Plus qu'une écurie de courses, une équipe
Depuis ses débuts dans les courses à la fin des années 1970, Jean Luck, industriel alsacien passionné par les courses qui a géré son écurie comme une entreprise, a créé et développé une structure devenue une véritable référence, autant en courses qu’à l’élevage. Si son petit-fils Éric Frémiot, driver amateur dont le palmarès compte 119 victoires, est le gérant de l’écurie depuis plusieurs années, les deux hommes continuent à travailler main dans la main. "J’ai toujours suivi mon grand-père aux courses, se souvient le quadragénaire. Il a toujours voulu impliquer ses enfants et ses petits-enfants dans ses aventures professionnelles ou ses passions."
En ce qui concerne les courses, Éric Frémiot a été le seul de ses petits-enfants à s’y intéresser, partageant ensemble cette passion, notamment celle de l’élevage. "À deux, on partage les joies et les peines, indique le petit-fils. C’est toujours plus facile de se remettre de mauvais moments quand on est plusieurs. On n’est pas toujours d’accord sur tout mais le but est de prendre le meilleur des avis de chacun. C’est long mais on y arrive quand même. On a eu des années plus creuses, comme dans tous les grands élevages, mais c’est là qu’il faut réinvestir, réfléchir un peu différemment." La singularité de l’Écurie Luck est aussi la fidélité qui l’unit à Jean-Luc Dersoir, entraîneur particulier depuis 1979. "Il m’a connu en culotte courte sur l’hippodrome de Hoerdt à fêter les victoires, sourit Éric Frémiot. C’est une fierté pour mon grand-père et pour lui d’avoir ce rapport qui dure. Bien sûr, ce n’est pas toujours rose mais le fait justement que cela dure depuis aussi longtemps montre que ce sont deux hommes intelligents qui s’écoutent mutuellement. Mon grand-père a toujours investi et fait progresser l’écurie et c’est, je pense, ce qui a motivé Jean-Luc Dersoir. Ce sont deux personnes qui se sont trouvées et qui vivent une belle aventure, assez rare d’ailleurs dans le milieu des courses." Alors que l’entraîneur approche des 70 ans, la question de la transmission des rênes de l’entraînement fait partie des réflexions obligatoires même si ce n’est à l’ordre du jour. "Jean-Luc n’a jamais été aussi jeune ! Gagner un premier Groupe 1 à l’attelé l’été dernier a été énorme pour lui comme pour nous", rappelle Éric Frémiot qui met aussi en avant le travail des équipes, de l’élevage à l’entraînement, de Grosbois à La Barbotière en passant par Benerville. Est-ce que, dans le contexte actuel des courses, un partenariat comme celui qui unit M. Luck et Jean-Luc Dersoir est encore imaginable ? "Ce n’est pas impossible mais il faut trouver la bonne personne. Tant que Jean-Luc sera en forme, on sera toujours là pour lui et lui sera toujours là pour nous", nous répond le gestionnaire de l'Ecurie Luck.
Du coup, Hokkaido Jiel incarne-t-il davantage les premiers résultats de cette nouvelle politique ?
Ce n’est pas tout à fait le démarrage mais il est venu assez vite. J’avais vu se qualifier à Grosbois Brillantissime qui m’avait beaucoup plu et je m’étais dit que, si un jour il était syndiqué, il serait bien de prendre une part. Il était important de ramener dans notre élevage le courant de sang de Ready Cash. Cette politique était aussi guidée avec l’espoir de sortir un étalon, ce qui est le cas avec "Hokkaido". C’est important pour un élevage d’avoir un étalon, ne serait-ce que pour faire fonctionner le haras pour la clientèle extérieure et pour certaines de nos juments.
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Lombok Jiel et Logan Jiel sont issus de deux de vos très bonnes juments qui ont performé au plus haut niveau, à savoir respectivement Surabaya Jiel et Quilea Jiel. Pourtant, l’une et l’autre n’avaient pas donné au haras tout ce qu’on pouvait espérer d’elles. Pourquoi ?
Quilea Jiel est issue d’une souche que l’on a développée à partir de Top Lady, sa grand-mère maternelle. Jusqu’à maintenant, elle a eu des hauts et des bas dans sa production. Elle a fait beaucoup de femelles qui étaient moins bonnes. Hequileo Jiel, son deuxième mâle, était très plaisant poulain avant de connaître une baisse de forme. Il a été vendu mais revient plutôt bien actuellement puisqu’il a gagné cet hiver à Vincennes. Surabaya Jiel n’a pas eu trop de chance à l’élevage, avec des produits qui se sont accidentés. C’est forcément frustrant quand vous avez une jument de ce niveau. Fabulous Jiel s’annonçait bien avant de connaître des soucis poulain et il a subi ce handicap toute sa carrière alors que je pense que c’était un cheval qui aurait pu s’illustrer à un bon niveau. Même chose pour sa propre sœur par Ready Cash et sa sœur par Love You.