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Les grands stylistes : de Workaholic à Pearl Queen | LETROT
Série de l'été

Les grands stylistes : de Workaholic à Pearl Queen

26/07/2024 - PORTRAITS - SETF - Jacques Pauc
Nous vous proposons pendant tout l'été de retrouver les grands champions qui ont construit la légende du Trot. Chaque vendredi, nous publions un article sur un cheval d'exception. Nous poursuivons la rétrospective des grands stylistes avec Pearl Queen.
Pearl Queen ©Scoopdyga - Pearl Queen
Workaholic ©DR - Workkaholic

PEARL QUEEN: INVAINCUE À 3 ANS 

En parlant de Workaholic, on en arrive à sa petite-fille Pearl Queen 1’11’,’ qui a réussi l’exploit unique en France de demeurer invaincue au plus haut niveau à 3 ans (classiques et semi classiques), remportant quatorze victoires en autant de sorties ! Avant elle, tous les jeunes classiques avaient été battus au moins une fois à cet âge, de Toscan à Hadol du Vivier. Déjà, à 2 ans, Pearl Queen avait déjà montré sa classe, s’imposant dans le Prix Polyxo, terminant deuxième de Pretence dans le Prix Vourasie, puis sixième du Prix Une de Mai . « Ce jour- là, raconte Thierry Duvaldestin, je marchais sur les autres pour finir et je m’étais dit que j’avais peut-être alors la meilleure de sa génération. » Qualifiée le 26 juillet 2005 à 2 ans en 1’19’’9 à Caen, Pearl Queen signa quatre victoires en sept sorties à cet âge. « C’était une pouliche pleine de sang, très sérieuse, ne faisant jamais de faute, trottant dans son sillage et férrée léger, n’étant pas compliquée d’allures. » dira son mentor. 

De son année d’invicibilité Thierry Duvaldestin se rappelle : « Elle a tout gagné, incroyable ! Dans le Critérium des Jeunes, déjà dans le dernier tournant elle dominait Prince D'espace, puis dans le Prix Albert Viel, déférée des quatre pieds pour la première fois, elle réalisa l’exploit de trotter 1’12’’6 (2700 m GP), gagnant arrêtée ! Elle fit un drôle de truc ce jour -là. Dans le Prix de l’Étoile, ce fut facile aussi dans le Championnat Européen des 3 Ans. Pearl Queen gagna sûrement mais Popinée de Timbia nous talonnait à la fin. C’est dans le Critérium des 3 Ans qu’elle remporta son succès le plus difficile, devant Popinée de Timbia. Elle dut lutter ce jour-là et mit son coeur sur la piste, se montrant courageuse. Puis elle fut battue une ou deux fois en janvier et février, au début de ses 4 ans, avant de gagner nettement le Prix de Sélection. J’allais devant pratiquement à chaque fois, car elle était courageuse et pas fautive, et puis elle dominait sa promotion. Mais son problème de gorge avait commencé cet hiver-là déjà. » 

De cette série victorieuse, on retiendra surtout son succès dans le Critérium des Jeunes où elle marqua sa domination sur les mâles et les femelles de sa promotion (dominant aisément Phlegyas et Pirogue Jenilou) puis bien sûr sa victoire brillante en 1’12’’6 (2 700 m-GP) fut marquante. Comme celui du Prix Albert Viel (ex Prix Capucine) où elle ne laissa aucune chance à Prince d’Espace et Picsou Du Pommeau. Ensuite sur le mile à Enghien dans le Prix Henri Cravoisier, présentée férrée des quatre pieds (alors que plupart du temps elle était déférrée des postérieurs, et seulement des quatre pieds dans le Prix Albert Viel et le Critérium des 3 Ans), elle trotta en 1’12’’ pour battre Genny Di Jesolo et Passiflore Du Rib. Et un peu plus tard dans l’été, Pearl Queen abaissa son record à 1’11’’9 (2150 m-GP-départ volté) dans le Prix de l’Étoile, s’imposant brillamment devant Pad D'urzy et Popinée de Timbia

Inutile de dire qu’il faudra un sacré trotteur à l’avenir pour réussir une telle série dans les plus grandes épreuves de la génération des 3 ans avec une passe de cinq Groupes I ( le Prix de Sélection venant à 4 ans). De fait, si Pearl Queen n’avait pas le brio d’Ozo ou l’abattage de Masina, pour sa classe, son sérieux, son allure parfaite et son courage, cette petite jument (1m57) mérite de figurer parmi les grandes juments du trotting Français, la classe d’un cheval ne se mesurant pas en centimètres.

OPERÉE DE LA GORGE 

Mais malheureusement, toutes les séries ont une fin et celle de Pearl Queen s’acheva le 6 janvier 2007. Elle venait de prendre 4 ans et dans le Prix de Tonnac Villeneuve (2 175 m-GP-1’11’’8) elle dut s’incliner à la fin face à Prince d’Espace puis contre sa compagne d’entraînement Popinée de Timbia peu de temps après sur les 2 850 mètres de la grande piste de Vincennes dans le Prix Charles Tiercelin (toutes deux rendant 25 mètres). De courtes défaites honorables, prélude à sa victoire (de bout en bout) dans le Prix de Sélection (déferrée des quatre pieds) où Pirogue Jénilou et Popinée de Timbia retrouvèrent leur rang de dauphines.

Cette victoire ayant été suivie de deux autres succès dans les Prix Paul Leguerney et Gaston de Wazières, épreuves préparatoires au Critérium des 4 Ans, Pearl Queen partit favorite de ce classique. Mais tout en figurant elle dût se contenter de la cinquième place sans avoir jamais pu faire illusion, Pirogue Jénilou l’emportant devant Prince d’Espace et Prodigious, si Pitt Cade s’enlevait à la fin alors qu’il luttait pour les premières places. Quelque chose n’allait pas et Thierry Duvaldestin, après avoir fait examiné la jument par des vétérinaires, dut la faire opérer de la gorge. Il explique « Les examens révélèrent que Pearl Queen avait une malformation de l’épiglotte, respirant moins bien. Elle a été opérée de la gorge deux fois après le Critérium des 4 Ans mais cela n’a pas réussi. Elle a certes un peu recouru par la suite mais ce n’était plus la même jument, entrant au haras à 6 ans après avoir mise au repos à mi 5 ans. » 

Pearl Queen cet hiver-là termina huitième des Prix d’Amérique (d’Offshore Dream) et de France (d’Exploit Caf), troisième des Prix de Croix et Ovide Moulinet puis elle clôtura sa carrière de course dans le Critérium de Vitesse d’Argentan (6ème en 1’11’’8) en avril 2008. Poulinière, elle a donné dix produits à ce jour. Aujourd’hui celle qui fût en 2006 la ‘‘petite reine’’ du trotting Français coule des jours heureux chez celui qui l’a façonnée, entraînée et drivée, son propriétaire Thierry Duvaldestin. Et avec un ou deux de ses rejetons, celui-ci va tenter de vivre de nouvelles grandes aventures. Même s’il a dit : « le père Noël ne passe qu’une fois ».


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