"Vingt ans après, les finales gagnées par Général du Lupin sont toujours de très grands souvenirs, parmi les meilleurs de sa carrière, juge Jean-Paul Marmion. Il y avait une ambiance exceptionnelle. Je me rappelle du grand hall de Vincennes bondé dès la veille, avec les stands, une fanfare, etc. Tout le monde faisait la fête. La première de ses deux victoires (en 2002) a été la plus forte. Ce sont des marqueurs de la carrière d’un cheval exceptionnel, comme l’est d’ailleurs à mes yeux Ino du Lupin."
Ino du Lupin, le successeur
La transition est toute trouvée avec celui qui sera parmi les chevaux les plus en vue dimanche dans une finale où la génération des 6 ans, déjà dominatrice lors des étapes avec huit succès, dont trois pour le seul Igrec de Celland (Django Riff), s'annonce encore redoutable avec 9 des 14 partants. "C’est le digne successeur, poursuit l'entraîneur. Il a un an d’avance sur "Général" qui, à la fin de son année de 6 ans, devait avoir gagné 80.000 €, avait couru à 50 reprises et avait été disqualifié je ne sais plus combien de fois (N.D.L.R. : 23 disqualifications). À la même période, "Ino" a disputé 31 courses, en a gagné 20 et pris plus de 530.000 €."
Si on veut faire la différence, je pense qu’il va falloir attaquer d’assez loin.
Pour autant, Ino du Lupin doit encore faire ses preuves dans le tour de France des trotteurs, dont il n'a disputé que deux seules étapes, au Croisé-Laroche, au printemps où il a été devancé par Ibiki de Houelle (Love You), le grand absent de cette finale, et au Mans, en septembre, pour sa rentrée après un break de trois mois. Jean-Paul Marmion reconnaît cependant avoir hésité avant d'aligner son nouveau champion dimanche. Est-ce alors le lien entre la casaque marron et le circuit qui a fait pencher la balance du côté d'une participation à la finale ? "Ce n’est pas tant en raison qu'il s'agit de la finale du GNT et de mon histoire avec cette course que je me suis décidé à courir, explique-t-il. C’est avant tout une belle course à gagner. Mon cheval avait un bon engagement quinze jours plus tard qui aurait été plus facile. Mais je me dis qu’il faut qu’on l’endurcisse si on veut l’améliorer. Notre but maintenant avec lui est vraiment de l’endurcir. Il en a besoin, je pense, si l’on veut monter d’un cran." Or, c'est bien l'intention de Jean-Paul Marmion de se frotter - dans la mesure du possible en raison du statut de hongre de son cheval - aux meilleurs à l'avenir. "Ce que je pensais de lui l’an dernier, il y arrive gentiment et ce afin d'attaquer les meilleurs plus tard, avance-t-il. D’ici un an, il n’aura pas le choix."
Mais l'actualité est bien cette finale qui ne s'annonce pas comme une partie de plaisir pour ses concurrents. "J’ai aussi hésité à courir car, si les chevaux de tête trottent un petit 1'12’’, je ne vois pas bien comment on va pouvoir leur rendre la distance, poursuit Jean-Paul Marmion. Je ne sais pas si on est capable de marcher en dessous de 1’11’’5. Je me suis décidé car le premier échelon n’a pas fait le plein, avec huit partants. Le nôtre ne part pas très vite et se retrouve souvent en queue de peloton au début. Il partirait vite, je pourrais dire qu’il va recoller assez rapidement et se faire ramener assez facilement. Mais la mise en jambes est son petit défaut, son point faible. À mon avis, la côte va être passée extrêmement vite. Or, la force d'"Ino" est d’être bon en montant. À mon avis, si on veut faire la différence, je pense qu’il va falloir attaquer d’assez loin."
La finale est aussi leur course
Si l'histoire qui lie la finale du Grand National du Trot et Jean-Paul Marmion est riche, que dire alors de celles de Jean-Michel Bazire et Jean-Michel Baudouin ? Le Sarthois est le professionnel qui l'a remportée le plus de fois, que ce soit en tant que driver, dont deux pour le compte de son confrère angevin, ou en tant qu'entraîneur, avec neuf mentions dans chaque catégorie ! Dimanche, celui qui a passé la main depuis le début du meeting d'hiver à Nicolas, son fils, pour l'entraînement (il n'a plus que des "N" déclarés dans son effectif), peut améliorer ses statistiques déjà exceptionnelles comme pilote au sulky d'Ibiscus Man (Booster Winner).
Au contact de "JMB", l'autre "JMB", Jean-Michel Baudouin, est aussi devenu un fervent adepte du circuit dont il est d'ailleurs le tenant du titre avec Gaspar d'Angis (Quaro). Tout en établissant un nouveau record dans le circuit (six étapes et donc la finale), ce dernier s'inscrivait dans la lignée d'Ulster Perrine (Ténor de Baune), vainqueur en 2015, et Oasis Gédé (Buvetier d'Aunou), lauréate en 2008 et 2009.
Parmi les autres partants de dimanche, Éric Raffin est le plus titré ensuite. Il compte en effet trois victoires, avec le déjà cité Gaspar d'Angis, Cleangame (Ouragan de Celland) et Rapide Lebel (Ginger Somolli). Ce dernier était pour le compte de Sébastien Guarato, le tandem comptant cette année sur It's A Dollarmaker (Saxo De Vandel).