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Kalattine, une suissesse prête à conquérir l'Europe | LETROT
Grand Prix de l'UEt vendredi Paris-Vincennes

Kalattine, une suissesse prête à conquérir l'Europe

09/10/2024 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Le Grand Prix de l'UET (Gr.I) 2024 sera l'un des deux temps forts de la réunion de vendredi à Vincennes, l'autre étant l'UET Elite Circuit Finale (Gr.I). Comme chaque année, on retrouvera au sein de cette rencontre internationale pour 4 ans plusieurs premiers plans venus de différents horizons européens du trot. Koctel du Dain et Krack Time Atout répondent bien à cette définition pour la France, Epic Kronos pour la Suède et East Asia pour l'Italie. Tous sont des performers de Groupe I. La singularité de l'année est la tentative d'une ambitieuse candidate venue de Suisse. Kalattine a du talent et semble prête à sortir de sa neutralité helvétique pour devenir une grande d'Europe.
Kalattine Kalattine - © Scarlett Schär
Kalattine Kalattine : (2) 2ème et battue lors de sa qualification ! - © D.R.

Un mois plus tard, plus question de plaisanter. Là on attaque la compétition, la vraie, avec le Prix des Débutants sur le mile d’Avenches avec le boss au sulky. On aurait dû appeler cette course le Prix des Débutantes car il n’y a que des filles, dont une, Karla Des Thuyas, va se permettre de me prendre l’avantage à un kilomètre du but. Crime de lèse-majesté. Je la remets à l’ordre à l’entrée de la ligne droite en lui plaçant un uppercut avant de filer au poteau et de savourer ma première victoire. Et pour faire bonne mesure, mes deux copines viennent prendre les accessits. Rebelote six semaines plus tard dans le Critérium des 2 Ans avant de clore cette campagne initiale par une promenade de santé dans le Prix de Clôture.

J’attaque l’année de mes 3 ans la fleur au fusil en pulvérisant cette Karla des Thuyas qui s’était à nouveau mise en travers de mon chemin. Ensuite je m’amuse, collectionnant les victoires comme d’autres les perles. Et hop, le Prix d’Essai, le Critérium des 3 Ans et la Coupe des 3 Ans tombent dans mon escarcelle. Et ce sont souvent mes deux copines qui font le spectacle derrière moi. Le 10 novembre 2023, mon entourage est un peu tendu. Moi pas. Je défie les 4 et 5 ans indigènes dans le Prix de l’Elevage que ma maman avait gagné. Pour lui faire honneur, je ne fais qu’une bouchée de mes rivaux, les laissant à distance respectable. Bon, il faut dire que les 4 ans me rendaient 25 mètres et les 5 ans, le double. Année pleinement réussie et me voilà toujours invaincue après mes treize premières sorties publiques, toutes avec mon boss au sulky. Je suis fière de moi et lui de moi, évidemment.
Cinq gros mois sans compétition, c’est long pour une gagneuse comme moi. Mais c’est pour mon bien paraît-il. Mon entourage me dégote un bel engagement le 24 avril. Même si Keep And Go me donne une bonne réplique, je commence la saison 2024 comme j’avais terminé la précédente. Il ne faut pas perdre les bonnes habitudes. Je poursuis ma quête de petits bâtons face à mes contemporaines et contemporains qui n’en peuvent mais. Le 28 juin, on rigole moins dans l’écurie. Cette fois, je m’attaque aux "vieux tontons". Les "Bovay" tentent bien d’enrayer ma belle mécanique. Peine perdue et ils paument même le premier accessit, mon copain Iattix étant venu les "ramasser" pour finir. Test réussi avec mention bien. Je me suis même permise de faire mes mouvements habituels de la tête durant la course. Ma marque de fabrique en quelque sorte. Bon, maintenant, je pense que mon boss, qui est toujours assis à mon sulky, a compris. Je ne suis pas n’importe qui. Est-il vraiment convaincu que je suis exceptionnelle ? Attendons le Prix des Elites du 7 août face aux meilleurs 5 et 6 ans avec un départ à l’autostart. Là c’est du sérieux. Les visages sont tendus. On joue mon avenir. Je pars super bien. Mais c’est qui ce Nuzzle’em qui ose me contrer durant les 700 cents premiers mètres. Il ne me connaît pas, lui. J’arrive quand même à mes fins et, lancée comme je suis, je fonce, je fonce, sans bouger la tête, tellement ça décoiffe. J’écœure tous mes rivaux qui ne sont pourtant pas les premiers venus. Verdict du chrono : 1'12''1. Arrivé au cercle des vainqueurs, mon patron n’a que cette phrase à la bouche: "on y va". Mais on va où chef ? Et un mot pour me féliciter ? C’est trop dur. Non, mes fidèles accompagnants me chouchoutent, je le mérite bien. Puis mon boss dit : direction Paris. Il paraît que j’ai trotté presque aussi rapidement qu’Aubrion Du Gers dans le Prix du Président 2018, et même plus vite d’un dixième que Timoko classé deuxième du Grand Prix de l’UET sur ce parcours en 2011. Cela vous situe un homme, enfin une ballerine dans le cas présent.


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Direction donc Vincennes. Mais avant d’y aller, je poursuis ma préparation en fêtant mes 20ème et 21ème victoires. Faut pas se laisser aller. Mon entourage profite de cette fin d’été pour m’accoutumer aux voyages en me transportant en camion aux quatre coins du pays. Depuis mon arrivée à Avenches, je n’étais jamais sortie de chez moi. On m’habitue aussi à la lumière des projecteurs, en l’occurrence ceux du paddock de saut. Cela me fait bien rigoler et je prends tout ça à la légère, ils ont l’air tellement sérieux. Puis vient le grand jour. Tout se passe bien durant le trajet. Je fais la star sur la piste parisienne. Je bouge même ma tête dans la montée, l’air de dire à mon pilote "on ne va pas assez vite". C’est vrai ça, boss, je peux aller plus vite. Et même si ce satané Krack Time Atout vient mettre son nez devant le mien au passage du poteau, tout le monde est ravi. Cela s’est passé comme dans un rêve. Un rêve devenu réalité et je n’ai pas osé dire à mon entourage que je me suis réservée pour la finale. Mais ça c’est une autre histoire.
Kalattine

"Cela me fait bien rigoler et je prends tout ça à la légère, ils ont l’air tellement sérieux". -Kalattine
Kalattine - © Scarlett Schär Kalattine - © Scarlett Schär
Reportage sur Kalattine

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