Deux ans après un premier Forum
L’AFASEC va lancer des nouveautés pour l'emploi
15/03/2024 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
On peut parler de top départ de la grande mobilisation de la filière courses sur l’emploi. Le 15 mars 2022, le Forum de l’Emploi avait réuni des acteurs hippiques venus de tous bords, mais aussi des partenaires, pour réfléchir sur l’un des enjeux d’avenir prioritaires : l’emploi. Il s’agissait alors de poser les fondations d’une attractivité des courses accrue en matière d’emploi et de remanier en conséquence la structure de son offre. Il était aussi question d’ouvrir le chantier connexe de la fidélisation de ses salariés. Un plan ambitieux, pluri annuel, est né de ce Forum. Deux ans après, l’AFASEC, centre de coordination du projet et acteur de première ligne, continue à travailler sur le déploiement des actions qui en découlent. Où en est-on en mars 2024, deux ans après, jour pour jour ?
En termes de visibilité publique, comment parler de 2023 ?
ED.- Globalement, sur les sujets de la formation et du recrutement, on a eu beaucoup de retombées médiatiques en 2023, y compris de grands médias, comme on n’avait jamais eu à l’AFASEC. TF1 par exemple est encore venu la semaine dernière sur le campus de Mont-de-Marsan réaliser un reportage. On s’est aussi associés avec "Maintenant j’aime le lundi" en diffusant des vidéos sur nos métiers. Notre direction commerciale et marketing travaille au quotidien avec des influenceurs également. C’est +30 % de retombées presse et pas seulement en presse spécialisée.
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On a parlé en début d’année dernière d’une nouvelle convention collective des courses (lire notre édition du 19 décembre). L’AFASEC a-t-elle été engagée ?
ED.- Tout à fait. 2023 a aussi été la dernière année où on a travaillé sur le rapprochement des branches et préparé la nouvelle convention collective nationale avec les associations représentantes des entraîneurs au trot et au galop. C’est un vrai sujet d’importance car on a renommé les métiers des courses qui étaient très genrés (N.D.L.R. : avec l’exemple tout symbolique de "Premier garçon" qui deviendra manager d'écurie).
Quelles nouveautés 2024 pour cette partie attractivité/recrutement ?
ED.- On va lancer ce printemps six vidéos totalement innovantes en collaboration avec la FNCH (Fédération Nationale des Courses Hippiques) dans lesquelles on fait un parallèle entre des métiers des courses et #RaceAndCare. On y met en lumière le fait que le bien-être des chevaux au quotidien fait partie de tous les métiers des courses. C’est un message qu’on laisse transparaître au travers de la présentation de six métiers des courses, au trot et au galop. Ce sont des gens que l’on suit dans l’intérieur de leur métier et qui nous montrent à quel point le bien-être équin est capital. C’est important de se positionner sur cette thématique car il y a encore de nombreux détracteurs qui nourrissent le message que les courses maltraitent les chevaux.
L’autre volet prioritaire du Forum de l’Emploi était la fidélisation des salariés. Même question : où en est-on ?
ED.- Beaucoup de choses ont déjà été lancées et réalisées mais la fidélisation sera la priorité de 2024. L’objectif de nos services est bien de recruter et donc de répondre à la demande d’emploi mais aussi de fidéliser pour diminuer le turn-over. On peut rappeler l’image souvent reprise par Guillaume Herrnberger, le directeur de l’AFASEC, de la baignoire dont on a pas mis la bonde en matière d’emploi : on a beau la remplir (avec le recrutement), elle se vide au fur et à mesure. Il faut donc montrer qu’on sait retenir l’eau. Pour cela, les actions de fidélisation du personnel des entreprises des courses sont la priorité absolue de 2024. On sait que les employeurs des courses ont besoin de conseils dans leur management et leur communication, qui impactent directement sur le sujet de la fidélisation des salariés. On sait qu’ils vont devoir changer, pour beaucoup d’entre eux, leurs pratiques. Mais ils n’ont pas toujours les clés pour changer et c’est là que l’AFASEC a pleinement son rôle à jouer.
