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Les Wind ont le vent en poupe | LETROT
RENCONTRE AVEC L'HOMME DES 4 VENTS

Les Wind ont le vent en poupe

06/07/2023 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
La casaque bleue et blanche constellée d’étoiles de l’Ecurie du Haras des Quatre Vents fait feu de tout bois. Elle s’est imposée coup sur coup à Vincennes, le 30 juin, avec Guerrière Wind et à Enghien, le lendemain, grâce à Elixir Wind. Le fondateur et grand timonier de l’Ecurie s’appelle François Van de Woestyne. Rencontre avec un passionné
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Changement de stratégie depuis quatre ans
Conçue dans un esprit d’écurie intégrée, allant de l’élevage à l’exploitation en courses de ses propres produits, l’Ecurie du Haras des Quatre Vents a changé de modèle en 2019. Une conséquence du départ de l’homme alors en charge de l’entraînement. François Van de Woestyne explique : "Philippe Forget a travaillé très longtemps au sein de notre écurie où nous réalisions tout de A à Z. En 2019, il a souhaité mettre fin à notre collaboration. Cela a été un élément déclencheur dans notre stratégie. Nous avons gardé l’élevage, le débourrage, ainsi que le pré-entraînement jusqu’aux qualifications, mais il était temps de dispatcher nos chevaux à courir chez différents entraîneurs. Nous nous concertons avec Xavier Réveillon, notre homme de confiance, sur les différentes options pour les chevaux. En fonction de leur profil, nous essayons de les envoyer chez l’entraîneur qui nous semble le mieux adapté. Le nombre de succès a fortement augmenté depuis que nous avons opté pour cette organisation. C’est avec plaisir qu’ils reviennent à la maison lors des vacances ou de leurs périodes de convalescence."

Un pool d’entraîneurs soigneusement sélectionnés
La collaboration avec une petite dizaine d’entraîneurs exige un important travail de suivi. Pour chacun, il existe une histoire. En voici quelques-unes que l’animateur de l’Ecurie du Haras des Quatre Vents nous partage : "J’avais déjà des affinités avec certaines personnes comme Franck Nivard qui avait régulièrement été associé à nos chevaux. Je lui ai rapidement proposé Furious Wind (Kepler) et Guerrière Wind (Bird Parker). Cette dernière, que nous pensions très moyenne, vient de s’imposer à Vincennes ! Thierry Duvaldestin avait aussi été associé à ma casaque par le passé et je souhaitais travailler avec lui. Charley Mottier s’était imposé comme jockey avec Elixir Wind (Nahar de Béval) au monté en 2018 alors qu’il était au tout début de son installation. C’est avec plaisir qu’il l’a pris à l’entraînement. Jean-Philippe Monclin a également de la réussite avec nos élèves comme avec l’invaincue, en trois sorties, Kassandra Wind (Sam Bourbon), pour ne citer qu’elle."

Une réussite constante
Le bilan chiffré de l’Ecurie du Haras des Quatre Vents est d’une remarquable constance, saison après saison. La réussite de ses représentants sur le podium dépasse désormais la barre des 40 %. François Van de Woestyne nous livre son analyse : "Cela fait trois ou quatre ans que nous avons une réussite constante. Avec 26 victoires sur le premier semestre (corrigée à 28 au 2 juillet), nous sommes un peu en avance sur les dernières années. Malheureusement, nous n’avons pas le grand crack, mais nous avons un vivier de chevaux de bonnes catégories. Jack Tonic (Charly du Noyer), Hello Sport (Albéric) et Elixir Wind (Nahar de Béval) permettent à l’écurie d’avoir un bon ratio et d’afficher un pourcentage de réussite très intéressant."

La réussite (sur le podium) depuis 2019 :

  • 2019 - 36,2% / 36 vict. en 185 partants (18 chevaux)
  • 2020 - 38,7% / 31 vict. en 168 partants (21 chevaux)
  • 2021 - 34,3% / 38 vict. en 213 partants (29 chevaux)
  • 2022 - 41,4%/ 42 vict. en 222 partants (32 chevaux)
  • 1er semestre 2023 - 44,2% / 26 vict. en 95 partants (24 chevaux

 

Mon rêve est d’élever un ou une gagnant(e) de Groupe 1 - François Van de Woestyne

 

 

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DU CÔTÉ DE L’ELEVAGE : NE PAS METTRE TOUS SES ŒUFS DANS UNE SEULE SOUCHE

