Deuxième épreuve qualificative aux Prix d’Amerique Legend Race, Prix de France Speed Race et Prix de Paris Marathon Race, le Prix du Bourbonnais est à la fois une étape de transition pour les chevaux déjà qualifiés mais aussi une opportunité en or pour les challengers de se frotter aux principaux protagonistes de l’hiver. Entre duel de légende, roi déchu ou suprématie confirmée, tous les scénarios se sont déroulés dans cette épreuve au palmarès exceptionnel.
Ultra Ducal, le tombeur du « Ténor » en route vers le Prix d’Amerique
Au début des années 1990, un seul trotteur occupait les esprits :TENOR DE BAUNE. Il est invaincu, semble invincible. Il gagnera même l’Amérique sans avoir été défait une seule fois, un exploit qu’on ne reverra surement jamais. Mais même les invincibles sont faits pour perdre un jour, mais pour cela, il faut un autre trotteur de très grand talent. Ce trotteur, c’est ULTRA DUCAL qui défait le « Tenor » deux semaines après le Prix d’Amérique dans le Prix de France. Le champion chute, un autre prend sa place.
Ultra Ducal, élevé, entraîné et drivé par Paul Viel (il porte aussi sa casaque) a toujours fait partie de l’élite de sa génération. De 3 à 5 ans, il a toujours montré toute l’étendue de son talent. Au moment de sa participation au Prix du Bourbonnais 1991, il a déjà remporté pas moins de six Groupes 1 dont le Prix de France et le Prix de Paris. Avec Ursulo de Crouay, il est le cheval de classe de sa génération et a prouvé à de multiples reprises qu’il pouvait regarder ses ainés dans le blanc des yeux l’hiver précédent. Récent second du Prix de Bretagne, il s’élance dans ce Prix du Bourbonnais au poteau des 25 mètres. De nombreux cadors comme Reve d’Udon ou Verdict Gédé ne sont pas présents au départ, mais il retrouve son rival de toujours, URSULO DE CROUAY ou celui qui l’a devancé trois semaines plus tôt dans le Prix de Bretagne, Ukir de Jemma.
Au départ, Paul Viel prend ses précautions, un accrochage au premier poteau fait perdre du temps à de nombreux concurrents. Il ferme la marche une bonne partie de la course, mais à 800 mètres de l’arrivée, Ultra Ducal fait le tour de ses adversaires en sixième épaisseur, grillant la politesse à son rival Ursulo de Crouay. Il parvient au prix d’une terrible accélération à se rabattre dans le tournant devant ses adversaires. Il file ainsi au poteau et affirme son statut de favori pour le dernier dimanche de janvier. Mais ce jour-là, il est battu par VERDICT GEDE sur un sprint. Paul Viel déclarera quelques années plus tard : « Je pense que le pilote a été plus responsable que le cheval. Il fallait y croire davantage, se mobiliser, lancer toutes ses forces dans la bataille […] Je me suis fait bluffer par Verdict (Gédé) qui courait pieds nus pour la première fois… » (Trotteurs de Légende, par Pierre Joly – 1998).
Super Light et Mara Bourbon se partagent la victoire
En 2005, la nouvelle diva du trot français se nommeMARA BOURBON. Au sein d’une génération où figure le crack MEAULNES DU CORTA, la protégée de Jean-Pierre Dubois se défend à chaque fois corps et âme. Une régularité au plus haut niveau qui incite son entraîneur à la présenter face à ses ainés dans les épreuves qualificatives au Prix d’Amerique. De son coté, le suédois SUPER LIGHT est un trotteur bien connu des turfistes français. Véloce, il a signé de nombreux succès sur la cendrée parisienne et fort d’une campagne 2004-2005 réussie au plus haut niveau, son entourage retente l’aventure le meeting suivant.
Au départ de la course, un plateau digne du dernier dimanche de janvier se présente, pour ne citer qu’eux : Jag de Bellouet, Kesaco Phedo, Jardy, Ilster d’Espiens, Kazire de Guez ou encore Gigant Neo s'alignent au départ avec des ambitions claires de victoire. Rapidement en tête du wagon de la troisième épaisseur, Mara Bourbon parvient à contourner le peloton et voit arriver Jag de Bellouet à son extérieur. Ce dernier luttera de nombreux hectomètres pour faire abdiquer la belle Lady d’Auvrecy alors que Kesaco Phedo est en embuscade.
Lorsque les chevaux entrent dans la ligne droite, Mara Bourbon peut s’exprimer, et prend l’avantage. Mais tout à coup, un petit cheval bai vient encore plus vite à son extérieur, Super Light. Vu tout le long de la course coté corde, loin des combats, le petit trotteur suédois fonce à plat ventre, les oreilles baissées, sur la diva de Jean-Pierre Dubois. Cette dernière réplique, et le mano à mano est magnifique entre les deux concurrents, aussi différents par le modèle que semblable dans le courage. Au passage du poteau, personne ne peut dire qui l’emporte. Après vérification de la photo finish, les deux trotteurs sont déclarés dead-heat, une première dans l’histoire de cette course. Plus tard dans l’hiver, Super Light se classera quatrième du Prix d’Amerique 2006 après le distancement de Jag de Bellouet. Mara Bourbon, à l’issue d’un parcours exécrable ne put participer à l’arrivée.
