Arnaud Duluard est responsable du Département Élevage, Bien-être & Santé animale - Vétérinaire conseil de la SETF
"L’étude de référence réalisée il y a quelques années avec le professeur Jean-Marie Denoix (CIRALE) sur l’impact du déferrage sur le confort du pied du trotteur concluait que, si on n’abuse pas et que l’on est dans des pratiques raisonnées et raisonnables, on ne porte pas atteinte au bien-être animal. Parallèlement, depuis 2015, nous avons suivi l’évolution des pratiques de déferrage dans les courses au trot en France. Ce qu’on constate, c’est que le recours au déferrage est de plus en plus important. On a une tendance qui s’installe et qui nous dit qu’il faut que l’on soit prudent et que l’on cadre cette pratique. Les cas des partants déferrés 15 fois et plus sur une année glissante concernent 7 à 8 % de la population. La mesure prise vise bien à préserver les bonnes pratiques. On sait que la grande majorité des professionnels travaillent bien et ne déferrent pas excessivement. Mais, pour préserver les risques, mettre ce cadre permet de devancer les excès. C’est aussi un signe fort de prise en considération du bien-être animal. Pour résumer, on encadre mieux les pratiques de déferrage pour rester dans des pratiques raisonnées et raisonnables."
La réaction de Stéphane Meunier, Président du SEDJ
"Membre de la Commission du Code, j'ai été amené à travailler sur le dossier et au nom du SEDJ, je peux dire que nous sommes en complète adéquation avec cette proposition. L’idée est d’encadrer les potentiels abus et après multiples discussions, nous avons acté le principe de cette limitation."
24h au trot : Comment en êtes-vous arrivé au chiffre de 15 déferrages maximum par an ?
"Le débat s’est prolongé et on a fini par trouver un consensus autour de 15 en se basant sur l'exemple d'un entraîneur courant toutes les étapes du GNT et la Finale : comment choisir vis-à-vis du public telle ou telle étape pour ne pas déferrer ? Il était de toutes façons difficile de trouver le meilleur nombre et il fallait en arrêter un."
Est-ce vraiment contraignant ?
"En toute franchise, pour la grande majorité des entraîneurs, je pense que cela n'engendre aucune contrainte particulière. Cela symbolise plus qu'autre chose notre volonté d'encadrer la pratique. L'option de contraindre une rythmique, comme une fois par mois par exemple, aurait pu engendrer des effets collatéraux sur le plaquage."
C'est-à-dire ?
"Plaquer n'est pas sans conséquence et l'usage des clous à tête plate peut abîmer les parois des pieds. C'est pourquoi la décision pour les jeunes chevaux est très bonne et va également dans le bon sens."
L'avis de Jean-Michel Baudouin
Professionnel adepte du déferrage (lire notre édition du 26 juillet 2022), Jean-Michel Baudouin nous livre sa réaction sur les nouvelles règles de déferrage.
24h au trot.- Sur le volet qui limite à 15 courses sur 12 mois la présentation d'un même cheval déferré, votre avis ?
Jean-Michel Baudouin.- Je trouve que c'est déjà très bien. 15 fois dans une année sans compter les courses sur l'herbe, c'est énorme. GASPAR D'ANGIS a couru 15 fois l'an dernier dont 14 fois déferré. C'était beaucoup. Cette limite peut impacter certains entraîneurs mais une telle décision impactera toujours certains. Je trouve pour ma part que c'est une très bonne décision si le bien-être animal y gagne aussi.
Concernant l'interdiction du plaquage à 2 et 3 ans ?
Cela me semble moins simple. Un cheval comme LUCKY SIBEY est plus malheureux ferré que plaqué. Où est la protection animale dans ce cas pour un cheval heureux d'être plaqué ? Mais on est là dans un cas sans doute particulier et il ne faut pas en faire une généralité. Je respecte cette décision mais il ne faudrait pas non plus qu'elle ouvre la porte à de nouveaux produits (développés par les marchands de fers) qui seraient pires que les plaques. Il ne faudrait pas que la solution retenue soit pire que ce qu'elle prétend protéger.