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Sulky Américain : sur le principe du banc d'essai | LETROT
Dossier #2

Sulky Américain : sur le principe du banc d'essai

03/10/2024 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
L'entrée du sulky américain, dans une version allégée, en janvier dernier dans le paysage du trot français n'est pas qu'une simple nouveauté commerciale. Le matériel introduit avec lui une position spécifique pour ses utilisateurs drivers, décalés vers l'arrière du pont. Les victoires signées avec son sulky américain depuis par Eric Raffin, et d'autres aussi, ont fait le relais en termes de communication. Après avoir donné la parole aux pilotes qui l'utilisent ou l'ont testé dans le volet #1 de notre dossier, notre deuxième volet propose un comparatif, une pratique commune dans la presse automobile par exemple, entre le sulky dit américain et le sulky classique, lequel a connu aussi des évolutions.
sulky américain ©Aprh
Sulkys américains U.F.O. en Italie Sulkys américains U.F.O. en Italie - © G. Forni/Rosselini

Le 117ème sulky homologué par la SETF

C’est le 25 janvier 2024, lors de la parution du Bulletin Officiel n°4 de 2024, que la SETF a délivré son agrément au modèle Yankee de la société finlandaise Finntack. Il s’agit du 117ème modèle de sulky homologué en France.

Un produit au cœur d'une bataille commerciale

Le sulky est devenu plus que jamais un paramètre incontournable dans la construction d'une victoire. Le fameux effet levier "antigravitationnel" qui optimise la propulsion créée par le sulky américain n'a pas laissé la concurrence immobile. Absent du marché du sulky américain, le numéro 1 européen du marché, le Finlandais Custom, développe une approche parallèle. Son dirigeant Jussi Peltonen nous apprend ainsi : "Tout d'abord, je tiens à préciser que l'unique sulky américain comporte des caractéristiques bien précises. La structure doit être fabriquée d'un seul tenant, généralement en acier, et la mesure entre les traces de roues doivent être de 135 cm. La mesure entre les brancards au niveau des cale-pieds de 105 cm maximum et le siège est décalé du pont pour être plus proche de la corde, à gauche principalement dans les pays scandinaves. Ils sont autorisés uniquement dans les épreuves avec un départ à l'autostart. Nos sulkys Chrono et Multicarbone IV, régulièrement utilisés en France, sont détenteurs de nombreux records dans le monde depuis déjà plusieurs saisons. Ils possèdent plusieurs réglages au niveau du pont et du siège, qui permettent aux professionnels de gagner en aérodynamisme et procurent un effet de propulsion avec une position du driver plus allongé." Ce constat de position également reculée sur les sulkys classiques, avec son effet propulsion en corollaire, est par ailleurs évoqué par Alexandre Abrivard (lire plus loin).


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Un succès commercial pour Finntack
Modèle développé pour l’Europe, en lien avec la réglementation de ces pays, on compte actuellement 40 sulkys Finntack Yankee en France, Suisse, Espace, Italie et Pays-Bas. 30 sulkys sont en commande en France et seront livrés dans les prochaines semaines.
Quelques utilisateurs français
Tous ont investi dans un sulky américain : Eric Raffin, François Lagadeuc, Thierry Duvaldestin, Philippe Allaire, Dominik Locqueneux, Arnaud Chavatte.

© ScoopDyga © ScoopDyga

L’histoire du sulky américain d’Eric Raffin commence… en Suède

Le sulky noir d’Eric Raffin que l’on voit en France a été livré au professionnel en Suède lors du week-end de l’Elitloppet, les 25 et 26 mai derniers. La prise de contact s’est donc déroulée sur l’anneau de Solvalla. Et elle s’est bien passée se souvient le pilote qui nous apprend : "La première fois que j’ai drivé avec mon sulky, cela s’est soldé par une victoire avec Oriana Boko (Father Patrick) dans la Breeders Crown 3 Ans pouliches durant le week-end de l’Elitloppet à Solvalla. Un bon souvenir."

Témoignages de professionnels

Alexandre Abrivard veut se forger une opinion
Il fait partie des possibles futurs utilisateurs du sulky américain mais Alexandre Abrivard demande, à ce stade, à encore tester le produit. Il nous déclare : "Je n'ai presque pas de recul avec le sulky américain. Nous n'en avons pas actuellement à la maison mais il y en a un en commande qui devrait bientôt arriver. J'ai eu l'occasion de l'utiliser en Suède et en Italie. Comme la pointe des pieds est simplement posée sur la palette, cela demande un réglage précis pour être bien en équilibre. Avant le sulky américain, nous reculions déjà nos sièges et baissions le pont du sulky pour gagner en vitesse et être plus aérodynamique. Nous allons l'utiliser dès qu'il arrivera à la maison. Je ne suis pas certain qu'il convient à un cheval steppeur sur les 2.700 de la grande piste mais il devrait bien correspondre pour les chevaux plus faciles dans les allures. J'ai besoin de me faire mon idée dans les prochaines semaines."


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La synthèse de Gabriele Gelormini, utilisateur averti
"Je suis un adepte du sulky américain depuis longtemps en Italie et en Suède. Le sulky que nous utilisons désormais en France a l’avantage d’avoir les brancards en carbone et d’être plus léger que les "traditionnels américains". Notre position nous oblige à avoir un contact différent avec la bouche du cheval et j’ai l’impression que cela donne plus d’envie à nos chevaux de prolonger leurs efforts sans pour autant utiliser davantage la cravache. Il est moins adapté pour les chevaux compliqués car vous êtes plus loin de la bouche."

Romain Derieux a passé commande
Grand voyageur, Romain Derieux connaît désormais l’Europe du Trot comme sa poche. Avec son champion Go On Boy (Password), actuel leader de l’UET Elite Circuit, il a souvent affronté des rivaux équipés d’un sulky américain. Il vient de s'imposer avec un son champion à Mons avec un modèle américain et nous apprend : "J’avais travaillé Go On Boy avec un sulky américain à la maison avant de le présenter comme cela à Mons (N.D.L.R. : dans le récent Grand Prix de Wallonie). Je me sens assez bien dedans même si j’ai encore besoin d’effectuer des réglages. La position me convient. À Mons, nous avons fait la course en tête et les conditions étaient donc très favorables. Je pense que Go On Boy aurait gagné avec un autre sulky. Je l’ai commandé pour mon écurie et je pense qu’il pourra s’adapter à la grande majorité de mes chevaux. Je pense que cela va nous permettre d’évoluer et de moins solliciter nos chevaux à la cravache en fin de parcours."

Une position basse

Installé en position abaissée par rapport à son homologue traditionnel, le pilote voit son horizon se réduire. C'est pourquoi, les drivers sont souvent contraints de sortir leur tête de la ligne axiale du cheval pour vraiment voir vers l'avant. Un point mis en avant par Eric Raffin : "Le principal changement pour les drivers, outre la position arrière, est la vue. Le siège du sulky est tout de même plus bas et nous oblige à nous pencher pour voir les concurrents qui nous précèdent. Cela nous demande plus de concentration et de vigilance dans un parcours. Personnellement, je préfère être aux avant-postes avec ce sulky."


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