Même le meilleur apprenti monté en titre, qui occupe la 6ème place du classement de l'Étrier d'Or - "quand on évolue au top niveau des apprentis, c’est assez facile entre guillemets d’enchaîner les victoires. Ça explique ma position au classement en ce début d’année", nuance-t-il toujours la tête sur les épaules -, est en proie à des interrogations sur son avenir immédiat une fois qu'il aura atteint le cap des 50 victoires. "Je suis content car c'est une satisfaction, mais c’est difficile de ne pas y penser, confie Marius Durville. Quand cela leur arrive, les enfants d’entraîneur y pensent aussi alors qu’ils ont l’écurie familiale derrière eux. Ce qui m’inquiète c’est de passer du top niveau en apprentis aux courses de province, de passer l’hiver à la maison, tout ça… Ça va changer. Je n’ai pas peur de travailler mais est-ce que ça va suffire ? Maintenant, je ne me plains pas car je sais pouvoir compter sur le soutien de Benoît (Carpentier)."
"Je n’ai pas peur de travailler mais est-ce que ça va suffire ?" (Marius Durville)
À l'approche de ce "basculement", les échanges quotidiens entre le père et le fils prennent encore plus d'importance, alors que les occasions de se voir sont rares si ce n'est sur les champs de courses quand le premier arrive à se libérer de son travail dans la grande distribution. "C’est le sujet du moment, confirme Frédéric Durville. Il est un peu inquiet et se demande quels sont les entraîneurs qui vont continuer à l'appeler parmi ceux qui lui ont fait confiance. Forcément, des courses vont se fermer. Aujourd’hui, il court avec des apprentis peut-être moins expérimentés que lui mais il court également avec des pros face auxquels il tient sa place. On a eu encore l’exemple la semaine dernière à Vincennes dans la même réunion avec IBERIK DE MONGOCHY en apprentis et LOLLY STAR en pros. Mais il ne peut s'empêcher de se poser des questions qu’un gamin de cet âge-là ne devrait pas se poser. Il devrait être content et heureux de passer professionnel mais ce n’est pas vraiment le cas. Il va falloir qu’on l’entoure."
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Le jeune homme peut aussi compter sur ce qui fait sa force depuis ses débuts et ce que son père rappelle : "Il se remet en cause tout le temps, ce qui est une grosse qualité. Il est un peu comme moi, il n’est jamais satisfait de la situation. Il peut lui arriver de faire des erreurs mais il le sait tout de suite. Il analyse très vite. C’est dans sa nature". "Il est fait un peu dans le même moule qu'un garçon comme Alan Gendrot, complète Benoît Carpentier. C'est un garçon discret et bien éduqué. Sa capacité de travail lui permettra toujours de rebondir et de revenir aux bases."
◆ 2022 : 11 victoires (127 courses)
◆ 2023 : 22 victoires (265 courses)
◆ 2024 : 16 victoires (122 courses)
◆ 28 victoires pour Benoît Carpentier
◆ 4 victoires pour Charles-Antoine Mary
◆ 3 victoires : pour Arnaud Morin et Guillaume Cardine
◆ 1 victoire : pour Noël Langlois, Franck Terry, Anthony Dollion, Pierre-Louis Desaunette, Franck Leblanc, Daniel Béthouart, Bastien Joseph, Nicolas Raimbeaux, Emmanuel Varin et Luc Gaborit
Mais au-delà de ses craintes et appréhensions légitimes, comment envisage-t-il la suite concrètement ? "On en a discuté avec Benoît, avance-t-il, qui me fait driver de plus en plus en province, une discipline où je dois progresser, ce qui se fera en courant davantage. Pour le moment, je n'envisage pas de changer d'environnement." "Pour moi, ça ne va rien changer, prolonge son patron. J'ai une écurie composée de pas mal de chevaux montés et je vais continuer à faire appel à Marius pour les monter." Dès qu'il aura atteint ce fameux cap, se posera entre autres une question dont Marius Durville a déjà parlé avec ses proches, ses parents comme son patron : celui du recours à un agent. "On en a discuté mais, pour le moment, aucune décision n’a été prise. Je n'ai pas non plus été sollicité jusqu’à maintenant", confie-t-il.