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Deux Groupes 1, deux ambiances | LETROT
Les temps forts du week-end

Deux Groupes 1, deux ambiances

22/09/2023 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
À quelques heures d'intervalle et quelques centaines de kilomètres de distance, deux des trois Groupes 1 du week-end en Europe seront largement sous influence tricolore. Samedi, à Mons, le Grand Prix de Wallonie (Gr.1) devra trouver un successeur à Etonnant. Diable de Vauvert, Go On Boy, Elie de Beaufour et Hussard du Landret sont quatre ambassadeurs nationaux terriblement crédibles. Dimanche, le Prix des Elites (Gr.1) est un pur volet du classicisme à la Française. Une partie des meilleurs 4 ans rivalisera en piste dans la discipline de l'Etrier. C'est Jean Balthazar qui aura ici les honneurs des attentes maximales.
Diable de Vauvert et Jean Balthazar © ScoopDyga/Aprh - Diable de Vauvert et Jean Balthazar

Une armada française une nouvelle fois très forte
La continuité est en marche en 2023. La relation intime des trotteurs français avec la grande épreuve belge se poursuit. L'armada tricolore semble même plus conquérante que jamais. Le quatuor majeur qui la compose a pour noms Diable de Vauvert (Prince d'Espace), Hussard du Landret (Bird Parker), Go On Boy (Password) et Elie de Beaufour (Royal Dream). Les deux premiers sont des vainqueurs de Groupe 1 qui montent en puissance avec le meeting d'hiver parisien en tête. Ils ne laisseront pas passer une occasion d'enrichir un peu plus leur palmarès. Quant à Go On Boy qui cherche désespérément le grand titre qui lui manque encore, alors qu'il a déjà battu à la régulière un performer de la trempe de Vivid Wise As (Yankee Glide), l'occasion est belle ce samedi. Plus lent que d'autres dans sa mise en jambes, il devrait apprécier le fait d'évoluer sur la distance à 2.840 mètres. Ce participant assidu à l'UET Elite Circuit 2023 (il prend part à sa 6e épreuve du circuit à Mons) a déjà comme objectif désigné la finale le 14 octobre à Solvalla. Il est certain d'être sur la grille de départ mais peut, avant, frapper fort dans ce qui sera également, samedi, la 15e et dernière étape dudit circuit européen.

Elie de Beaufour, l'un de nos meilleurs hongres, se déplace pour la première fois à l'étranger à 9 ans, et participera à son premier Groupe 1. À lui de réactualiser la longue histoire des hongres français avec l'épreuve [lire plus avant]. Parmi les autres hongres français de talent au départ, il ne faut pas sous-estimer Eclat de Gloire (Tiégo d'Etang) et Cash du Rib (Ready Cash). Les deux viennent de montrer une condition exemplaire. Pour eux aussi, il s'agira d'une première dans le tableau Groupe 1.


Quatre vainqueurs de Groupe 1 au départ
Outre Diable de Vauvert et Hussard du Landret, déjà évoqués, l'épreuve comptera dans ses rangs deux autres vainqueurs au plus haut niveau : le trotteur norvégien Stoletheshow (Dream Vacation) et le français exilé aux Pays-Bas Hadès de Vandel (Ganymède). Chacun s'est signalé dans l'UET Elite Circuit 2023 et est d'ailleurs un vainqueur d'étape. Stoletheshow a remporté la Finlandia-Ajo (Gr.1) à Vermo en mai et Hadès de Vandel le Grand Prix d'Oslo (Gr.1) en juin à Bjerke.

Bold Eagle - © ScoopDyga Bold Eagle - © ScoopDyga


Prix des Elites – D’hier à aujourd’hui : Des élites qui ont changé de cap.

Pendant soixante-dix ans, de 1951 à 2021, le Prix des Elites (Groupe 1) a été la course poursuite de l’été dans la discipline du trot monté, opposant chevaux de 3, 4 et 5 ans, tout en accordant cinquante mètres d’avance aux plus jeunes d’entre eux. La refonte du programme classique a fait que la course a changé de visage en 2022, n’étant plus dédiée qu’aux seuls 4 ans, à départ égal, aux 2.175 mètres. Intuition en a été la première lauréate dans ce nouveau contexte.

