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Il faut sauver le soldat "apprenti monté" | LETROT
Pleins feux sur l'Etrier - Volet 3

Il faut sauver le soldat "apprenti monté"

14/06/2024 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Dans huit jours, à Vincennes, la Journée des Champions proposera un Festival du trot monté (ou Étrier pour reprendre les codes voulus par la SETF) avec trois courses de Groupes I, toutes classiques, les trois Finales des Étrier 3 ans, 4 ans et 5 ans : Prix d'Essai, Prix du Président de la République et Prix de Normandie. L'occasion pour nous de vous proposer un dossier analytique sur la spécialité en trois volets. Dernier épisode et pas des moindres : le trot monté joue-t-il encore son rôle de vivier de jockeys et de futurs professionnels ?
La pesée à Paris-Vincennes © B. Vandevelde/SETF
La pesée à Paris-Vincennes - © B. Vandevelde/SETF La pesée à Paris-Vincennes - © B. Vandevelde/SETF

Une protection de la formation

L'un des sujets et des enjeux majeurs autour de ce problème du renouvellement du vivier de futurs professionnels est inévitablement la formation. C'est la raison pour laquelle, parmi les pistes de réflexion, s'en dessine une en rapport direct avec les formateurs. "On doit les protéger, avance Bruno Muel, pendant que les jeunes sont sous contrat en apprentissage, mais une fois aussi qu'ils sont passés pros afin d'avoir un avantage avec des garçons et des filles qu'ils ont formé. On pourrait imaginer que ces derniers aient une décharge quand ils montent pour leurs formateurs même une fois passés pros." Retenir le personnel formé dans les écuries et ne pas "perdre" une partie des apprentis dès qu'ils deviennent professionnels est un enjeu d'autant plus crucial pour une filière qui peine à répondre à ses importants besoins de main d’œuvre.

Les propositions de la Commission du Code qui devraient être présentées lors du Comité de la SETF du 15 septembre prochain intégreront nécessairement cet aspect. "Il faut absolument protéger notre formation, insiste son Président. La commission est là pour essayer de trouver la solution qui aille dans le sens de notre filière et apporter une proposition qui soit pérenne. On doit faire attention à l'avenir de ces jeunes pour les stabiliser dans les écuries." Sans occulter pour autant la réalité d'un métier par essence élitiste dans lequel tous ne deviendront pas de futurs numéros uns des pelotons, tout en veillant à éviter autant que possible qu'un grand nombre d'anciens apprentis ne soient que des étoiles filantes.

Cette réalité passe par une période de formation et d'apprentissage qui doit leur permettre de trouver toute leur place au sein d'une filière qui a besoin d'eux sur le long terme, à la fois dans les cours des écuries qui sont de plus en plus désertées en raison de contrats à mi-temps qui libèrent les apprentis l'après-midi et sur les hippodromes pour que cette spécialité continue à assurer son rôle essentiel dans l'élevage et la réussite du Trotteur Français (lire notre édition de jeudi sur le sujet ICI) tout en incluant dans ces réflexions et l'établissement de nouvelles règles l'évolution génétique des chevaux.


Sur le même thème : 50e victoire : Marine Beudard passe pro


Marine Beudard : un exemple parmi d’autres

Elle s’en passerait bien mais Marine Beudard incarne toute la difficulté de passer dans les rangs des professionnels. Le 9 février dernier, à Vincennes, en selle sur Ikuro Jiel (Qualypso Jiel), la jeune femme de 25 ans remporte la 50ème victoire de sa carrière pour un peu plus de 550 courses disputées, très majoritairement à l’Étrier. "Je souhaite continue à monter fréquemment en course et, pour cela, j’ai fait appel à un agent, réagit alors la fille de l’entraîneur Éric Beudard. Les courses en régions vont reprendre progressivement et j’espère pouvoir être régulièrement en selle dans les prochaines semaines." Quatre mois plus tard, Marine Beudard a monté 32 fois seulement depuis et voit son compteur de victoires désespérément bloqué à 50. De quoi être pour le moins désabusée même si Marine Beudard n’est pas vraiment surprise : "On s’y attend quand on passe pro. En plus, on n’a pas beaucoup de cartouches actuellement au sein de l’écurie de mon père. C’est donc encore plus compliqué. Les chevaux que je montais cet hiver, je ne les monte plus. Avant, j’allais aux courses pour les troisièmes ou quatrièmes chances même face aux pros. Maintenant, j’y vais pour la huitième et, si ça se met bien, je vais être cinquième".

"Les entraîneurs voient les filles comme étant légères et devant prendre 10 kilos de poids mort pour monter alors que ce n’est pas la réalité". (Marine Beudard)

Voit-elle une raison en particulier à cette situation ? "Dans la tête des entraîneurs, on repasse au plus bas quand on perd le statut d’apprenti et, en tant que filles, ils nous voient comme étant légères et devant prendre 10 kilos de poids mort pour monter alors que ce n’est pas la réalité, avance Marine Beudard. Je pense même que beaucoup de filles montent aussi lourd que les garçons. Et puis, une fois qu'on a 50 victoires et 300 ou 400 courses disputées, on se retrouve au même niveau qu’un Éric Raffin qui en a gagné plusieurs milliers et disputé encore plus. Le rapport qualité/prix n’est pas jouable."
Du coup, la néo-pro s’est tournée encore plus vite vers l’entraînement. "Je suis en train de passer mon stage d’entraîneur à Grosbois, nous apprend-elle d’ailleurs. Je donne la priorité à l’écurie de mon père durant la semaine, mais j’essaye de continuer à courir le week-end car j’aime cela."

 

Marine Beudard Marine Beudard - © Aprh

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