Fakir du Vivier, l'artiste
Port de tête majestueux, encolure de cygne, FAKIR DU VIVIER avait un physique à nul autre pareil, un style inimitable, donnant l’impression de danser sur la piste, et une classe époustouflante ; d’ailleurs, s’il péchait, parfois, c’est par excès d’impétuosité. 1974 est l’année de son Critérium des 3 Ans, qu’il domine d’un bout à l’autre, sans partage. Ses dauphins sont FORT D'ORANGE, la pouliche FLORIDE et le premier leader de la promotion, FRANC QUITO, vainqueur du Critérium des Jeunes et du Prix Capucine, aujourd’hui Prix Albert Viel, et, bientôt, dans l’autre spécialité, du Prix de Vincennes.
Mais c’est Fakir du Vivier qui, désormais, est le chef de file de sa génération, une place qu’il n’abandonnera plus. Déjà, trois mois plus tôt, il avait fait sensation dans un Prix de l’Etoile, où ses aînés, pourtant réputés, ESPOIR DE SEE, DAMARETE et EBBON, n’avaient pu lui rendre cinquante mètres. Fakir du Vivier gagnera encore le Critérium des 4 Ans, le Critérium Continental, le Prix de Sélection, deux fois, ou encore le Grand Prix d’Europe, en Italie, sans oublier un mémorable Prix René Ballière, où, drivé par son entraîneur, Pierre-Désiré Allaire, il tint tête, tout au long de la ligne droite à BELLINO II, trotteur phénomène s’il en est, auquel il infligeait ainsi sa première défaite, en trois ans, à Vincennes, à poteau égal. Fakir du Vivier sera aussi quatrième, deuxième, puis troisième du Prix d’Amérique. Remarquablement né, en tant que fils de Sabi Pas et de la matrone Ua Uka –mère de l’autre crack que fut HADOL DU VIVIER, au palmarès de l’édition 1976 du Critérium des 3 Ans–, Fakir du Vivier allait devenir un étalon de premier plan, numéro un des pères de gagnants en 1994, après s’être régulièrement classé dans le « top-5 » au cours des saisons précédentes. Sa lignée mâle est continuée, au premier chef, par son petit-fils, COKTAIL JET et par les descendants de celui-ci ; il est, pareillement, un remarquable père de poulinières.
Orco, le tombeur du futur roi Ourasi !
En 1983, OURASI, qu’on ne surnomme pas encore le « roi fainéant », a 3 ans et est déjà considéré comme le meilleur sujet de sa promotion. Il a remporté le Critérium des Jeunes et part favori du Critérium des 3 Ans. Il a, cependant, un vrai rival en ORCO, sujet précoce, quatre fois victorieux à 2 ans, notamment dans les importants Prix Louis Cauchois et Emmanuel Margouty, et qui s’est ensuite entrebattu, non sans réussite, avec l’élève de Raoul Ostheimer. Et, dans le Critérium des 3 Ans, c’est bel et bien Orco qui va se distinguer, prenant d’emblée le commandement pour ne plus le quitter. Ourasi marqua, pourtant, son rival, tout au long du parcours, mais, à l’entrée de la ligne droite, il fut décramponné, devant s’avouer vaincu et se contenter d’une honorable place de deuxième. Ce n’était certes, pas encore le très grand Ourasi, mais le mérite d’Orco n’était pas mince, pour autant, d’avoir mené sa tâche à bien.
Hormis le fait d’être drivé par le talentueux Gérard Mascle, Orco était l’œuvre d’un seul homme, l’éclectique professionnel Domingo Perea, au poste, à la fois, d’éleveur, de propriétaire et d’entraîneur. Orco était, en outre, issu de Carlo d’Orsay et d’une poulinière par Panipa, deux autres chevaux frappés du sceau de Domingo Perea. Ce dernier peut, du reste, se targuer d’avoir entraîné des gagnants de Groupe 1 dans toutes les disciplines des courses. Effectivement, davantage connu, encore, au galop, il y a préparé, entre autres, un vainqueur du Grand Steeple-Chase de Paris, en Piomarès, et un autre de la Grande Course de Haies d’Auteuil, en Ketch, tandis qu’il eut une championne en plat en Prodice, gagnante du Prix Saint-Alary et deuxième du Prix de Diane. Chapeau !
Lazio du Bourg brise la glace
Lorsqu’elle s’impose dans le Critérium des 3 Ans, en 2002, à l’arrivée duquel, partie de loin, elle résiste, bravement, au rush des poulains, L'AS DE BOUSSIERES et LUCKY D'HILLY, la pouliche, LAZIO DU BOURG, menée par son entraîneur, Joël Van Eeckaute, est la première femelle à dominer les mâles dans ce classique, depuis un quart de siècle. Il fallait remonter, en effet, auparavant, à la victoire d’IVORY QUEEN, en 1977, pour retrouver une « demoiselle » au palmarès de la course, celle-ci y damant le pion à son homologue, ITALIA DU PONT, et à un certain IDEAL DU GAZEAU, fameux champion du dernier quart du vingtième siècle, n’ayant pas eu, ce jour-là, le meilleur des parcours.
Ce faisant, Lazio du Bourg initiait une nouvelle ère, relançant la dynamique de son sexe dans la compétition qui nous occupe. Dans les années qui suivirent, les pouliches montèrent ainsi à nouveau, régulièrement, sur la plus haute marche du podium, qu’il s’agisse de NIKITA DU RIB, en 2004, de PEARL QUEEN, en 2006, de VANIKA DU RUEL, en 2012, d’ERMINIG D'OLIVERIE, en 2017, de GUNILLA D'ATOUT, en 2019, de HANNA DES MOLLES, en 2020, ou d’IDYLLE SPEED, en 2021. Lazio du Bourg confirmera pleinement son succès, gagnant le Groupe 1 Prix de Normandie, dans l’autre discipline, et se plaçant dans le Prix d’Amérique, pour, presque, un million d’euros de gains. Poulinière, elle a engendré le classique et étalon, ATHOS DES ELFES.