Comment allez-vous déployer ce rôle auprès des entraîneurs employeurs ?
ED.- Pour ce faire, il nous faut d'abord disposer d'une vraie offre de formation professionnelle. L'arrivée récente de Corinne Rougeau Mauger, en tant que directrice nationale de la formation, permettra de proposer de la formation de type management et communication en accéléré à trois points d’entrée.
1️⃣ Tous les nouveaux entraîneurs qui vont passer leur licence vont être sensibilisés avec des modules de communication et de management. Tous ces potentiels employeurs de main d’œuvre auront, pour la première fois dans la filière, des notions importantes sur ces sujets. Cela s’inscrit aussi dans la réforme de la licence d’entraîneur, désormais harmonisée entre le trot et le galop.
2️⃣ Il s’agit de proposer des accompagnements à ceux qui sont en place. On propose actuellement une offre, sur tout le territoire, de quatre sessions de deux demi-journées de formation au management.
3️⃣ Cela passe aussi par l’accompagnement à la préparation du label EquuRES "Bien-Être au Travail". Nous avons travaillé avec des représentants des entraîneurs à l’élaboration d’un volet social dans ce label. Tous les employeurs qui sont intéressés par ce label, qui est une sorte d’outil et d’aide à l’organisation, et qui réalisent un autodiagnostic gratuit en ligne. Ils sont une cinquantaine à ce jour à avoir réalisé cet autodiagnostic en ligne.
ED.- (suite) Ces cinquante demandeurs se sont vu offrir une formation en management. Une telle formation a été organisée à Deauville, une prochaine est prévue à Chantilly.
Le label EquuRES "Bien-Être au Travail" nous permet d’aller évaluer dans les entreprises là où les problématiques rencontrées sont les plus fortes et être en mesure de diminuer les écarts. On n’est pas dans un positionnement de contrôle mais dans une dynamique d’accompagnement et de soutien pour une amélioration continue. C’est très bien reçu.
L’AFASEC intervient en tant qu’évaluateur et a formé et positionné 16 évaluateurs sur ce label "Bien-Être au Travail". Il s’agit au final de parler de l’expérience collaborateur que peut proposer l’entreprise. C’est bien sûr un gap énorme avec la plupart des écuries de courses qui sont des TPE dans une vision très agricole. Il faudra pourtant passer par cela pour se différencier. Et les différences ne tiennent souvent pas à grand-chose pour entrer dans les nouveaux standards. Ceux qui l’ont fait disent qu’ils reçoivent de nouveau des candidatures. Tout l’enjeu est de se dire qu’il faut travailler sa marque d’employeur pour donner aux autres envie de nous rejoindre et ceux qui sont en place de rester.
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Le marché du travail des courses évolue finalement à l’image de la société ?
ED.- On peut dire cela. Dans cet esprit, on a lancé une offre de service pour répondre à une demande forte de la part des salariés de pouvoir évoluer en autonomie, hors du cadre salarié/patron. C’est une envie de flexibilité et d’indépendance qui séduit beaucoup. Nous avons donc mandaté l’Institut du Droit Equin pour étudier la possibilité dans la filière hippique de travailler sous la formule travailleur indépendant. Il s’avère que le statut d’autoentrepreneur, pour lequel optent beaucoup de personnes au trot, sous le régime agricole, n’est pas possible. Le régime de la micro-entreprise est interdit dans notre contexte agricole.
