La France garde son titre dans la plus grande course suédoise, l'Elitloppet : Horsy Dream (Scipion du Goutier) succède à Hohneck après avoir offert un spectacle exceptionnel. De son heat impressionnant à son triomphe dans un temps record, 1'08'', on n'a vu finalement que lui toute la journée. Il offre à notre meilleur driver tricolore Éric Raffin un premier sacre dans le sommet scandinave ainsi qu'à Pierre Belloche son entraîneur et ses co-propriétaires-éleveurs. Devant des tribunes combles de Solvalla, ils ont tous goûté à l'ivresse ultime d'un triomphe loin de ses bases et tellement attendu.
Le triomphe de l'élevage et du trotteur français
Les deux principaux Groupes 1 internationaux du week-end suédois tombent donc dans l'escarcelle de deux champions français : IZOARD VEDAQUAIS dans le Harper Hanovers samedi et HORSY DREAM ce dimanche dans l'Elitloppet. Autre point commun, ils signent tous deux les nouveaux records des épreuves majeures. C'est donc l'élevage du trotteur français dans toute sa variété qui triomphe loin de ses bases à Solvalla, de surcroît avec deux trotteurs aux profils génétiques très différents.
Horsy Dream, un héros du mile à la française
C’est la consécration pour Horsy Dream, tout simplement. Il était déjà, certes, triple vainqueur de Groupe I, à la faveur de ses succès dans le Prix Ténor de Baune, le Prix de Sélection-Prix Face Time Bourbon et le Prix de l’Atlantique. Mais, là, l’élève de Jean-Marie Deschamps et de l’Ecurie du Closet change de dimension. Il est l’un des trois champions –et le meilleur, assurément– engendrés, à ce jour, par Scipion du Goutier 1’11’’ m. (GOETMALS WOOD), dans les pas de Bahia Quesnot 1’08’’ (Prix de Cornulier) et d’ERMINIG D'OLIVERIE 1’11’’ (Critérium des 3 Ans). Il faut souligner qu’il est issu du rapprochement de deux performers montés, Scipion du Goutier étant sextuple gagnant de Groupe I dans la spécialité, tandis que le père de mère, PRINCE GEDE 1’11’’ a.-m. (SANCHO PANCA), est un lauréat du Prix de Normandie (Groupe I) et, platoniquement, du Prix de Cornulier (Groupe I), tout en s’étant octroyé, dans l’autre discipline, le Prix de Paris (Groupe I). Références de tenue et de robustesse, donc, à la française, n’en procurant pas moins un héros du mile, sur piste plate, dans un « chrono » record, qui plus est. Là est la force du trot hexagonal, aux aptitudes « multicartes », à la demande, ou quasiment.
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BONANZA DU CLOSET, la mère de Horsy Dream, n’a pas de performances. Le lauréat de l’Elitloppet est son deuxième produit, en même temps que son deuxième vainqueur, après GUNNER 1’13’’ (BOCCADOR DE SIMM), gagnant de six courses et d’un peu plus de 100.000 euros. Elite d’Atout 1’15’’, la deuxième mère, est une fille de SUGARCANE HANOVER (US) 1’11’’, historique « tombeur », aux Etats-Unis, lors d’une course événement, demeurée dans les annales, d’OURASI et MACK LOBELL. C’est, en l’espèce, l’une des deux concessions américaines, dites récentes, inhérentes au pedigree de Horsy Dream, avec celle de sa lignée mâle, qui remonte, à la cinquième génération, à QUICK SONG 1’14’’, via SHARIF DI IESOLO 1’15’’. ELITE D'ATOUT montra une valeur semi-classique. Sa descendance est riche des RAMBO JET 1’12’’, TURBO JET 1’11’’, TRAVEL JET 1’12’’ m., ALESIA D'ATOUT 1’11’’, DESIR CASTELETS 1’08’’, DAYTONA JET 1’12’’ m., EXPRESS JET 1’10’’, KAMEHAMEHA 1’12’’, etc. En amont, c’est la prestigieuse souche des « Atout » et c’est, notamment, celle d’Etonnant 1’09’’, prédécesseur d’Horsy Dream au palmarès de l’Elitloppet, dont il a fourni le lauréat en 2022.
Un pedigree exempt des sangs de Viking’s Way et de Coktail Jet
Pour conclure, on se doit de pointer que le pedigree d’Horsy Dream est exempt de VIKING'S WAY et de COKTAIL JET. C’est, présentement, assez rare pour être mentionné. Du même coup, cela lui confère un profil d’étalon ouvert à moult croisements, susceptible de ressourcer notre élevage et d’y atténuer la concentration des sangs.
Enzo Cive, l'ange gardien d'Horsy Dream
Arrivé en même temps que
HORSY DREAM (
Scipion du Goutier) au sein de l'écurie Belloche, il y a trois ans, Enzo Cive (22 ans) a vécu un grand moment ce dimanche à Solvalla.
"J'étais dans l'inconnu pour ce premier voyage en Suède, pour le cheval comme pour moi, mais tout s'est remarquablement déroulé. Dès les joies de la qualification, nous nous sommes tout de suite reconcentrés pour la finale. Je n'ai pas de mot pour décrire mes sentiments, c'est incroyable ! Il a été magnifique ! Lorsqu'il est passé devant moi dans le dernier tournant, je savais qu'il n'allait rien lâcher. Je suis fier de lui et toute l'équipe est récompensée avec cette grande victoire."