Or, Intuition (Brillantissime) ne dépare pas le palmarès de ce grand classique (créé, en fait, en 1943, mais couru, alors, au cœur de l’hiver, avant d’être transféré, huit ans plus tard, au sein du meeting d’été), s’y étant brillamment imposée, quelque trois mois après son sacre dans le Prix du Président de la République (Groupe 1). Ce faisant, elle signait même, en 1’10’’8, le nouveau "chrono" record pour un 4 ans sous la selle.

De records en records

Le record général de la course est détenu, quant à lui, par Girly Béco (Tiégo d’Etang), la lauréate de 2022, qui a fait afficher 1’10’’5, à l’âge de 5 ans, sur 2.200 mètres, brûlant la priorité, d’un souffle, à Feeling Cash, vainqueur, l’année précédente, au même âge, en 1’10’’6. Mais c’était dans l’autre configuration, celle de la poursuite, et cela change, évidemment, la donne, ce type de compétition, où les cadets, avantagés de cinquante mètres, servent de lièvres à leurs aînés, favorisant l’exploit chronométrique. C’est vrai dans les deux sens, du reste, les 3 ans eux-mêmes se surpassant pour ne pas être rejoints. Ainsi, lors de son succès de 2009, Scipion du Goutier (Goetmals Wood), qui s’élançait en première ligne, fut-il crédité d’un exceptionnel 1’11’’9, sur 2.150 mètres. C’était du temps où les 3 ans avaient encore le droit d’être déferrés, mais lui, précisément, ne l’était pas… Dès lors que le déferrage n’a plus été autorisé, pour les plus jeunes, c’est Booster Winner (Love You) qui est à créditer du meilleur temps, ayant vaincu en 1’12’’5 dans l’édition 2014 de la compétition.

Les doublés de Bellino II et de Courlis du Pont

Il va de soi que l’histoire de la course est jalonnée de hauts faits. Le doublé y a été réalisé à deux reprises, par le crack Bellino II (Boum III), en 1971 et en 1972, et, deux décennies plus tard, par le champion Courlis du Pont (Opus Dei), en 1994 et en 1995. Tous deux l’ont réussi en tant qu’aînés, à 4 et 5 ans, mais, à la différence, de Bellino II, Courlis du Pont n’a pas eu à rendre les cinquante mètres imposés aux plus âgés, faute de candidatures dans les rangs des 3 ans ces deux étés-là. Il ne s’en est pas moins, à l’époque, approprié le record de l’épreuve, trottant le kilomètre en 1’15’’3, lors du second de ses succès, après l’avoir égalé, l’année précédente, en 1’16’’5. Ce record ne tiendra pas longtemps, toutefois, étant battu, de peu, par Express Road, en 1997, sur le pied de 1’15’’2, puis pulvérisé, deux ans plus tard, par Golf du Pommeau, qui fit afficher 1’13’’9.

Fandango, toujours plus haut

Il y a mieux encore, cependant, que l’exploit réalisé par Bellino II et Courlis du Pont. Dans la première partie des années 1950, en effet, un certain Fandango (Loudéac) a réussi la gageure de remporter la course trois fois consécutivement, gagnant au premier poteau, à 3 ans, en 1952, puis au second, à 4 et 5 ans, en 1953 et 1954. Ce n’est pas pour rien que Fandango demeure considéré comme le plus grand trotteur monté de tous les temps. Ce triplé dans le Prix des Elites s’inscrit dans l’exceptionnelle série de trente-huit victoires successives signées par l’élève d’Alphonse Martineau dans la spécialité. Du jamais vu, que ce soit avant ou après lui. De la sorte, Fandango gagna absolument tous les classiques montés du programme, auxquels s’ajoutent deux Prix de Cornulier (Groupe 1). A son affaire dans les tournois poursuites, il compte à son actif non seulement trois Prix des Elites, mais deux Prix des Centaures (Groupe 1), le pendant hivernal de la course qui nous occupe. En vertu de quoi, "the rest is history", selon l’une des expressions favorites de nos voisins britanniques (N.D.L.R. : le reste appartient à l’histoire).

