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Antonin André : la vie en accéléré | LETROT
Portrait

Antonin André : la vie en accéléré

30/03/2024 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Son nom de famille renvoie inévitablement aux exploits de son père, Jean-Paul, avec Lutin d’Isigny (Firstly) dans les années 1980. S’il a grandi dans l’ombre de la figure paternelle qui l’a inspirée, Antonin André est en train de se faire un prénom. À 21 ans, il fait partie des révélations chez les jockeys mais aussi chez les entraîneurs. Depuis un an, il a en effet repris l’écurie familiale à la suite des problèmes de santé de son père et connaît une réussite certaine.
Antonin André Antonin André - © ScoopDyga
Jean-Paul André et son fils Jean-Paul André et son fils - © ScoopDyga

Un gain express de maturité

Antonin André ne le cache pas : sa préférence va et reste à la compétition. Mais l’année passée lui a ouvert les yeux en quelque sorte sur l’entraînement. "Quand vous passez de meilleur apprenti monté de France (N.D.L.R. : titre décroché en 2021) à pro avec une quinzaine de chevaux à entraîner et être patron d’une écurie, ce n’est plus du tout la même chose, décrit-il lucide. Vous ne voyez plus les choses pareilles. C’est plus de responsabilités, beaucoup plus de stress. Avant de reprendre l’écurie, je ne voyais pas plus loin que le lendemain. Aujourd’hui, il faut anticiper, voir pour les mois à venir et même la saison suivante."


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Fort de la maturité gagnée depuis et de la force de son entourage familial et amical, le jeune homme reconnaît avoir changé : "J’apprends à mieux comprendre les chevaux, à composer avec leurs humeurs. Avant, quand ça m’énervait, j’avais tendance à tout jeter et à m’en aller. Quand vous êtes patron, vous ne pouvez plus le faire. Ça m’a fait progresser énormément. Quand vous êtes le dos au mur, vous n’avez pas le choix. C’est peut-être dans ces moments-là que l’on apprend le mieux. J’ai aussi la chance d’être très bien accompagné, que ce soit ma compagne Loane Fauchon ou ma famille".

"Avant de reprendre l’écurie, je ne voyais pas plus loin que le lendemain".

Sa motivation, il la tire aussi de sa volonté de montrer à la figure paternelle qu’il peut réussir. Déjà, sa récompense de meilleur apprenti, il la voyait comme "une manière de montrer à mon père que je n’ai pas mal réussi jusqu’à maintenant", avait-il dit à l’époque. "Dans ma décision de prendre la suite, il y avait aussi quelque part la volonté de lui montrer que je pouvais le faire, renchérit-il. Mon père ne dit jamais bravo, jamais que c’est bien même quand on gagne des courses. Mais je sais très bien qu’au fond de lui, il est content."

"J’ai grandi avec les trophées de Lutin"
Lutin d’Isigny (Firstly) et Jean-Paul André. C’est l’un des couples les plus populaires des années 1980, réuni par Maurice Cornière, l’éleveur et propriétaire de celui qui remporta le Prix d’Amérique en 1985 devant Mon Tourbillon (Amyot) et Minou du Donjon (Quioco) et qui alla aussi défier les américains chez eux en remportant notamment deux fois l’International Trot. Cette époque, Antonin André, né au début des années 2000, l’a vécue par procuration : "J’ai grandi avec les trophées de "Lutin", les cadres photos partout. Vous ne croisez qu’un "Lutin" dans votre vie. Aujourd’hui, cela me paraît plus inaccessible qu’avant. Quand vous êtes enfant, vous vous dites que c’est à la portée de tout le monde, que votre père l’a fait. Mais c’est un très long chemin pour y arriver. Il faut du talent, de la chance, être là au bon moment. Au final, ça ne se joue pas à grand-chose. Avoir un cheval d’exception c’est déjà très compliqué et avoir un cheval d’exception parfait le jour J ça l’est encore plus".

 

Jockey dans le sang

Si l’effectif s’est sensiblement étoffé, on a compris qu’il n’est pas question pour Antonin André de délaisser la compétition. "Je ne veux pas arrêter de monter car j’adore ça. C’est ma passion et c’est toujours ma préférence par rapport à l’entraînement, reconnaît-il volontiers, même si je prends de plus en plus goût à la préparation. Pour l’instant, je veux vraiment me laisser ma chance en tant que jockey." Ce n’est pas sans conséquence sur l’organisation de l’écurie. "Comme ça a marché assez vite, il a fallu que je prenne du personnel mais j’ai aussi du monde dans la cour pour continuer à monter, assure-t-il pleinement. Si l’effectif devait continuer à augmenter, on embaucherait en fonction."

"Je veux vraiment me laisser ma chance en tant que jockey".

Une démarche totalement assumée qui témoigne du caractère et de l’ambition de ce garçon de 21 ans seulement. "Ce qui me fait lever le matin, c’est d’aller aux courses. J’arrive à tout concilier. C’est une vie à cent à l’heure. Mais, quand ça se passe bien, ça ne pose pas de problème. Maintenant je ne veux pas prendre trop de chevaux non plus car je n’ai qu’une autorisation d’entraîner et donc je n’ai pas de pension. Les chevaux sont en location. Donc il faut que ça tourne." Le bilan comptable est positif jusqu’à maintenant mais, en chef d’entreprise qu’il est devenu, Antonin André se projette plus loin : "Je dois passer ma licence d’entraîneur public au cours du second semestre. L’écurie est restée un peu dans son jus et a besoin de vrais travaux pour aller dans le bon sens. On voudrait faire un barn et refaire la piste. Les rentrées d’argent liées aux pensions me permettront d’avoir l’esprit plus serein en sachant qu’elles couvriront ces frais-là".

 

Les chiffres d'Antonin André pilote
◆ 1.014 courses (821 monté/193 attelé)
◆ 86 victoires (74 monté/12 attelé)
◆ 1ère victoire : le 11/08/19 avec CHALLENGE ACCEPTED (Neutron du Cébé) au Sap
◆ 50ème victoire : le 25/09/22 avec HALAKOVA (OURAGAN DE CELLAND) à Évreux

 

 

Fils de… oui mais pas seulement
"J’ai toujours été le fils de… un peu comme Nicolas Bazire ou les frères Duvaldestin, même si ce n’est pas tout à fait pareil. On aime bien être soi-même et être reconnu pour ce que l’on est. C’est important. On n’est pas nos parents, estime Antonin André. Mais rendre fiers ses parents, c’est sympa."

 


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