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Derrière les sommets, comment se comporte le marché ? | LETROT
Les tendances du marché deauvillais

Derrière les sommets, comment se comporte le marché ?

30/08/2024 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Après avoir mis en lumière des lots qui ont généré des enchères élevées lors du jour 1 des ventes sélectionnées d’Arqana Trot, mercredi à Deauville, et avoir tout naturellement déroulé l’histoire du top historique signé par Nodessa Josselyn à 740.000 €, il est temps de balayer plus globalement le marché des ventes.
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©P.L - Province Courses ©P.L - Province Courses

Un taux de vendus similaire à 2023

Avec un taux de vendus de 64,3 % lors des deux premiers jours, on est en recul sur 2023, année de référence avec un format de vente identique et année record, qui affichait 68,0%. Si on soustrait des résultats les lots issus de Ready Cash et Face Time Bourbon, les deux locomotives qui poussent vers le haut les statistiques, on obtient un taux de vendus de 61,6 % lors des deux premiers jours.
On est par ailleurs en dessous, dans les deux cas, du standard des ventes de yearlings avant 2020 qui oscillait autour de la valeur pivot de 70 %. On peut parler d’un marché sélectif sur tous les segments. Un avis relayé par Marie Tourainne, (Haras d’Ecouché), numéro des vendeurs : "J’ai trouvé le marché très sélectif et sans concession, dans la continuité, il est vrai, des précédentes années. Notre taux de vendus par exemple (72 %) est un peu faible."
Il reste que le jour 3 (ce vendredi) a affiché un taux de vendus de 68 % permettant une conclusion sur l'ensemble des trois jours à 66,1 %, quasi similaire aux 67,0 % de 2023.
Des figures motrices discrètes en 2024
Derrière ce constat de taux de vendus pas vraiment satisfaisant, on peut remarquer l’absence ou la discrétion d’acheteurs "historiques" de ces ventes lors des deux premiers jours. Lucien Urano (Ecurie des Charmes), Joël Séché, Franck Leblanc, Jacques Cottel et Mickaël Cormy n’ont pas, ou pas autant, investi que lors des années précédentes.
Une activité étrangère plus forte que les précédentes années
Très actifs lors du jour 1 des ventes, dans la continuité de leurs actions dans la Select European Yearling Sale, les investisseurs étrangers ont tiré le marché vers le haut, comblant des "trous" d’acheteurs nationaux. Il faut citer ici le maltais Steve Farrugia, auteur du top price, Anders Ström (Courant AB), Gaetano Pezone, Bertel Maigaard, Jack de Jong, etc. Carine Romarie (Haras de la Paumardière) met ce point en exergue lors de son analyse du jour 1 : "Les 50 premiers lots ont été catastrophiques puis le marché a rebondi ensuite, réveillé par les investisseurs étrangers. Heureusement qu’ils étaient là. Le début a été poussif et la fin a été belle."
Des achats moins concentrés
Ci-dessous le nombre d’investisseurs ayant acheté 5 yearlings et plus, au cours des cinq dernières éditions de la vente. Un nombre qui, grossièrement, va nettement décroissant, au contraire du nombre de sujets vendus, ce qui suppose davantage d’acquéreurs différents.
2024 : 8
2023 : 11
2022 : 14
2021 : 16
2020 : 13

