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Idao de Tillard, un Prix d'Amérique à la puissance 2 | LETROT
PRIX D'AMÉRIQUE LEGEND RACE

Idao de Tillard, un Prix d'Amérique à la puissance 2

31/01/2025 - GRAND FORMAT - 24H au Trot
Il n’y a pas que le doublé d’Idao de Tillard. Le nombre « deux » a été la clé de l’édition 2025 du Prix d’Amérique Legend Race, le coefficient multiplicateur indissociable de l’événement. Retour, en chiffres et en lettres, sur cette singulière mainmise.
Thierry et Clément Duvaldestin©Aprh - Thierry et Clément Duvaldestin

2 - Comme la passe de deux d’Idao de Tillard

En s’imposant pour la deuxième fois dans le Prix d’Amérique Legend Race, Idao De Tillard est devenu le vingt-troisième trotteur de l’histoire à pouvoir s’enorgueillir d’un tel doublé. Parachèvera-t-il ce coup de deux en un coup de trois, voire mieux, dans les années à venir ? Il en a, incontestablement, les moyens et le temps qui lui est imparti est suffisant, puisque, à 7 ans, il est en capacité, dans l’absolu, de prendre encore part quatre fois à l’épreuve.

« Lorsque 2 fait 3, puis 4… »
S’il parvient à compter jusqu’à trois, Idao de Tillard fera, alors, aussi bien que les quasi légendaires Bellino Ii, à l’honneur de 1975 à 1977, Roquépine, mêmement consacrée de 1966 à 1968, et Uranie, reine de la course de 1926 à 1928. Et, s’il venait à aller jusqu’à quatre, ce serait le phénoménal Ourasi, sur le trône en 1986, 1987, 1988 et 1990, qu’il égalerait. Quant à un éventuel cinquième titre, n’osons pas même y penser…
Mais le chemin demeure à faire, car ils sont dix-huit, avant lui, à être restés en rade, soit qu’ils aient échoué à muer le doublé en triplé, soit qu’ils n’aient pas même essayé. Dans un passé récent, Ready Cash et ses fils, Bold Eagle et Face Time Bourbon, pourtant d’authentiques cracks, n’ont pu transformer l’essai. Vainqueur en 2011 et en 2012, Ready Cash a dû s’incliner face à son contemporain et grand rival, Royal Dream, en 2013. Lauréat en 2016 et en 2017, Bold Eagle s’est vu contraint de laisser passer Readly Express, en 2018, se classant encore cinquième de Belina Josselyn, en 2019. Quant à Face Time Bourbon, victime d’un problème physique, il a quitté la compétition sans pouvoir remettre en jeu ses titres, glanés en 2020 et en 2021.


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Jamin, un précédent qui fit changer la règle
Un peu plus lointainement, Offshore Dream, gagnant en 2007 et en 2008, n’a pu que se classer sixième de son camarade d’entraînement, Meaulnes Du Corta, en 2009. Précédemment, Varenne (2001, 2002), Idéal du Gazeau (1981, 1983) ou bien Tidalium Pélo (1971, 1972) n’ont pas tenté, pour divers motifs, d’améliorer leur score. A la différence de Jamin, le gagnant de 1958 et de 1959, qui, en 1960, sera « seulement » troisième d’Hairos II et du crack italien, Tornese. A la décharge de l’élève du Haras des Rouges-Terres, le handicap de cinquante mètres qui lui était, à l’époque, réglementairement imposé, en raison de ses deux succès précédents. Un an plus tôt, il avait déjà dû rendre vingt-cinq mètres. Cette fois, c’en était trop. Jean Riaud, d’ailleurs, son mentor, ne voulut pas être de l’expédition, jugeant l’entreprise trop difficile. Qu’à cela ne tienne : Jamin courut tout de même, mené par l’allemand Gerhard Krüger, et obtint le très satisfaisant classement que l’on sait, dans un « chrono » alors record (1’19’’9). La polémique initiée par Jean Riaud ne fut pas sans conséquence et le rendement de distance fut bientôt sagement retiré des tablettes du Prix d’Amérique.Aux origines de la course, enfin, dans les années 1920 et 1930, trois champions n’ont pas manqué le triplé de beaucoup. Passeport, le lauréat de 1923 et de 1924, sera cinquième en 1925 (N.D.L.R. : il avait gagné en 1922, mais avait été rétrogradé à la troisième place pour avoir gêné deux adversaires…). Amazone B, qui empêcha Uranie de réussir la passe de quatre, en 1930, rééditera sa victoire en 1933, après une deuxième place, en 1931, et une cinquième, en 1932, en prélude à une autre place de cinquième, en 1935. L’italo-américain Hazleton vainquit, pour sa part, en 1931 et 1932, puis finit deuxième en 1934 et troisième en 1935.