La passion de l’élevage est comme chevillée aux propos de François Van de Woestyne. L’éleveur cible des descendantes de grandes souches dans ses recrutements, avec la volonté de diversifier ses origines : "D’abord, je suis devenu un vrai passionné d’élevage. Dans ma logique, je ne voulais pas m’appuyer sur une seule souche et j’ai essayé d’élargir le spectre de mes achats à partir de cinq ou six très bonnes souches. Au fil du temps, nous allons resserrer avec les différents résultats. Je me suis rapidement fait une liste avec celles qui m’attiraient. Depuis quatre ou cinq ans, j’ai pu investir dans plusieurs grandes lignées comme celle de Dimitria (Mario), à l’origine de la grande famille des Bourbon. J’ai aussi la sœur de Love You (Coktail Jet). Avec Thierry Duvaldestin, nous avons investi dans Icône d’Atout (Prodigious), la sœur d’Eridan (Ready Cash) et de Gunilla d’Atout (Ready Cash). Mon rêve est d’élever un ou une gagnant(e) de Groupe 1."

Dimitria, la lignée dans le vent
Née en 1969 et titulaire d’un record de 1’15’’4, Dimitria (Mario) était une des meilleures juments de son époque avec un palmarès de championne internationale. Son palmarès compte notamment l’Elitloppet (1976) et la Loterie (1975). Elle s’est muée en matrone d’exception au haras grâce à Une Crown (Speedy Crown). Cette dernière est à l’origine d’Etta Extra (Florestan), la mère de Qualita Bourbon (Love You), de Mara Bourbon (And Arifant) ou encore de Kaméra Bourbon (Cézio Josselyn) d’où Vita Bourbon (Love You) qui a donné le crack Face Time Bourbon (Ready Cash).


Un haras qui se déplace pour s’agrandir
La question des terres et des surfaces n’a pas épargné François Van de Woestyne dans la montée en puissance de son haras. La structure a déjà dû déménager et va de nouveau changer de site en fin d’année pour s’agrandir : "Au départ, l’écurie était située à Saint-Gatien-des-Bois, à proximité de Deauville, et rapidement la place nous a manqué. Nous avons alors investi, il y a douze ans, dans un domaine de 35 hectares sur la commune de Saint-Maclou [N.D.L.R. : non loin de Saint-Gatien-des-Bois mais situé dans le département de l’Eure]. Le terrain était nu et nous avons pu construire l’intégralité des structures, avec un côté pour l’élevage et un autre réservé à l’entraînement. Nous disposons au final d’un équipement moderne très fonctionnel. L’écurie étant sans cesse en développement, il a fallu trouver plus grand. J’ai acquis récemment une nouvelle ferme avec plus de terres à côté de Saint-Pierre-sur-Dives. Dès cet automne, l’élevage prendra ses nouveaux quartiers avant d’être rejoint par l’entraînement l’été suivant."

Le choix des étalons
Impossible d’éluder la question des croisements avec un éleveur aussi actif que François Van de Woestyne qui fonctionne à la fois avec le cœur et la raison. "J’ai toujours beaucoup aimé Timoko (Imoko) qui m’a donné Douchka Wind, une gagnante de 19 courses. Tout comme Bird Parker (Ready Cash), le père de Guerrière Wind. Bien évidemment, des étalons comme Bold Eagle (Ready Cash) et Face Time Bourbon (Ready Cash), qui étaient des phénomènes s’imposent. Au début j’allais vraiment aux étalons qui j’aimais bien et puis j’ai investi dans des parts d’étalons. Le fait d’être porteur de part m’a de fait un peu obligé à les utiliser. Je vais réduire mon parc d’étalons et me concentrer sur les réels besoins de mes poulinières. Pour un cheval comme Elixir Wind, j’étais convaincu que le croisement de Nahar de Béval (Ganymède) avec Tacana (Orlando Vici) fonctionnerait. Cela a bien marché."

18 ans de passion addictive
À l’heure d’un bilan, il faut rappeler que "cela n’a pas toujours été simple. Pendant un bon nombre d’années, nous avons connu des déceptions", commence le fondateur de l’Ecurie du Haras des Quatre Vents. "Ce qui est sûr est que nous sommes vraiment accros. Objectivement, nous avons beaucoup plus pleuré que ri. Depuis quelques saisons, nous prenons beaucoup plus de plaisir avec les victoires qui s’enchaînent. Nous sommes conscients que tout peut s’arrêter du jour au lendemain avec les blessures ou maladies lorsque l’on travaille avec du vivant comme les chevaux. J’ai néanmoins le sentiment que nous avons construit une base assez solide et stable. Même s’il y aura encore des hauts et des bas, nous devrions continuer à nous faire plaisir. L’idéal serait de se maintenir à ce niveau pendant plusieurs années. Le rêve ultime serait de remporter le Prix d’Amérique, l’épreuve par laquelle la passion est arrivée."

 

 


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