Quarla, mano à mano avec le futur petit « Roi »
Une des casaques historiques du trot français s’est illustrée également dans cette deuxième qualificative au Prix d’Amerique. Les couleurs bleu ciel et la toque orange du Comte Pierre de Montesson ont franchi le poteau en tête avec une ballerine. QUARLAréalise un début de carrière couronné de nombreux succès au niveau semi-classique. Lors de son année de 5 ans, elle approche le graal dans le Critérium des 5 ans mais, toisée par Queen’s Glory, elle effleure le sacre. Quinze jours plus tard, elle est battue d’un nez par Quille Castelets dans le Prix de Normandie. Fort de ces podiums face aux meilleurs de sa génération, son entraîneur, Claude Campain décide de tenter l’aventure dans les épreuves qualificatives au Prix d'Amérique.
Elle obtient une très convaincante deuxième place dans le Prix de Bretagne derrière Orlando Sport. La suite du programme semble logique, la fille d'Extreme Dream va devoir confirmer dans le Prix du Bourbonnais. Et dans celui-ci, le plateau est de taille. Le tenant du titre du Prix d’Amerique est présent, comme Olga du Biwetz ou Première Steed.
Bien partie, Quarla relaie à l’amorce de la descente Oyonnax, alors annoncé comme simple outsider. Personne n’ose attaquer la partenaire de Franck Nivard qui imprime un train régulier. Paris Haufor s’y essaie à l’amorce du dernier kilomètre et lui porte une sérieuse estocade. Mais la jument du Comte Pierre de Montesson résiste et contre, si bien qu’à l’entrée de la ligne droite, elle repart de plus belle. Mais le danger est vêtu de rose, et il est nommé Oyonnax qui a attendu son heure dans le sillage de la leader. Le duel est magnifique entre le mâle et la jument. Au passage du poteau, l’écart est minime, personne ne sait qui a gagné. Hormis Franck Nivard qui lève le bras, sûr de son fait. L’histoire lui donne raison, et Quarla vient de se dessiner un chemin tout tracé vers le Prix d’Amerique 2010. La faute à un parcours execrable, elle ne peut participer à l’arrivée, au contraire de son dauphin dans le Bourbonnais, Oyonnax, qui remporte la "Belle" à plus de 100/1, comme le disait si bien Pierre-Joseph Goetz, « c’est la victoire des petits ! »
En 2017, BOLD EAGLE est déjà double vainqueur du Prix d’Amérique, s’imposant à chaque fois dans des éditions mémorables. En 2017, le crack de Pierre Pilarski a connu deux échecs. Le premier à Solvalla dans l’Elitloppet. Après avoir pulvérisé le record d’Europe dans sa batterie, il ne finit que 4e dans la finale (3e désormais avec la disqualification de Propulsion). Trois mois plus tard, il est battu par le meilleur hongre du monde dans le Prix d’Eté, Aubrion du Gers. Deux défaites qui font planer le doute, mais cette fois-ci, dans le Prix du Bourbonnais, les hongres ne peuvent pas courir. Mais un autre challenger veut s’inviter à la fête.
Protégé de Philippe Allaire, BIRD PARKER a toujours évolué dans l’ombre du super crack. Souvent placé face à l’élite à Vincennes, son entourage décide de faire un périple à travers le Vieux Continent en prenant part aux épreuves du Tour Européen. C’est un succès total : il remporte les 4 étapes auxquelles il participe et arrive sur le meeting d’hiver avec un moral au beau fixe et des ambitions très claires : la qualification pour le Prix d’Amerique.
Au départ, de nombreux grands chevaux sont présents, Ringostarr Treb, BelinaJosselyn, Lionel ou encore ValkoJenilat sont de la partie. Proposé à la côte de 37/1, Bird Parker est délaissé par les turfistes qui le voient seulement comme un second couteau malgré sa récente 4e place dans le Prix de Bretagne. Le partenaire de Jean-Philippe Monclin donne tort à tout le monde. Rapidement placé dans la première moitié du peloton, Bird Parker prend le dos de BoldEagle lorsque ce dernier décide de porter son estocade à 800 mètres du but.
Lorsque les chevaux entrent dans la ligne droite, Bold Eagle ne semble pas aussi suprême que l’hiver dernier et l’élève d'Elisabeth Allaire prend le dessus à mi-ligne droite, l’emportant avec un réel brio. Deux mois plus tard, Bird Parker se classera sixième (5e après le distancement de Propulsion) dans le Prix d’Amérique après une autre victoire, dans le Prix de Belgique cette fois-ci. Il s’illustrera également dans le Prix de Paris qu’il remporte à la manière des forts devant Belina Josselyn et Briac Dark, respectivement 4e et 5e le dernier dimanche de janvier 5 (Classés 3e et 4e après distancement de Propulsion). Un meeting réussi qui propulse Bird Parker de l’ombre à la lumière.