De pères en fils et en filles
Sauf erreur ou omission, aucun des vainqueurs du Prix des Elites, au cours de ce dernier demi-siècle, soit la période allant de 1973 à 2022, n’a ensuite lui-même engendré un gagnant de la course. En revanche, plusieurs de ceux-ci sont nés des œuvres d’étalons dont le nom est préalablement inscrit au palmarès du championnat : lauréate en 1974, Dinès P est une fille de Seddouk, vainqueur en 1966 ; gagnant en 1976, Flamenco est un fils de Fandango, auteur du triplé en 1952, 1953 et 1954 ; héroïne de l’édition 1977, Guéridia est une fille de Quérido II, le lauréat de 1965 ; et Opérigo, à l’honneur en 1983, est un fils de Valmont, le vainqueur de 1970.

Etalons : la palme à Goetmals Wood
Parmi les treize prétendants au titre, en 2023, deux sont issus d’étalons ayant, en leur temps, disputé l’arrivée de la course. Il s’agit de Jean Balthazar, fils d’Alto de Viette, deuxième de Cocktail Meslois, en 2015, et de Je m’Envole, fils de Joyau d’Amour, troisième de Jirella et de Léda d’Occagnes, en 2002. Il y a également, au départ, quatre produits de géniteurs ayant déjà procuré au moins un vainqueur de l’épreuve. Jingle Délo est, ainsi, par Brillantissime, le père d’Intuition, lauréate en 2022. Jaguar du Goutier est par Ready Cash, d’où Feeling Cash, le vainqueur de 2020. Jasmine Gédé est par Roc Meslois, auteur de Cocktail Meslois, à l’honneur en 2015. J’Adore, enfin, est par Goetmals Wood, auquel on doit trois gagnants de ce Prix des Elites, soit Miss Castelle, en 2004, Scipion du Goutier, en 2009, et Anastasia Fella, en 2013. Depuis un demi-siècle, c’est là, d’ailleurs, le meilleur score d’un étalon dans la compétition, la place de dauphin revenant, conjointement, avec deux victoires, à Chambon P, par l’entremise de Jeune Orange, en 1978, puis de Potin d’Amour, en 1986, à Ignifuge, par le truchement de Quel Soro, en 1987, et d’Uthman, en 1991, à Opus Dei, via Courlis du Pont, en 1994 et en 1995, et à Saxo de Vandel, par l’intermédiaire de Dollar Macker, en 2016, et de Flèche Bourbon, en 2019


Toutes les lignes pointent vers Jean Balthazar
Que ce soit la ligne classique du Prix du Président de la République (Gr.1), dont il est le meilleur protagoniste en lice dimanche (3e), ou les dernières épreuves distputées, Jean Balthazar (Alto de Viette) arrive en tête sur tous les tableaux. Sa domination dans le récent Prix Camille de Wazières (Gr.2) laisse peu de doute sur sa supériorité actuelle. Entraîneur de Jingle Cash (Brillantissime), Jean-Philippe Raffegeau le reconnaît : "Il y a un épouvantail avec Jean Balthazar mais les places sont belles." Au sujet de son représentant, il nous apprend : "Il sera sur sa distance de prédilection avec le départ en descente car il possède beaucoup de vitesse mais aussi de la tenue. Il était trop frais lors de sa rentrée à l'attelé, est parti au galop puis a trop tiré. Du coup, j'ai accentué le travail et l'ai sorti en début de semaine sur l'hippodrome de Laval. J'ai aussi procédé à de nouveaux réglages avec Anthony (Barrier, son jockey)." Voilà de quoi placer Jingle Délo dans les rangs des challengers ambitieux, comme beaucoup d'autres.


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