2024 : des marges corrélées au prix de vente

10.000 € en moyenne à l'actif de Ready Cash et Face Time Bourbon
Quel est impact des produits de Ready Cash et Face Time Bourbon sur le marché 2024 des jours 1 et 2 ? Pour faire court, leur présence génère presque 10.000 € de plus dans le prix moyen. Avec les deux sires, on est à un prix moyen de 40.500 € contre 31.252 € sans eux.
● 218 vendus avec Ready Cash et Face Time Bourbon
Prix moyen : 40.500 €
● 194 vendus sans Ready Cash et Face Time Bourbon
Prix moyen : 31.252 €
Un marché construit sur une pyramide
Les jours 1 et 2 des ventes deauvillaises ont généré un marché de vendus construit en pyramide, avec un sommet (à plus de 100.000 €) qui représente 4,6 % des ventes et une base (à moins de 20.000 €) qui réunit 41,8 % des lots vendus.
Qu’en est-il des marges dégagées entre le prix de saillie et le prix de vente ? Elles dépendent directement du niveau d’affaires auquel on se situe. Pour faire court, plus le plus de vente est élevé, plus le coefficient multiplicateur est élevé. Logique et rassurant mais ce constat par les données a le mérite d’être rappelé.
Prix >=100.000 € : 9 (4,6 % des vendus)
Prix moyen de vente : 123.444 €
Prix moyen de saillie : 13.778 €
→ Coefficient multiplicateur : 8,96
50.000 € <= Prix < 100.000 € : 29 (14,9 % des vendus)
Prix moyen de vente : 65.241 €
Prix moyen de saillie : 11.414 €
→ Coefficient multiplicateur : 5,72
20.000 € <= Prix < 50.000 € : 75 (38,7 % des vendus)
Prix moyen de vente : 28.067 €
Prix moyen de saillie : 9.765 €
→ Coefficient multiplicateur : 2,87
Prix < 20.000 € : 81 (41,8 % des vendus)
Prix moyen de vente : 11.790 €
Prix moyen de saillie : 7.912 €
→ Coefficient multiplicateur : 1,49
Florent Fonteyne - ©P.L - Province Courses Florent Fonteyne - ©P.L - Province Courses

Renouvellement de clients pour Florent Fonteyne

Top acheteur des ventes (dans le tableau des acheteurs de plusieurs lots, excluant la transaction du top à 740.000 €, seule enregistrée par Vincent Martens), Florent Fonteyne a signé 11 bons pour 627.000 €.
Le courtier nous partage son bilan : "Le marché s'est bien tenu et c'est plutôt une bonne nouvelle. J'ai longuement préparé ces ventes, préférant en faire une priorité par rapport au galop car j'avais beaucoup de demandes de clients pour acheter des yearlings. Toutes les ventes de yearlings qui viennent de s'enchaîner étaient un peu l'objectif de l'année. Des dossiers n'ont pas abouti. J'ai notamment été battu par Hunter Valley sur un fils de Carat Williams (Nearco de Vandel, lot 53) présenté par la Tour de Vandel que j'avais vu deux fois lors de l'hiver et qui me plaisait beaucoup. Par contre, j'ai eu un vrai coup de cœur pour Niaouli de Wallis que j'avais revu à Ecouché dix jours avant la vente. Ce jour-là, il avait plu la veille et la piste était très profonde et c'est le seul poulain qui était au trot en présentation. Il y a évidemment la déception par rapport à la fille de Bélina Josselyn mais c'est la loi des ventes et le business."
Au sujet de sa clientèle 2024, le courtier complète : "J'ai une année riche en nouveaux clients, de l'ordre de 50 %. J'aime mettre en place des associations de propriétaires pour partager des moments ensemble. Le meilleur argument pour convaincre de nouveaux clients est de montrer que l'on gagne des courses. La vérité est le poteau d'arrivée. Et pour ma part, je compte 109 gagnants depuis le début d'année, galop et trot confondus. C'est ma meilleure publicité."

Un format qui satisfait Hugues Rousseau

À l'heure du bilan d'une édition 2024 qui fait jeu égal avec l'édition record de 2023 (10.516.500 € contre 10.538.000 €), Hugues Rousseau, directeur général d'Arqana Trot, revient sur le succès du format mis en place l'an dernier : "J'ai beaucoup apprécié le niveau d'activité similaire entre le jeudi et le vendredi, les jours 2 et 3 de nos ventes. Cela montre bien que le format que nous avons instauré depuis deux ans semble prendre ses marques."

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