Comment intégrerez-vous les acteurs professionnels des courses ?
NH.- Nous valorisons l’expertise de la FNCH, du Trot et de France Galop, ainsi que celle des entraîneurs et autres acteurs de la filière des courses hippiques. Leur contribution est essentielle, car elle nous permet d’ancrer notre recherche dans la réalité du terrain. Sans leur collaboration, il nous serait difficile d’obtenir des résultats cohérents et pertinents pour améliorer le bien-être du cheval de course.
Qu'est ce qui vous intéresse personnellement dans ce sujet ? Quel est votre connaissance des courses ? Quel est votre cursus antérieur ?
NH.- Au risque d’être un peu cliché, je dois dire que j’ai toujours été passionnée par les chevaux et tout ce qui tourne autour. Comme ils ne peuvent pas s’exprimer verbalement, nous devons trouver des moyens pour les comprendre et interpréter leurs comportements. C’est là que la recherche en éthologie joue un rôle fondamental ! C’est pour cette raison que j’ai réalisé un master en éthologie à l’Université de Saint-Etienne, au cours duquel j’ai eu l’opportunité de réaliser un stage sur la socialité du jeune cheval de sport.
Mon parcours professionnel a ensuite été marqué par sa diversité. J’ai travaillé en Côte d’Ivoire sur un projet de conservation et d’écotourisme sur les chimpanzés sauvages. Ensuite j’ai eu la chance d’intégrer l’entreprise Royal Canin en CDI, où j’ai travaillé sur le bien-être animal en tant que responsable d’équipe. J’ai choisi de quitter ce poste pour réaliser ce projet de doctorat qui me tient à cœur. Ces expériences variées m’ont permis d’acquérir des compétences diverses et complémentaires que je peux aujourd’hui mettre à profit dans le cadre de ma thèse.
Personnellement, je suis également cavalière depuis mes 8 ans et j’affectionne tout particulièrement le travail du jeune cheval.
Dans quelle structure travaillerez-vous le plus directement (INRAe, IFCE, SETF, France Galop, FNCH) ?
NH.- Je suis basée dans les bureaux de l’INRAe à Nouzilly (37) au sein de l’UMR Physiologie de la Reproduction et des Comportements, dans l’équipe Cognition Ethologie et Bien-être animal. J’évolue donc la majorité du temps proche de mes deux encadrantes de thèse, qui travaillent toutes deux pour l’IFCE. J’échange de façon hebdomadaire avec la FNCH, la SETF et France Galop et nous avons des réunions plus formelles tous les mois.
Enfin, une grande partie de mon travail se déroule sur le terrain, dans les centres d’entrainement, situés un peu partout en France.
Est-il prévu de distinguer le trot du galop lors de votre travail, avec l'élaboration de deux modèles distincts ?
NH.- Les trotteurs et les galopeurs représentent deux modèles distincts dans l’univers des courses hippiques, chacun ayant sa propre génétique et un mode de gestion spécifique, soumis à des critères différents. Notre objectif est donc de prendre en compte cette distinction lors de l’analyse de nos résultats.
Cette approche nous permettra de dresser un état des lieux plus précis des conditions de vie et d’entrainement des chevaux de courses en France, en mettant en lumière les particularités de chaque filière, trot et galop. En comprenant mieux les spécificités de chacun, nous pourrons envisager, si nécessaire, des solutions d’amélioration adaptées et pertinentes pour les différents acteurs impliqués dans ces filières.
Une thèse pour en savoir plus sur le bien-être équin
Comment sélectionnerez-vous la vingtaine d'écuries dans la phase 1 de l'étude ?
NH.- La sélection des centres d’entrainement est une partie importante de notre étude, et nous avions pour objectif de garantir un échantillonnage le plus représentatif possible des entraineurs en France. Ainsi, si je prends exemple sur le trot, nous avons cherché à être représentatifs en prenant en compte des critères tels que le nombre de chevaux par entraineurs, l’âge et le sexe des entraîneurs ou encore le type de structure et la région d’activité.
Pour atteindre cet objectif, nous avons travaillé conjointement avec le Dr Arnaud Duluard (trot) et le Dr Sonia Wittreck (galop). Leur expertise a été essentielle pour m’informer sur les potentiels entraineurs à solliciter et pour établir le premier contact.
Bien entendu, je me rends exclusivement chez les entraîneurs ayant accepté de participer à l’étude. Leur collaboration est essentielle pour que notre recherche soit juste et pertinente.
On parle de "recommandations pragmatiques" comme l'un des produits de votre thèse. Peut-on imaginer un guide pratique d’épanouissement du cheval de course ?
NH.- Un des objectifs de ce projet de recherche est effectivement de proposer des moyens d’assurer ou d’améliorer le bien-être des chevaux de courses, par exemple en ayant recours à des enrichissements, c’est-à-dire des moyens d’améliorer le bien-être des animaux en répondant aux besoins intrinsèques de l’espèces en matière de comportement. Ces propositions se voudront à la fois bénéfiques pour les chevaux et conciliables avec les impératifs économiques, les moyens humains ou matériels des centres d’entrainements. Lors de cette étude nous allons également nous intéresser aux relations entre bien-être et performances. Les liens éventuels entre le comportement des chevaux observés dans les écuries et la récupération suite à l’effort seront également investigués de même que la qualité du sommeil des chevaux et son impact éventuel. Nous pouvons donc également envisager de proposer des outils aux professionnels pour qu’ils puissent évaluer le bien-être de leurs chevaux au quotidien et adapter leur pratique en conséquence.