Prix d'Amérique Legend Race 2025Idao de Tillard, signé Duvaldestin
26/01/2025 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Comme l'an dernier, le meilleur a gagné. Idao de Tillard (Severino) remporte son deuxième Prix d'Amérique Legend Race consécutif et permet à son mentor Thierry Duvaldestin de rejoindre, parmi les entraîneurs en activité, Sébastien Guarato dans le cercle fermé des quadruples vainqueurs de l'épreuve. Un an après le succès d'Idao lui-même, c'est l'heure de la victoire de l'entraîneur Thierry Duvaldestin, central dans des prises de décision et notamment celle de déferrer son champion, toujours le plus fort mais moins que l'an dernier. Just Love You (Love You) est deuxième devant Go On Boy (Password).
![Clément Duvaldestin et Idao de Tillard](https://statics.letrot.com/wletrotcom/uploads/media/idaodetillard-26-01-25-scoop-1-67967cf56fc84286047928.jpg)
Bien sûr qu'il y a eu des doutes. Mais, en se posant les bonnes questions, la team Duvaldestin, emmenée par son chef, a trouvé les bonnes réponses. Idao de Tillard (Severino) avait tout montré dans le Prix de Bourgogne-Amérique Races Q5, la course référence par excellence pour la plus grande de toutes. En guise de synthèse et à chaud, Thierry Duvaldestin n'y allait pas par quatre chemins : "Le juge de paix reste le Bourgogne. Quand tu es bien à ce moment-là, tu es bien garé". Nouvelle preuve en 2025 avec le triomphe d'Idao de Tillard qui devient le 19ème double vainqueur du Prix d'Amérique.
"Aujourd’hui, il n’y a plus de débat : c’est lui le meilleur". (Clément Duvaldestin)
Lancé dans le dernier virage où il a pris un net avantage sur ses rivaux, Idao de Tillard tient finalement en respect une formidable Just Love You (Love You), héroïne des qualificatives et superbe dauphine, alors que Go On Boy (Password), parti finalement favori, complète un podium sur lequel l'invité de marque Teddy Riner, multiple médaillé d'or olympique de judo, a récompensé les vainqueurs.
Clément Duvaldestin a mené la course qu'il voulait
Patron du peloton l'an passé, Clément Duvaldestin l'a encore été cette année avec une idée directrice : prendre le train de la troisième épaisseur sans jamais en être la locomotive. Jamais avant l'intersection des pistes. Il était alors l'heure d'accélérer. Son debrief : "Exceptionnel ! Le cheval a été le plus fort. Le meilleur a gagné. Au canter, cela allait nickel, aucun souci avec le fait d’être déferré. Il avait quasiment le poids de d’habitude en bracelets. On ne l’avait allégé qu’un tout petit peu. Je pense que, si on veut encore pousser notre réflexion sur ce sujet, on pourra encore l’alléger un petit peu. Le moment le plus dur est le départ car je ne peux pas tirer à droite en raison de sa barre américaine, je ne peux aller qu’à gauche. Contrairement aux autres années, j’ai l’impression que c’était beaucoup fluide cette année au niveau du départ. Les starters ont été très, très bons. Il n’y a eu qu’une seule reprise de départ. Normalement, c’est beaucoup plus compliqué dans un Prix d’Amérique. Cela m’a bien aidé. Globalement, j’ai bien voyagé. Je voulais être dans le wagon de trois pour ne pas prendre le risque d’être à deux. Justin Bold nous a ramenés sur un plateau, puis j’ai laissé ressortir Mathieu (Mottier). Je savais que Go On Boy était deux rangs derrière et j’ai pu lancer les hostilités vraiment au dernier moment. Mon cheval a été fort. Aujourd’hui, il n’y a plus de débat : c’est lui le meilleur même si je pense qu’il n’est pas à 100 %, sans en être bien loin non plus. Au passage du poteau, c’était de la « kiffance »."
Thierry Duvaldestin complète son carré américain
En remportant un quatrième Prix d'Amérique Legend Race, Thierry Duvaldestin rejoint donc Sébastien Guarato au premier rang des entraîneurs les plus titrés, chez les metteurs au point encore en activité. Cette victoire est la sienne, lui qui a décidé de tenter le déferrage des quatre pieds tout en assurant l'équilibrage avec des bracelets de 180 grammes chacun, son effet plus pour tenter le tout pour le tout. Le bénéfice-risque était parfaitement calculé, il a été couronné de succès : "J’avais confiance en mon cheval. Pourquoi cela n’aurait pas été déferré ? Il est moins bon que l’an dernier, mais on avait le déferrage en botte secrète. C’était notre plus même s’il a 180g. en poids en bracelets. Je l’ai mieux vécu que l’an dernier, j’ai plus apprécié, alors que c’était compliqué il y a un an. Oui j’ai eu des doutes en début de meeting, mais le juge de paix, c’est le "Bourgogne".
