Un niveau jamais atteint à plus de 10,5 millions €

Millésime Être, le "ouf" du Haras de l'Être

Habitué du haut du classement des vendeurs/consigners, le Haras de l'Être a été en souffrance lors de cette édition 2023. "Seulement" dixième sur l'ensemble des trois jours (12 vendus pour 347.000 €), la structure d'Alain et Tiphaine Thébault a signé le top du jour 3 grâce à Millésime Être (Helgafell) (lot 450), un produit de leur élevage personnel. Acheté 62.000 € par Thierry Duvaldestin pour le compte de l'Ecurie du Haras des Quatre Vents, le poulain intègre donc une grande maison.
Cette vente revêt un caractère particulier, celui du soulagement en toute fin de vente pour Alain Thébault, lequel est revenu pour nous sur l'histoire de son poulain : "On avait eu de la chance de préparer Helgafell pour les ventes, lors de notre édition record de 2018. Philippe Allaire l'avait acheté pour 30.000 €. Helgafell est un cheval de cœur pour nous. Son choix comme père de Millésime Être découle de notre relation avec lui. Le croisement avec Diane du Noyer (Saxo de Vandel) correspondait bien à l'étalon avec les présences de Saxo de Vandel et Elvis de Rossignol, des sangs différents et nouveaux par rapport à Goetmals Wood et Love You par exemple. Le premier produit de Diane du Noyer, Kross Fingers (Express Jet), vient de gagner à Pornichet. Le 2 ans, Libre de l'Être (Feeling Cash), devrait se qualifier durant l'automne. Millésime est aussi un cheval de cœur. Poulain, il sortait de l'ordinaire et on retrouve d'ailleurs énormément de son père avec beaucoup de puissance et d'énergie et aussi un côté hyper actif tout en étant super bien dans sa tête. Le poulain avait été vu à la maison par beaucoup de gens et avait plu. Nous nous étions fixés le seuil de 30.000 €, le vendre 62.000 € est donc une grande satisfaction. On a élevé Millésime Être, ce sont mes filles qui s'en sont occupé et on était tous amoureux du poulain."

Alain Chavatte, en acteur avisé

Accoudé le long du rond de l'établissement Élie de Brignac en ce troisième jour de ventes de yearlings à Deauville, Alain Chavatte est un observateur très attentif tout en restant discret comme à son habitude. "Il a un regard avisé et reste concentre sur ses objectifs", note à ses côtés Gilles Goasdoué, l'un de ses propriétaires. Depuis le début de cette dernière session deauvillaise, l'entraîneur originaire installé en Mayenne depuis plusieurs saisons a signé trois bons d'achat pour un total de 81.000 €. Il a notamment été le dernier enchérisseur sur le lot 367 Marvela du Dudy (Prodigious) pour 37.000 €. "C'est une pouliche que j'aime vraiment bien. On a exploité sa mère, Elva du Dudy, qui était une bonne jument avant de devoir malheureusement stopper précocement sa carrière. La pouliche n'est pas très grande mais sa mère ne l'était pas non plus. En règle générale, j'aime bien les produits issus de souches un peu dures de Trotteurs Français avec des étalons standarbreds. C'est le cas de cette pouliche", note Alain Chavatte, fidèle des ventes où il connaît une réussite certaine, à Deauville comme à Caen. "On achète entre quatre et six chevaux aux ventes chaque année pour renouveler l'effectif, précise-t-il, en fonction aussi des demandes des clients." Mais cette enchère à 37.000 € fait partie de la fourchette haute de ses achats, toujours en concertation avec son fils Arnaud même quand ce dernier est à distance comme ce vendredi. "Je n'ai jamais été au-dessus de 40.000 €, nous apprend-il. Je veux rester dans des tarifs qui permettent de s'en sortir si, jamais, le produit se révèle moyen. C'est la raison pour laquelle je n'ai rien acheté mercredi et jeudi où les tarifs étaient trop élevés pour les budgets que j'avais."

C'est un ensemble de raisons que pointe Hugues Rousseau, le directeur général d'Arqana trot au moment du bilan : "Il y a de réels motifs de satisfaction. Tout d'abord le chiffre d'affaires qui progresse de 10 %. Les pourcentages de vendus ont été satisfaisants mercredi et jeudi. Le marché s'est bien maintenu ce vendredi d'autant qu'il est difficile d'avoir les professionnels disponibles durant trois jours. Les résultats satisfaisants de ces ventes sont aussi la résultante du travail entrepris par l'institution en maintenant l'attractivité des courses françaises et sa place sur la scène internationale. Enfin, je tiens à souligner l'excellent travail réalisé par les présentateurs (consigners) avec des chevaux superbement présentés, félicitations à eux."
Au global, avec une offre revue à la baisse sur 2022 (472 présentés contre 505), le chiffre d'affaires grimpe de 12 % et le prix moyen de 25 % (33.674 € versus 26.960 €). Voilà les deux indices éloquents d'une montée en gamme dès lors que la sélectivité imposée par les acheteurs a laissé un tiers des lots sans acquéreur (33,7 % d'invendus). C'est plus que l'an dernier (30,9 % d'invendus). Lors des huit dernières années, depuis 2016, seule l'édition de 2019 a affiché un taux d'invendus supérieur.

La refonte du format de la vente, introduisant une session d'ouverture plus sélective, avant de proposer ensuite l'offre d'une forme de second marché - en incluant les produits des jeunes étalons - se solde donc en succès. Mais elle ne cache pas non plus la difficile résistance du marché intermédiaire qui a souffert ce vendredi, la faute notamment à une affluence sensiblement moins importante que lors des deux premiers jours. Il faut dire que le programme de courses du jour proposait des réunions à Laval et Vincennes. Certains professionnels, avec leur casquette d'acheteur potentiel, ont pu faire le choix des pistes des hippodromes.
 

Le Haras d'Ecouché, inamovible numéro un

Pour la cinquième année consécutive, le Haras d'Ecouché de Marie Touraine et Nicolas Menand termine à la première place du classement des vendeurs à l'issue des ventes de yearlings de Deauville, avec plus de 2,6 M€ (soit une moyenne de 72.916 €) dont les deux top prices. "C'est le fruit d'un travail de confiance depuis plusieurs années avec nos clients, vendeurs et acheteurs. Nous avons aussi la chance d'avoir une équipe fidèle qui a su progresser. On a tous progressé", debriefe Marie Touraine qui peut se satisfaire évidemment aussi des 90 % de vendus. Le Haras d'Ecouché devance l'Elevage Madrik d'Emmanuel Leclerc et le Haras d'Atalante de Jean-Charles Fortin.

Philippe Allaire, premier acheteur

En signant les deux bons d'achats des top prices lors de la première session de mercredi, respectivement à 250.000 € et 240.000 €, Philippe Allaire est le numéro un des acheteurs de cette édition 2023. Le courtier Florent Fonteyne (Trotting Bloodstock), qui s'est fait adjuger 11 yearlings, complète le podium avec Mickaël Cormy, toujours aussi actif lui aussi lors de ces ventes de yearlings.