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Mathieu Mottier, les 6ème et 7ème vitesses | LETROT
INTERVIEW

Mathieu Mottier, les 6ème et 7ème vitesses

23/01/2025 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Comme un prolongement d'une année 2024 exceptionnelle, au cours de laquelle il a totalement changé de multi-dimension, Mathieu Mottier fait coup double dans le Prix d'Amérique Legend Race 2025 en présentant non pas son premier partant mais ses deux premiers partants dans la course reine : Keep Going (Follow You) et Fakir de Mahey (Reve de Beylev). Étrier d'Or la saison passée, il a aussi passé le cap des 100 victoires pour son entraînement. Il est également le pilote le plus en vue durant ce meeting d'hiver avec Éric Raffin. En début d'une semaine d'Amérique, nous avons rencontré un jeune professionnel concentré et déterminé.
Mathieu MottierMathieu Mottier - ©Aprh

24h au trot : Considérez-vous avoir changé de dimension en 2024 ?
Mathieu Mottier : Non, pas vraiment. L’année 2023 était déjà très bonne et, en toute honnêteté, je n’ai pas l’impression d’avoir changé beaucoup de choses. C’est juste la qualité de l’effectif qui s’est améliorée. Je M'envole (Joyau D'amour) m’avait déjà apporté une victoire classique dans le Prix des Élites en septembre 2023 et c’est vrai que cette année a été incroyable au plus haut niveau. Keep Going (Follow You) m’a permis de signer une première victoire classique à l’attelé, comme entraîneur, avec le Critérium des 4 Ans. Cela s’est bien enchaîné avec le succès de Little Orelie (Feeling Cash) à Caen dans le Saint-Léger des Trotteurs et le Critérium Continental-Amérique Races Q3, fin décembre, de Keep Going.

Cela a donné une autre dynamique à l’écurie ?
Forcément, les bons chevaux tirent un peu l’écurie vers le haut. Cela nous amène une confiance supplémentaire et souvent d’autres bons éléments. Il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers, même si ce n’est pas dans ma nature. Il faut rester vigilant. De toute façon, c’est un métier qui nous rappelle rapidement que rien n’est acquis. C’est très bien d’avoir des bons chevaux, mais il y en a plus qui sont ordinaires et auxquels il faut réussir à tirer la quintessence.

Quel rapport avez-vous avec l'exigence du haut niveau ?
Il faut toujours chercher à s’améliorer. Nous voulons toujours plus sans que cela devienne un défaut. Il y aura toujours mieux ailleurs, donc il faut donner le maximum. C’est une remise en question constante. Je ne pense pas être trop perfectionniste, mais il y a des moments où je relativise et je me dis de rester calme et essayer de ne pas me prendre la tête pour des futilités. Ce métier est exigeant et je ne peux pas tout contrôler avec une écurie de plus de 75 chevaux.


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Vous serez pour la première fois présent au départ du Prix d’Amérique avec deux chevaux de votre écurie, vous ne faites pas les choses à moitié !
Fakir De Mahey (Reve De Beylev) a été le premier à se qualifier dans le Prix du Bourbonnais-Amérique Races Q2. Il était vraiment resplendissant et ne bénéficiait pas de courses fermées. Nous sommes allés devant avec beaucoup de ressources et son courage nous a permis de décrocher notre ticket. Cette 4ème place était synonyme de victoire et c’est avec plaisir que nous répondons favorablement à l’invitation. À son âge, cela ne se refuse pas ! Pour Keep Going On, il fallait passer par une victoire dans le "Continental" qui était déjà un objectif. Il a été parfait ce jour-là et le voilà aussi sur les rangs. Nous avions le choix entre le Prix Bold Eagle la veille et le Prix d’Amérique. Nous avons choisi la Legend Race.

Quelles sont les prétentions de Keep Going ?
En plus de sa qualité, Keep Going est assez véloce et a de la maniabilité, ce qui est très important dans l’épreuve reine. La facilité aurait été de disputer le Prix Bold Eagle sans être certain de le gagner, donc nous voilà dimanche comme challenger, avec beaucoup de plaisir d’être au départ. Je le pense capable d’affronter les meilleurs chevaux d’âge avec une chance. Nous verrons le résultat. Je ne sais pas s’il sera meilleur dans un an et de quoi l’avenir sera fait, mais c’est un cheval en qui j’ai confiance.