En résumé, Thierry Duvaldestin savait bien ce qu'il faisait malgré un automne marqué par des performances en demi-teinte, une maladie touchant le cheval et un accident à l'entraînement il y a neuf jours qui a laissé des traces sur le visage du metteur au point. Pas assez pour troubler la maîtrise de l'homme de la Ferté-Fresnel, la preuve.
![Le podium - @BrunoVendevelde](https://statics.letrot.com/wletrotcom/uploads/media/podium-26-01-25-bv-67967cf57e546676310941.jpg)
Une émotion différente mais aussi forte
Que ce soit Cyril Sevestre ou Françoise Chaunion, le propriétaire et l'éleveuse du nouveau double tenant du titre du Prix d'Amérique Legend Race, ils ont vécu la défense du titre du champion avec une même intensité. "L’émotion est différente de l’an dernier, mais c’est aussi fort", lâche ainsi le premier à sa descente de podium les yeux embués.
"Thierry (Duvaldestin) a voulu prendre ce risque, bien lui en a pris !" Cyril Sevestre
En écho, l'éleveuse normande confie : "La sensation est complètement différente de l’an dernier, mais j’avais très envie de remonter sur le podium ! C’est merveilleux, on a fait le doublé !". Cette notion est évidemment au coeur aussi des sentiments du propriétaire francilien : "Il est maintenant double vainqueur de Prix d’Amérique. Quand on voit les chronos qu’il faut réaliser pour gagner de nos jours, c’est très compliqué. C’est important pour le cheval car il sort de l’ordinaire à tous les niveaux. Être deux fois au palmarès montre définitivement qu’il est exceptionnel".
Pour l'un et l'autre, la question du déferrage a été aussi l'un des interrogations des derniers jours. "J’étais confiant, dit ainsi le Cyril Sevestre. Mais j'avoue que j’étais quand même un peu moins serein après la déclaration de partants quand j’ai vu qu’il était déferré. Thierry (Duvaldestin) a voulu prendre ce risque, bien lui en a pris ! Maintenant, c’est une arme de plus que l’on a dans notre jeu."
D'où vient-il ?Idao de Tillard provient de l’élevage de Francoise Chaunion. Vendu 27.000 euros yearling sur le ring de Caen, il est le fruit du rapprochement de deux gagnants de Critérium Continental (Gr.I),
Sévérino 1’11’’, son père – un "Tillard", même si son nom ne l’indique pas –, et
Classe De Tillard 1’12’’ (
Workahoklic), sa grand-mère. Avant "Idao", ces deux-là étaient deux des trois meilleurs représentants de l’élevage maison, le troisième étant le millionnaire
Bonheur De Tillard 1’11’’ (
Podosis).
Une mixité entérinée et des challenges à venir
Idao de Tillard 1’09’’ devient, ce jour, le dix-neuvième double vainqueur du Prix d’Amérique Legend Race (N.D.L.R voir ci-dessous). Il a 7 ans et il lui reste encore du temps pour, éventuellement, améliorer son score et entrer dans le cercle, tout de même fermé, des triples lauréats de la course, constitué, pour l’heure, d’Uranie (1926, 1927, 1928), de Roquépine (1966, 1967, 1968) et de Bellino Ii (1975, 1976, 1977). Quant à Ourasi, il peut compter jusqu’à quatre, en la matière (1986, 1987, 1988, 1990). Encore des challenges à venir, donc, pour "Idao"…
En termes d’élevage, Idao de Tillard se partage entre influences françaises et américaines. Il a le vrai profil d’un cheval de Prix d’Amérique, en ce qu’il concentre, dans son pedigree, les caractéristiques des deux races ; or, qu’est-ce que le Prix d’Amérique, sinon un championnat aux couleurs de l’Amérique, qui l’inspire, et de la France, qui l’accueille Idao de Tillard est, ainsi, par Severino 1’11’’, gagnant de Critérium, fils de l’éclectique Gobernador 1’11’’, deuxième du « Cornulier », puis vainqueur des Prix de France et de Paris, au cours du même hiver. La lignée mâle, via Buvetier D'aunou 1’14’’, est celle de Royal Prestige 1’11’’ et du père de celui-ci, Speedy Crown 1’12’’, sur lequel Idao de Tillard est, d’ailleurs, inbred (5x4). De même, Idao de Tillard a pour mère une fille de First De Retz 1’11’’, deux fois lauréat du Prix de Cornulier, compétition parangon de l’élevage trotteur français monté. En embuscade, l’étalon américain Workaholic 1’11’’, père de mère précédent d’Idao de Tillard. Une consanguinité (4x3) sur Podosis (ascendance Florestan-Star’s Pride), autre gagnant du "Cornulier", est également convoquée. Une façon d’entériner la mixité du pedigree.
