On entre dans le vif du sujet dès le premier jour du meeting d’été, à Vincennes, à la faveur d’une splendide réunion, qui propose les cinq premiers tournois qualificatifs aux différents Critériums programmés dans un mois, le dimanche 17 septembre. Les enseignements à tirer ne manqueront donc pas, ce samedi, sur l’hippodrome du Plateau de Gravelle. Avant le coup, passons en revue les principaux enjeux, à nos yeux, des cinq compétitions concernées.
Jushua Tree, à l’épreuve de la confirmation
Ce Prix Phaéton-Critérium des 4 Ans Qualif 1 (Groupe 2, 2.175 mètres) est le rendez-vous de la confirmation pour Jushua Tree (Bold Eagle), celui où il doit, comme l’on dit, enfoncer le clou, entériner son entrée dans la cour des grands. Le protégé de « JMB » demeure sur cinq victoires, dont quatre de Groupe, dans les Prix du Vaucluse (Groupe 3, 2.850 mètres), Caecilia (Groupe 3, 2.700 mètres, Jules Thibault (Groupe 2, 2.700 mètres) et Raymond Fouard (Groupe 3, 2.175 mètres). A chaque fois, il a fait forte impression, postulant au titre de chef de file de la promotion des 4 ans. Pour transformer l’essai, il faut qu’il poursuive sur sa lancée jusqu’au Critérium. Cela passe par une nouvelle et attendue démonstration, samedi, qui lui offrirait un onzième succès, en quatorze essais.
Impérial, tout au long de son année de 3 ans, où il n’a laissé échapper que le Championnat Européen, les quatre autres Groupes 1 de la saison tombant dans son escarcelle –qu’il s’agisse du Critérium des Jeunes-Prix Comte Pierre de Montesson, du Prix Albert Viel, du Critérium des 3 Ans ou du Prix Ready Cash-Sulky World Cup 4 Ans Q2–, Just A Gigolo (Boccador de Simm) a baissé d’un ton depuis le début du présent exercice. Il reste qu’officiellement, il est encore le numéro un, un statut que devra aller chercher son susnommé challenger. Dans le semi-classique de cette fin de semaine, le pensionnaire de Philippe Allaire aura l’avantage de s’être ouvert les poumons, récemment, à Enghien, alors que son rival n’a pas paru en compétition depuis la fin du mois de juin.
Comme papa ?
Bold Eagle figure au palmarès de ce Prix Phaéton 2015 et revendique la paternité de deux des candidats 2023 : Jushua Tree et l'intéressant outsider Josh Power. La course a évolué depuis dans sa position calendaire mais aussi dans ses conditions puisque le crack aux 5 millions d'euros de gains avait dû rendre à l'époque 25m sur ses rivaux au départ, parmi lesquels Brillantissime, 3ème, et père de Just For Lova dans cette édition.
Kana, en cheftaine, mais toujours sous la menace de Kalamity
On continue avec les femelles, mais, cette fois, dans les rangs des 3 ans, avec le Prix Reine du Corta-Critérium des 3 Ans Qualif 1 (Groupe 2, 2.175 mètres). Kana de Beylev (Express Jet) est, à la fois, la plus riche –elle est la seule dont les gains dépassent les 300.000 euros, à 332.100 euros– et la plus titrée, en ce sens qu’elle a été la première pouliche classée tant à l’arrivée du Critérium des Jeunes-Prix Comte Pierre de Montesson (Groupe 1), à la quatrième place, qu’à celle du Prix Albert Viel (Groupe 1), à la deuxième place. Elle a également enlevé deux semi-classiques pour femelles, les Prix Roquépine (Groupe 2) et Ozo (Groupe 2), sur la longue, puis sur la courte distance de la grande piste, tandis qu’elle a battu les mâles dans le Prix Roger Massue, le Critérium de Graignes, à 2 ans. Elle est donc la référence féminine de la génération et va devoir, ici, en prélude au Critérium des 3 Ans, asseoir sa réputation. D’une extrême régularité –cinq victoires et sept places dans les cinq premiers, pour treize sorties–, elle n’est pas du genre à faillir.
Pour autant, Kalamity d’Héripré (Un Mec d’Héripré), sa grande rivale, depuis toujours, ou presque, ne va pas se présenter en victime expiatoire. Un peu moins fortunée, à 269.700 euros, créditée d’un « chrono » record un peu moins rapide –à 1’12’’2, sur les 2.175 mètres empruntés samedi, contre 1’12’’ à son adversaire, sur le même parcours–, elle est, cependant, tout aussi constante –cinq succès et six places dans les cinq premiers, en douze tentatives– et est la lauréate, quant à elle, de trois semi-classiques, à savoir les Prix Une de Mai (2.700 mètres), Gélinotte (2.175 mètres) et Masina (2.700 mètres). Mais, dans les grandes occasions, c’est-à-dire dans les deux classiques précités, Kana de Beylev s’est toujours montrée la meilleure. Au total, les deux pouliches se sont rencontrées dix fois, depuis l’année dernière, et, dans cette confrontation, la fille d’Express Jet mène 6 à 4.
