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Kesaco Phedo, champion aussi talentueux qu'attachant | LETROT
HOMMAGE

Kesaco Phedo, champion aussi talentueux qu'attachant

01/08/2023 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Késaco Phédo 1’09’’ (Caballio in Blue et Féria de Vrie, par Hêtre Vert) n’est plus. Né le 25 mars 1998, il vient de nous quitter, le 30 juillet 2023. Ce grand cheval bai, au destin hors du commun, aura marqué son temps, ainsi que les hommes et les femmes qui l’ont accompagné. Son palmarès, d’un remarquable éclectisme et d’une longévité à l’avenant, est celui d’un champion, voire d’un crack. De ceux qui appellent l’hommage.
©JLL-LeTROT - Kesaco Phedo au Défilé des Légendes, avant le Px d'Amérique Legend Race 2023 ©JLL-LeTROT - Kesaco Phedo au Défilé des Légendes, avant le Px d'Amérique Legend Race 2023
©JLL-LeTROT ©JLL-LeTROT


L’hiver suivant va être celui de son apogée, avec un succès dans le Prix d’Amérique (Groupe 1) et un autre dans le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur (Groupe 1). Késaco Phédo a 6 ans et est au sommet de son art, tant dans l’exercice de la tenue que dans celui de la vitesse. A Vincennes, il s’approprie le record de la course, en 1’12’’3, tandis qu’à Cagnes-sur-Mer, il rejoint Varenne en étant le deuxième vainqueur de la compétition, après celui-ci, à descendre sous la barre des 1’10’’ (N.D.L.R : 1’09’’6, pour le crack transalpin, et 1’09’’9, pour son homologue français.). Il faudra attendre le quatrième succès de Timoko dans l’épreuve, en 2017, sur le pied de 1’09’’5, pour voir un cheval rééditer cet exploit. Dans l’intervalle, Késaco Phédo aura remporté un second Grand Critérium de Vitesse, en 2007, à l’âge de 9 ans, peu après avoir donné la meilleure des répliques à son contemporain, Kool du Caux, dans un Prix de France (Groupe 1) demeuré dans les annales et dont le record – 1’09’’8 –ne sera égalé, puis battu qu’une quinzaine d’années plus tard.

6 Groupes 1

Le bilan de compétiteur de Késaco Phédo fait état de dix-neuf victoires, dont six de Groupe 1 (quatre à l’attelage et deux sous la selle) et sept de Groupe 2 (cinq attelé et deux monté), ainsi que de dix-sept places dans les cinq premiers, pour, pratiquement deux millions d’euros de gains (1.961.313 euros). Au total, il aura disputé soixante-douze courses, de 2 à 10 ans, soit une moyenne de huit sorties annuelles, ce qui est relativement peu.
Il est vrai qu’à partir d’un certain âge, le cheval a eu des problèmes de jambes récurrents, lesquels nécessitaient des interruptions de plusieurs mois, comme en témoigne Gérald Laville, son compagnon de route chez Jean-Michel Bazire : "C’était un cheval gentil comme tout, très attachant, avec lequel il fallait faire des pauses régulières, eu égard à ses jambes. Il va de soi qu’il a marqué ma carrière dans le métier. Je l’ai accompagné à l’étranger, à Oslo, à Solvalla, à Aby –à chaque fois, il n’a pas donné sa pleine mesure, étant disqualifié–, et j’ai été de ses grandes victoires en France. Mon patron m’a même fait le plaisir de me le confier en course, à plusieurs reprises, et j’ai gagné deux fois avec lui. Ce sont des souvenirs inoubliables !" Gérald Laville reste, d’ailleurs, le dernier à avoir vaincu au sulky de Késaco Phédo. C’était le 6 novembre 2007, à Vincennes, dans le Prix Médusa.

 

 

Qu’est-ce que « Késaco » et les « Phédo » ?