La séquence printanière d'Horsy Dream
■2ème du Prix du Plateau de Gravelle (Gr.3) - ferré - 1'12''1 (2.700m)
■2ème du Prix du Bois de Vincennes (Gr.3) - déferré des postérieurs - 1'11''7 (2.850m)
■1er Prix de l'Atlantique (Gr.1) - déferré des quatre pieds - 1'10''2 - RECORD DE LA COURSE
■1er batterie qualificative Elitloppet (Solvalla) - ferré - 1'09''
■1er FINALE ELITLOPPET (Gr.1) - déferré des quatre pieds - 1'08'' - RECORD DE LA COURSE
Les réactions des autres Français qualifiés pour la Finale
Deuxième de sa batterie, HOHNECK (Royal Dream) s'élançait du couloir n°1 dans la finale, une place qu'il n'a pu conserver très longtemps, son driver Gabriele Gelormini nous livre son analyse après sa 4ème place : "Nous sommes partis sur un petit temps de galop, juste deux foulées, mais cela nous a fait perdre un terrain précieux et, de fait, notre place. J'ai fait l'erreur de ne pas rester à la corde mais je trouvais que cela nous faisait prendre trop de risques. J'ai décalé et nous nous sommes retrouvé dans le dos de GO ON BOY (Password) en troisième épaisseur. Cela n'était pas évident de revenir en épaisseur, surtout à cette vitesse. En restant à la corde, nous aurions pu jouer la 2ème place, c'est dommage mais ce sont les courses. Hohneck a été très bon."
L'autre français, Go On Boy, brillament qualifié dans sa batterie, s'est lui montré fautif à la sortie du tournant finale. "Nous allions très très vite à cet instant du parcours, il a légèrement penché et s'est trompé, tout simplement, nous lâche Romain Derieux. C'est rageant car au moment de son incartade, je n'avais pas encore baissé les oeillères. La deuxième place était encore jouable à cet instant. Il est bien rentré, cela est le principal mais ce sont des belles courses et il n'y a qu'une finale de l'Elitloppet par an..."
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Le film des batteries
BATTERIE 1
Go On Boy avec brio, la douche froide pour Idao de Tillard
CHRONO : 1'08''6 (1.640M)
Le film de cette journée a débuté par un coup de théâtre. On en veut pour preuve la clameur issue des tribunes quand le public voit le vainqueur du Prix d’Amérique Legend Race IDAO DE TILLARD (SEVERINO) se montrer fautif quelques dizaines de mètres après le départ dans la foulée d’A Fair Day (MAHARAJAH) au galop devant lui. Les caméras sont alors braquées sur lui et le crack français perd, sans être disqualifié, un terrain considérable qu’il parviendra à combler pour revenir dans le peloton, étant même pointé au côté de Go On Boy (PASSWORD) à 800 mères du but. Mais il ne pourra pas réaliser l’impossible. Go On Boy connait lui un parcours parfaitement fluide et domine avec un réel brio sa batterie, coupant la ligne d’arrivée ralenti par Romain Derieux qui ne lui a même pas baissé les oeillères. Derrière, ça joue des coudes, CAPITAL MAIL (NAD AL SHEBA) finit en souplesse devant l’animateur DENVER GIO (Southwind Frank), fatigué, et ONAS PRINCE (CHOCOLATIER) qui passe in-extremis en Finale. Choisissant le premier sa place derrière la voiture Romain Derieux a décidé de se positionner dans le couloir 2, sa position préférentielle pour appliquer sa meilleure tactique. Il sera encadré par les deux autres tricolores dans la Finale : Hohneck à la corde et Horsy Dream à son extérieur.
La réaction de Thierry Duvaldestin
Quelques dizaines de minutes après la course, Thierry Duvaldestin est revenu sur la performance d'Idao de Tillard : "Suite au heat on était déjà inquiets mais le canter nous a rassuré. C'est comme ça. Il a dû tirer légèrement à droite peu après le départ et ça a contrarié le cheval. On s'était aussi préparé à ce que ça ne passe pas bien non plus. On doit apprendre d'une journée comme celle-ci. Direction le Prix René Ballière (23 juin) désormais."
BATTERIE 2
Horsy Dream tout en contrôle
CHRONO : 1'09'' (1.640M)
Le plus rapide au départ est Decision Maker (Nuncio). La protégée de Stefan Melander fait même très fort et ses rivaux laissent faire pour débuter. Notamment Éric Raffin qui garde HORSY DREAM (Scipion du Goutier) dans son rythme avant de passer GASPAR DE BRION (SINGALO) pour passer devant les tribunes. Le troisième Français Hohneck (Royal Dream) est le prochain à lancer une attaque pour aborder les 600 derniers mètres. Il prolongera très bien son effort pour conclure deuxième devant un très patient Francesco Zet (Father Patrick) et Borups Victory (Googoo Gaagaa). Pour sa troisième montée sur le podium de l'après-midi, après avoir lancé un nouveau clapping dans les tribunes suédoises, le driver du jour explique : "Ça a démarré fort et j'ai donc pris mon temps au départ. Je me suis posé à l'extérieur de cheval de tête et ne lui ai demandé d'accélérer qu'à 200m du poteau et il a répondu avec brio. Je me suis évertué à gagner mais sans en faire trop."