Pour se la jouer, entre-soi, « façon Critérium des pouliches»
Le Prix Paul Leguerney-Critérium des 4 Ans Qualif 2 (Groupe 2, 2.175 mètres) est le pendant féminin du Prix Phaéton. Sans nier, bien sûr, leur talent, il apparaît que les femelles sont inférieures aux mâles, au sein de cette promotion attelée, n’ayant gagné, à ce jour, qu’un seul des six Groupes 1 jusque-là proposés à la génération. Le Groupe 1 en question, c’est le Prix Ourasi-Sulky World Cup 4 Ans Finale, remporté par Just Love You (Love You), en janvier dernier. Par ailleurs, parmi les autres candidates au semi-classique de samedi, les meilleurs résultats, à ce niveau, sont ceux enregistrés par Juliet Papa Bravo (Ready Cash), dauphine de Just A Gigolo dans le Prix Ready Cash-Sulky World Cup 4 Ans Q2 ou encore de Deus Zack dans le Championnat Européen des 3 Ans. Une Juliet Papa Bravo qui a, toutefois, favorablement étalonné sa classe d’âge, en s’insérant entre ses aînés, Horsy Dream et Idylle Speed, à l’arrivée du Prix de Sélection-Prix Face Time Bourbon (Groupe 1), au sortir de l’hiver.
Pour ce tandem de demoiselles et pour leurs concurrentes, ce Prix Paul Leguerney et l’étape suivante, sur la route des qualifications pour le Critérium des 4 Ans, le Prix Gaston de Wazières (Groupe 2, 2.700 mètres), sont un peu le carrefour de la dernière chance, avant de se retrouver, bientôt, définitivement, dans le circuit des poulains. Sans doute vont-elles courir leur « Derby », ce samedi, tout comme lors du second volet, au début du mois de septembre. L’été dernier, l’élève de Jean-Philippe Dubois, Inoubliable, avait réussi le doublé des Prix Paul Leguerney et Gaston de Wazières, cumulant 108.000 euros d’allocations, soit un total proche de celui alloué au vainqueur du Critérium (N.D.L.R. : 135.000 euros). Autrement dit, les pouliches trouvent, en l’espèce, une double occasion de se la jouer, entre-soi, « façon Critérium des pouliches ».
Koctel du Dain ou le droit à l’erreur
Nul n’est infaillible, pas même le champion. Au cours de sa jeune carrière, Koctel du Dain (Boccador de Simm) n’a pas commis beaucoup de bévues : plus de 400.000 euros de gains en douze courses, pour sept succès et trois places dans les quatre premiers, dont il n’est sorti que sur disqualification, notamment la dernière fois, dans le Groupe 3 Prix de Berlin, à Enghien. C’est un faux pas qu’il faut, à l’évidence, lui pardonner en escomptant le voir renouer avec le cours de ses bonnes performances, à l’occasion de ce Prix Abel Bassigny-Critérium des 3 Ans-Qualif 2 (Groupe 2, 2.175 mètres). Ce sont là des retrouvailles avec la grande piste de Vincennes, où le poulain est d’ores et déjà, rappelons-le, double vainqueur classique.
Koctel du Dain est, en effet, le tenant du titre dans le Critérium des Jeunes-Prix Comte Pierre de Montesson (Groupe 1), ainsi que dans le Prix Albert Viel (Groupe 1). En marche vers le Critérium des 3 Ans (Groupe 1), il ferait aussi bien, s’il venait à s’y imposer, que son aîné et voisin de box, Just A Gigolo, lequel a parachevé la triple séquence l’année dernière. Or, il se trouve que Just A Gigolo est un fils du même Boccador de Simm que son cadet. De là à y voir un signe…
Un challenge excitant
Le coup de trois auquel prétend Koctel du Dain, après ses succès dans le Critérium des Jeunes-Prix Comte Pierre de Montesson (Groupe 1) et le Prix Albert Viel (Groupe 1), c’est-à-dire de gagner, aussi, le Critérium des 3 Ans (Groupe 1), n’est pas des plus simples à parachever*. Depuis le milieu des années 1960, ils sont seulement six à l’avoir mené à bien, de Toscan, hier, en 1966, à Just A Gigolo, aujourd’hui, en 2022, en passant par Aigle Noir, en 1969, Pearl Queen, en 2006, Ready Cash, en 2008, et Vanika du Ruel, en 2012. Or, ils sont une dizaine à avoir remporté les deux premières manches et à s’être « cassé les dents » dans la troisième, à l’instar de pointures comme Général du Pommeau, en 1997, ou Idéal du Gazeau, vingt ans plus tôt. La tâche qui attend Koctel du Dain en est d’autant plus excitante, sur le plan sportif. Elle passe, déjà, par un comportement optimal dans les phases qualificatives.
*en considérant les années dans leurs entièretés bien que les dates des différentes compétitions et en particulier celle du Critérium des 3 ans aient évolué.