« Késaco » signifie, tout simplement, « Qu’est-ce que c’est », en patois de la Drôme, la région dont est originaire Pierre Touvais. Quant à l’affixe, « Phédo », il est familial, dans la mesure où il puise son origine aux initiales des prénoms des différents protagonistes : « P », pour Pierre, le père ; « h », pour Henri, le fils aîné ; « é », pour Elise, la fille ; « d », pour Dominique, la mère ; et « o », pour Olivier, le frère cadet.

 


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en photo ci-dessous : Gérald Laville venu saluer son champion le jour du Prix d'Amérique Legend Race 2023, tout comme Kamel Slimani (à droite)

 

 

 

 

 

Ce sont des souvenirs inoubliables ! - Gérald Laville, lad de Késaco Phédo

 

 

Gérald Laville et Jean-Michel Bazire entourent Kesaco Phédo. À droite Alec Wildenstein - © Gérald Laville et Jean-Michel Bazire entourent Kesaco Phédo. À droite Alec Wildenstein - ©

 

Une page qui se tourne

Animatrice du Haras de Brassé, dans la Sarthe, où Késaco Phédo a effectué ses dernières saisons de monte, Marion Richard nous a confié : "Avec la disparition de Késaco Phédo, c’est une page qui se tourne. Il faisait, en quelque sorte, la jonction entre le passé et le présent, comme le montre la victoire de Jasper des Charmes dans le Prix du Président de la République. Il était arrivé chez nous il y a cinq ans et le fait d’être en monte naturelle, depuis quatre ans,lui avait permis de retrouver une seconde jeunesse. Il était en forme et content d’être là, cet hiver, à Vincennes, lors du défilé du Prix d’Amérique. Mais sa santé s’est dégradée au printemps. Des problèmes pulmonaires nous ont contraints à arrêter sa saison de monte au mois de mai. Quoique sous traitement, il n’a pas réussi à remonter la pente et il nous a quittés dimanche après-midi, chez lui, au haras. C’est un grand vide de ne plus l’avoir. Personnellement, je lui étais spécialement attachée, car je l’avais connu lorsqu’il était poulain, à l’époque où je travaillais chez les Touvais. C’était donc des retrouvailles, entre lui et moi, quand il est arrivé au haras. C’est une belle et émouvante histoire."

 


Une triple contribution au plus haut niveau, en tant qu’étalon

Une fois étalon, Késaco Phédo n’a pas été en reste. Petit-fils des améliorateurs Quadrophénio 1’13’’ et Hêtre Vert 1’15’’, d’une famille maternelle frappée du sceau de l’élevage Baudron, il a servi d’alternative au « tout américain » ambiant, en tant que pur trotteur tricolore, parfaitement « franco-français ». Lucien Urano en a ainsi obtenu, tout récemment, en un croisement complémentaire, son premier vainqueur du Prix du Président de la République (Groupe 1), Jasper des Charmes 1’11’’, né des œuvres d’une fille de Coktail Jet. On lui doit deux autres lauréats classiques en Ave Avis 1’10’’, gagnant du Critérium des 5 Ans (Groupe 1), qui n’a pas lui-même une once de jeune sang américain, et Cassandre d’Em 1’13’’ m., qui a succédé à son père au palmarès du Prix de Vincennes (Groupe 1). En prolongement, on lui est redevable d’un quatuor de chevaux ayant dépassé les 500.000 euros de gains, en plus du susnommé Ave Avis, qui est quasi millionnaire. Il s’agit du trotteur étranger Caballion 1’12’’ (638.781 euros), de Bolide Jénilou 1’11’’ a.-m. (527.605 euros), de Trophée de Jaba 1’11’’ (524.490 euros) et de Boston Terrie 1’10’’ m. (500.602 euros).

Sans avoir bénéficié de la meilleure et de la plus nombreuse jumenterie, car n’ayant pas un profil génétique dans l’air du temps, Késaco Phédo s’en va, à l’âge de 25 ans, fort d’une production ayant amassé, à ce jour, quelque 17 millions d’euros. Il laisse derrière lui plusieurs fils étalons et des mères, bien sûr, dont le rôle pourrait être déterminant dans la suite donnée à son influence et à la pérennité de celle-ci.

 

 


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