2 – Comme le… trio Cyril Sevestre-Clément Duvaldestin-Françoise Chaunion

Idao de Tillard entraîne, dans son doublé, la casaque de Cyril Sevestre, la drive de Clément Duvaldestin et l’élevage de Françoise Chaunion. Aux uns et aux autres, il a fallu, avec lui, un essai pour se roder. En l’espèce, ce fut la disqualification de 2023. Mais, après la pluie, le beau temps et les deux titres successifs qui s’en sont suivis.
C’est une belle récompense, en particulier pour l’élevage de Tillard, aujourd’hui animé par Françoise Chaunion, dans les pas parentaux. Un élevage qui a eu tôt fait d’atteindre le haut niveau, car s’en étant donné les moyens, mais qui, pour autant, n’était jamais monté sur le podium du Prix d’Amérique Legend Race, avant la première victoire d’Idao de Tillard l’an dernier. Neuf tentatives, avec Uranium De Tillard et son frère cadet, Bonheur De Tillard (x4), puis avec Severino (x3) –un « Tillard » non labellisé, du fait d’un partenariat avec Lucien Urano– et avec « Idao » lui-même, n’y avaient pas suffi. La dixième a été la bonne, confirmée par la onzième. Le mouvement est lancé !


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2x2 – Comme le double tir groupé de Thierry Duvaldestin

Deux au carré… En compagnie de Sébastien Guarato, Thierry Duvaldestin devient le second entraîneur en activité le plus titré dans le Prix d’Amérique Legend Race. Quatre succès chacun, en tandem qui plus est : Bold Eagle (2016 et 2017) et Face Time Bourbon (2020 et 2021), pour l’un ; Ready Cash (2011 et 2012) et Idao de Tillard (2024 et 2025), pour l’autre. Les deux professionnels sont basés dans le même département de l’Orne, à peu de distance…
Avec quatre distinctions, l’un et l’autre sont à la même hauteur que Charley Mills, qui prépara victorieusement Walter Dear, en 1934, puis, deux décennies plus tard, Fortunato II (1955) et Gélinotte (1956, 1957). Il leur reste à rejoindre Alexandre Finn, mentor de Muscletone (1935, 1937), De Sota (1938, 1939) et Mighty Ned, lors de son succès de 1951, lui qui s’imposa sous un autre entraînement en 1948 ; Henri Levesque, qui délégua au palmarès Masina (1961), Roquépine (1966, 1967, 1968) et Upsalin (1969) ; et Jean-René Gougeon, l’homme de Toscan (1970) et d’Ourasi (1986, 1987, 1988, 1990). Autrement dit, cinq est le record à égaler, puis à battre.

©Scoopdyga/@Aprh©Scoopdyga/@Aprh

2 – Comme les deux côtés du pedigree d’Idao de Tillard

Des deux côtés de son pedigree, il se réclame de l’élevage dont il est issu. Et ce n’est assurément pas chose commune. Idao de Tillard est un « Tillard » à plein titre, fruit de l’union d’un père et d’une mère maison. Car Sévérino est un « Tillard » qui s’ignore (N.D.L.R. : voir plus haut), dont les trois premières mères sont, d’ailleurs, frappées du sceau, et America De Tillard a un profil similaire, sur deux générations. C’est là la marque d’un élevage de référence.


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2 – Comme les frères ennemis –et amis !–, Go On Boy et Josh Power

Depuis Fakir du Vivier et Hadol du Vivier, respectivement deuxième et quatrième, en 1978, sous les auspices de la même mère, la matrone de Jean-Yves Lécuyer, Ua Uka, on n’avait pas vu cela. Go On Boy (Password) et Josh Power (Offshore Dream), nés des œuvres de la seule Balginette, sous la bannière de l’élevage de Pierre-Emmanuel Mary et des siens, « font l’arrivée » du Prix d’Amérique, à la troisième et à la quatrième place. L’exploit n’est pas mince et restera dans les annales.


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