Le rôle, déterminant, des Haras Nationaux
Kimberland était un joli cheval, de petite taille –il « toisait » un mètre cinquante-six–, avec une tête expressive, de la densité et de beaux tissus, physiquement très américain, en fait. Comme ses contemporains, les frères Florestan et Granit, représentants, eux aussi, de la prestigieuse lignée mâle de Star’s Pride, il a été intelligemment acquis, au sortir de sa carrière de course, par les Haras Nationaux, qui, de la sorte, les ont fait, tous trois, accéder au stud-book trotteur français. C’était dans l’intérêt de l’élevage et ce fut fort bienvenu. Hélas disparus, alors que leur rôle était essentiel, les Haras Nationaux procéderont de même, un peu plus tard, avec les purs américains, Workaholic, étalon phare, et Mickey Viking, auteur du susnommé Viking’s Way. Que ne leur doit-on pas en la matière ? Les étalons furent, de surcroît, répartis ici et là, dans nos régions, le but étant de mettre à la disposition du plus grand nombre d’éleveurs, un peu partout en France, la meilleure génétique.
"Le bistrot situé en face du Haras de Lamballe s’appelait même « Le Kimberland » ! " Philippe de Quatrebarbes
Du jamais vu, de mémoire de breton
L’américain Kimberland devint donc breton d’adoption, prenant ses quartiers au Haras National de Lamballe, dans les Côtes-d’Armor. Philippe de Quatrebarbes, qui dirigea le haras, plusieurs années durant, se souvient parfaitement de lui : « Il était très facile. A l’occasion, nous l’attelions même en tandem, avec son cadet, Laudanum (N.D.L.R. : notre photo en page suivante). Il était prolifique, mais son petit défaut était d’être assez froid au moment de saillir. Quand il fonctionnait en monte naturelle, il n’était pas rare qu’il contraigne les éleveurs, venus lui amener leurs juments, à attendre plusieurs heures pour qu’il remplisse son office. Une fois, cela s’est même passé sur deux jours ! Plus tard, en insémination artificielle, les choses sont devenues progressivement plus simples. Le cheval a fait toute sa carrière d’étalon à la station de Landivisiau, dans le Finistère. Il était devenu une célébrité, en Bretagne. Dans ses grandes années, il a eu jusqu’à mille inscriptions, émanant de la France entière, et on tirait au sort cent cartes seulement. De mémoire d’éleveur breton, cela ne s’était jamais vu ! Le bistrot situé en face du Haras de Lamballe s’appelait même « Le Kimberland » ! »
Il offre le « Cornulier » à la Bretagne !
Kimberland a ainsi permis à un éleveur breton, Pierre Le Forestier, de briller dans le Prix de Cornulier, grâce à Voici du Niel, vainqueur de l’édition 1992, aux dépens des champions Vivier de Montfort et Queila Gédé. Ce Voici du Niel est l’un des quatre gagnants de Groupe 1 engendrés par Kimberland, les trois autres étant Ulf d’Ombrée (Critérium des Jeunes, Prix Capucine, aujourd’hui prix Albert Viel), Vainqueur Ker Anna (Saint-Léger des Trotteurs) et Isadora d’Ombrée (Prix de l’Etoile, Grand Prix de l’U.E.T.). Le professionnel suédois, installé en France, Ulf Nordin, adorait Kimberland et ce n’est pas un hasard si ce quatuor l’avait pour mentor commun. De même, le regretté Jean-Raoul Deshayes, l’homme des 'Ombrée', était un fan de Kimberland.