Et celles de Fakir de Mahey ?
Ils ont tous les deux un profil différent. Keep Going est déjà classique quant à "Fakir", il a prouvé sa qualité et sa dureté depuis plusieurs saisons. Les années passent et il tient la pleine forme. Nous avions tenté le Prix de Paris l’hiver dernier et cela ne s’était pas bien mis. Je pense qu’il a plus le profil d’un Prix de Paris qu’un Prix d’Amérique, mais il a sa place et peu importe son résultat, cela lui sera profitable pour le marathon de fin d’hiver. En tous les cas, il est vraiment en pleine forme.


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Pourquoi le choix de David Békaert pour le protégé de Michel Soulas ?
Nous avons décidé d’un commun accord avec Michel Soulas d’appeler David Békaert pour le driver. Il connaît le cheval pour l’avoir drivé à deux reprises et fait partie des meilleurs pilotes en activité. Même s’il drive principalement dans le Sud-Est, il prouve à chacune de ses venues parisiennes qu’il a sa place. Il est dans le top 5 des pilotes depuis de nombreuses saisons et saura donner le meilleur parcours à "Fakir".

"Cette épreuve me paraissait inaccessible il y a encore quelques semaines." Mathieu Mottier

Dès lors, comment abordez-vous ce Prix d’Amérique Legend Race ?
Cette épreuve me paraissait inaccessible il y a encore quelques semaines. J’ai un beau palmarès et je gagne des courses régulièrement, mais j’avais l’impression que le Prix d’Amérique était encore un niveau au-dessus du mien. Finalement, cette année, j’y serai comme driver avec deux représentants de mon écurie. C’est déjà une grande satisfaction. Maintenant, il ne faut pas juste faire le défilé, il faut y aller pour performer. Je souhaite une course limpide et surtout de ne pas avoir de regrets à la fin. Mes chevaux sont en forme et je suis serein quelques jours avant cette course mythique.

Vous avez vécu deux situations très différentes lors des succès de Groupe I de Keep Going ces derniers mois...
Franchement, j’ai assez bien vécu de voir Keep Going s’imposer depuis les tribunes dans le Critérium des 4 Ans. Mes 23 jours de mise à pied n’ont pas été une corvée et c’était même plutôt agréable. Je dis tout le temps que, si je devais choisir, je serais exclusivement entraîneur. Je savais que mon cheval était en pleine forme pour le Critérium et nous avions Éric Raffin avec nous. J’ai apprécié le spectacle des tribunes. Je ne vous cache pas que j’ai également apprécié de lui être associé dans le Critérium Continental. J’ai toujours mon côté compétiteur (rires). Ce sont deux émotions différentes et particulières, mais ces deux évènements ont été très plaisants.

Vous connaîtrez mieux un adversaire que les autres : Justin Bold que vous avez qualifié.
Effectivement. Je n’étais pas prévu au sulky de Justin Bold (Bold Eagle), mais Pierre-Yves (Verva) étant retenu sur Emeraude De Bais (Repeat Love), j’ai accepté l’intérim avec plaisir. Il a réalisé une très belle valeur ce jour-là et je suis très heureux pour son entourage de le voir au départ de la "belle".


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Comment vont vous servir vos deux expériences dans des Prix d'Amérique antérieurs ?
J’ai eu l’occasion de prendre le départ de cette course à deux reprises sans pression. J’ai pris du plaisir l’année dernière avec Italiano Vero (Ready Cash) en terminant à la cinquième place. J’ai un peu d’expérience dans cette épreuve et cela me sera profitable dimanche. C’est la seule course où il règne un silence absolu dans les aires de départ malgré la folle ambiance sur l’hippodrome. L’ensemble des drivers est concentré sur sa course dès l’entrée en piste, ce qui en fait une des courses les plus difficiles.

Quels sont vos souvenirs personnels du Prix d’Amérique ?
J’ai commencé à m’intéresser aux courses et admirer les champions à l’époque de Varenne (Waikiki Beach), Jag De Bellouet (Viking's Way) et General Du Pommeau (Sebrazac). J’avais l’impression qu’ils étaient imbattables, c’était incroyable ! Ces dernières années, j’ai retrouvé cela avec Bold Eagle (Ready Cash). Il était tellement au-dessus des autres que rien ne pouvait l’atteindre. Cette année, c'est différent, il n’y a pas un cheval dans cette position. Nous avons un beau plateau et le fait de qualifier les quatre premiers des "B" ouvre les portes aux chevaux du moment en pleine forme. Cela donne une nouvelle dynamique très intéressante.


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