Mais comme il nous faut répondre à cette nouvelle forme d’emploi, nous nous sommes associés avec QAPA, une agence d’intérim digitale. Nous avons négocié un accord hyper intéressant pour toutes les parties. Les travailleurs indépendants sont rattachés à un statut d’intérim légal avec toutes les garanties qui vont avec, comme la certitude de toucher son salaire. Ils bénéficient aussi d’une protection sociale plus importante, le tout avec une flexibilité maximale. De leur côté, les employeurs accèdent à un taux négocié par l’AFASEC d’une commission d’intervention de QAPA de 1,57 (contre normalement un coefficient de 2) et sont bien sûr délestés de toute la partie administrative prise en charge par la société d’intérim de gestion (déclaration d’embauche, contrat de travail, bulletin de paie, etc.). C’est l’agence d’intérim qui devient l’employeur. Cela répond aussi aux besoins des retraités des courses qui peuvent encore continuer partiellement leur activité. Cette solution est efficiente depuis janvier et a reçu un bon accueil avec déjà de nombreux utilisateurs.
Y-a-t-il encore d’autres nouveautés liées à l’emploi et à la fidélisation des salariés ?
ED.- Oui… Nous allons lancer en mai une série de 10 podcasts à destination des employeurs pour les aider à répondre aux grandes questions dont ils ont à faire face dans le domaine des ressources humaines [lire plus loin].
Parmi nos réflexions sur 2024, il y aura celle de créer une sorte de centre d’écoute pour différents publics, à l’image de ce qu’il s’est fait en Grande-Bretagne avec "Racing Welfare".
L’Afasec lance les podcasts "Ressources Humaines" le 18 mai
Sachant que chaque employeur est à la recherche des outils et leviers qui pourraient lui venir en soutien en matière de ressources humaines, l’AFASEC a conçu une série de dix podcasts (sessions sonores disponibles à la demande) sur le sujet. "Notre série de podcasts est là pour répondre à ces interrogations ou, au moins, apporter des pistes de réponse. Il s’agit d’éveiller les consciences et de lever les méconnaissances. Le principe est d’intégrer le fait que la gestion de l’humain est primordial pour la pérennité et la performance des écuries de courses", relate Elise David.
24h au trot.- Pourquoi avoir choisi le format podcast, et donc une communication verbale, plutôt que d’autres types (écrit, audiovisuel, etc.) ?
ED.- Pour différentes raisons. D’abord, le podcast est un format innovant, à fortiori dans notre secteur d’activité. Ensuite, c’est un format qui touche au personnel, au soi. C’est même intime dans le sens où on peut l’écouter quand on veut, où on veut. On n’est pas dans une démarche administrée, comme dans une réunion, quand on est assis autour d’une table avec plusieurs personnes. C’est un média personnel, qui peut être discret. Il laisse aussi une grande latitude de consommation : dans la voiture quand on va aux courses, dans le tracteur lors de l’entretien des pistes.
Quels en seront les principes ?
ED.- Il s’agira d’une discussion entre un expert et un professionnel. Cela permet d’avoir le regard concret d’un professionnel qui vit les courses au quotidien, avec tout ce que cela comporte de partage d’expérience, l’expertise qui couvre différents domaines : le juridique, réglementaire et bien remettre les choses dans leur contexte. Je suis partie sur l’idée d’un vrai talk, d’une discussion. On n’est pas dans de l’information descendante. Le sujet n’est pas forcément attractif qu’il faut donner envie d’écouter. Ce sera aussi le rôle de nos têtes d’affiche.
Les 10 podcasts qui vous disent tout sur la gestion humaine dans les écuries de courses !
→ 10 épisodes - Format : maximum 30 minutes
→ 1er épisode diffusé le vendredi 24 mai
◆ EPISODE 1 – Prestation de service & Interim "La flexibilité, c’est l’avenir !"
Pitch de cet épisode : parce que l’indépendance dans les courses séduit mais qu’elle revêt également de notions réglementaires qui peuvent impacter votre entreprise. Pour éclairage sur le sujet, nous vous proposons d’écouter l’avis de plusieurs experts.
◆ 1 nouvel épisode sera mis en ligne tous les 15 jours.
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