Les doubles vainqueurs de Prix d’Amérique
- Pro Patria (1920, 1921)
- Passeport (1923, 1924)
- Amazone B (1930, 1933)
- Hazleton (1931, 1932)
- Muscletone (1935, 1937)
- De Sota (1938, 1939)
- Ovidius Naso (1945, 1946)
- Mighty Ned (1948, 1951)
- Gélinotte (1956, 1957)
- Jamin (1958, 1959)
- Ozo (1963, 1965)
- Tidalium Pélo (1971, 1972)
- Idéal du Gazeau (1981, 1983)
- Varenne (2001, 2002)
- Offshore Dream (2007, 2008)
- Ready Cash (2011, 2012)
- Bold Eagle (2016, 2017)
- Face Time Bourbon (2020, 2021)
- Idao de Tillard (2024, 2025)
Les deux frères inséparables
C’était l’une des belles histoires de ce Prix d’Amérique Legend Race : la présence de deux frères Go On Boy (Password) l’ainé et son cadet Josh Power (Offshore Dream). En terminant aux troisième et quatrième places, ils finissent assez proches l'un de l'autre et mettent en avant la réussite de l’élevage de la famillle Mary :"C’est magnifique, nous lance le fils Pierre-Emmanuel. Les deux sont dans les quatre premiers du Prix d’Amérique. Josh Power a terminé fort mais n’a pas pu remonter son frère Go On Boy qui a dû faire un gros effort dans le dernier tournant et s’est montré courageux. On savait qu’ils avaient une chance et ils ont répondu présent. Merci à leurs entraîneurs et drivers respectifs qui ont fait du grand travail pour en arriver là." Victime d’un petit souci de harnachement après le faux départ, Romain Derieux nous indique : "Le meilleur a gagné parce qu’il a été seul devant. Go On Boy fait sa course. Il m’a un peu embêté à l’entrée de la ligne droite. Je n’ai pas voulu rester dans le dos de Just Love You avant le tournant car je voyais que la course se bloquait devant. Il a fait sa valeur. Lorsqu’on est favori, on espère toujours gagner". Courageux, il a fallu l’être pour que Go On Boy résiste à l'attaque de son petit frère Josh Power : "Le cheval s’est retrouvé un peu loin, le wagon de trois s’est formé de bonne heure et j’ai eu peur qu’il ne se retrouve dernier, analyse Sébastien Ernault, mais tout s’est bien passé quand même et il finit super. On se dit qu’en étant un petit peu plus près, il aurait pu finir plus près. Je suis satisfait du cheval et de la drive d’Eric. Il a fini en avançant et n’a pas fait la dernière course de sa vie. Direction le Prix de Paris."
1'11''1 : 2ème meilleur temps de la course
S'il est moins exceptionnel que l'an passé aux dires de son entourage, Idao de Tillard signe tout de même une meilleure performance intrinsèque cette année en réalisant la réduction kilométrique de 1'11''1, soit une demi-seconde de mieux qu'en 2024 ! C'est tout simplement le deuxième meilleur chrono de tous les temps.
Les autres réactions
Benoît Robin, entraîneur de Hussard Du Landret (5ème) : "Je suis très content, le cheval court super bien. Je ne suis pas déçu, juste un peu frustré car j’y ai longtemps cru. Il a eu un petit coup de mou en haut mais s’est très bien relancé. On est dans les cinq premiers d’un Prix d’Amérique ! On n'a pas le droit d’être déçu, ni d'avoir pas de regret. Direction le Prix de Paris pour défendre son titre."
La Marathon Race est aussi sur le calendrier d'Iroise De La Noe (Tornado Bello), actrice de la phase finale avant de se montrer fautive. Son driver-entraîneur s'est par conséquent dit partagé par la situation : "C'est un sentiment mitigé : d’un côté, elle a montré qu’elle avait les capacités pour réussir dans un Prix d’Amérique et d’un autre, je suis un peu dégoûté car cela fait une semaine que ma jument est moins bien. Le heat n’était pas bon et je n'ai pas été à l’aise durant la course. Ce n’est pas compliqué : je suis au petit trot, je n’ai rien demandé et je n’ai pas débouché mais je n’ai pas l’allure. Lorsque je lui ai demandé d’avancer elle a fait la faute mais elle a montré qu’elle a le niveau. Je garde le côté positif, il y a quinze jours on ne devait pas courir. Elle a montré à tout le monde sa valeur face aux meilleurs. Le meilleur du jour a gagné mais elle a montré qu’un jour elle peut le gagner. Direction le Prix de Paris on a un mois pour réussir à l’avoir mieux que cela."
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