonce du contrôle positif du prélèvement A en Italie / demande de précisions aux autorités italiennes / pas d’extension de la sanction demandée à l’UET / impossibilité juridique pour la SETF d’interdire de courir le 8 décembre / demande d'informations et réunion des membres du Conseil d’Administration de l’UET). S’en est suivie une polémique sur lesquels il revient.

24h au trot : Ce cas précis ne révèle-t-il pas un problème de fonctionnement au sein de l’UET ?
Guillaume Maupas - J’entends que certains puissent être choqués par la situation. C’est pourquoi j’ai dit à l’issue de la réunion des membres du Conseil d’Administration de l’UET vendredi dernier que, s’ils considéraient que les textes ne sont pas suffisamment précis ou s'ils sont incomplets, et que ce genre de situation n’est pas pris en compte par l’accord international de l’UET, il faut travailler sur ces textes. Nous avons une assemblée générale en janvier 2025 et il est encore temps d'y apporter des correctifs et poursuivre l'harmonisation. On a par ailleurs une réunion de la Commission technique de l’UET le 20 décembre pour présenter si nécessaire des modifications en janvier suivant.

24h au trot : La question de l’utilisation du Tildren en France se pose clairement, non ?
Guillaume Maupas - Je considère sûrement à la lumière de ce cas-là, et aussi de manière générale, qu’avoir une règlementation différente en France des autres grands pays européens organisant des courses au trot n’est pas une bonne chose. À partir du moment où l’on sait que des professionnels vont toujours plus facilement d’un pays à l’autre, ce n’est pas bon. On se devra nous de reposer très vite la question sur cette substance qu’est l’acide tiludronique. En 2021, la Commission du code, composée de professionnels, n’avait pas accepté la proposition qui lui était faite de s’aligner sur les autres pays européens, car il n’y avait pas de solution alternative à l’époque. Mais, bien évidemment, je me dois de reposer cette question sur le Tildren prochainement.


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