Des ventes sur des bases records

Record pour l'élevage de Joudes

Les « Joudes » de la famille Vulliamy ont fait fort, mercredi soir. Météore de Joudes (numéro 120) -en photo ci-dessous-, fils de Ready Cash et Brianna de Joudes, autrement dit le trois quarts frère du classique et étalon Atlas de Joudes, a fait tomber le marteau à 200.000 euros (acheteurs : Thomas Bernereau et Nicolas de Watrigant), alors qu’un peu plus tard, Mistral de Joudes (numéro 151), fils de Bird Parker et Gloria de Joudes, une demi-sœur d’Atlas de Joudes et Chica de Joudes, a fait afficher 93.000 euros (acheteur : Sylvain Roger, pour Noël Lolic), soit le meilleur prix de la séance pour un mâle de Bird Parker. Ces deux poulains sont conçus selon le même croisement du sang de Ready Cash avec la descendance de la poulinière Queschua Love.
C’est vraiment une belle réussite que cette double vente pour les Vulliamy, dont l’élevage est originaire de Saône-et-Loire mais délocalisé dans l'Orne. Ils faisaient présenter, ici, leurs yearlings par le Haras d’Atalante, lequel a réalisé de très belles ventes mercredi et jeudi. Les « Joudes » sont des habitués des ventes, de longue date. Ils y ont souvent tiré leur épingle du jeu, mais, en l’espèce, avec un total d’enchères de près de 300.000 euros, ils établissent un record, sachant que, jusqu’alors, celui qui avait été adjugé les plus chers se nommaient Unisson de Joudes (Goetmals Wood) et Atlas de Joudes (Ready Cash) ils avaient atteint le prix de 120.000 euros.

Ces résultats vont très au-delà de nos espérances (Alexandre Vulliamy)

Directeur général d'Arqana Trot, Hugues Rousseau partage ce constat : "On partait un peu dans l’incertitude avec un nouveau format de vente. Le pourcentage de vendus de presque 64 % me semble cohérent pour une vente de sélection. Il y a eu beaucoup d’attrait pour les chevaux les plus qualiteux. On a vendus 20 lots plus de 100.000 €, ce qui me semble être une bonne performance statistique." Le responsable remarque encore : "On passe la barre de six millions d’euros de chiffre d’affaires pour la première journée. Il faut maintenant que les autres chiffres suivent."

Deux locomotives en Face Time Bourbon et Ready Cash
Dans cette partie ultra qualitative du marché, Hugues Rousseau identifie les deux locomotives [lire notre précédente édition], Face Time Bourbon et son père Ready Cash. "L’étalon qui tire aujourd’hui le marché est Face Time Bourbon. On avait un très joli lot de Face Time Bourbon mais on attendait de voir comment il allait rebondir car il était un peu à la croisée des chemins avec une première production âgée de 3 ans. Compte tenu des résultats de ses rejetons, il faut reconnaître que c’est vraiment l’étalon qui a fait la différence. Les Ready Cash, pour les sujets les plus beaux, se sont évidemment très bien vendus."
 

La bonne tenue des pouliches dans le haut du marché
Avec un lot vendu à 240.000 € (Magic Bourbon - lot 62) et 8 pouliches vendues 100.000 € et plus (sur un total de 20 lots), les pouliches ont été particulièrement prisées ce jeudi. Hugues Rousseau relève aussi, "parmi les surprises, je note des prix rarement atteints pour des pouliches".

LES DEUX TOPS POUR PHILIPPE ALLAIRE

Auteur des deux tops du jour 1 [lire ci-dessous], Philippe Allaire a signé deux achats coup de cœur. Il nous explique : "Je voulais absolument la fille d’Urgentissime (Coktail Jet) que j’avais entraînée pour Frédéric Sauque. Elle avait été vendue pour l’élevage sans que je sois au courant et je m’étais promis de racheter une pouliche de cette origine qui m’a donné à l’entraînement Brillantissime, Célébrissime, Fastissime…" Concernant Meursault, il ajoute : "Ready Cash m’a tellement apporté que cela ne servirait à rien de l’avoir eu dans ses boxes si je ne défends pas un de ses fils qui me plaît. Et ce poulain me plaisait !" Hommage à Ready Cash.Il est l’éleveur/vendeur du top price Meursault (Ready Cash) sous son entité de l’Ecurie Dub’s. Jean-Michel Dubois est désormais un habitué des belles ventes. Pour preuve, il a déjà cédé deux frères de Meursault pour plus de 100.000 € : Haut Brion (Bold Eagle) a fait afficher 240.000 € en 2018 et Iquem (Ready Cash) 130.000 € en 2019. Ces deux poulains ont performé avec le statut de vainqueurs à Vincennes. L'an dernier, il a vendu Léoville (Face Time Burbon) 125.000 € à Antoine Griezmann.
Jean-Michel Dubois nous a partagé son approche de l’élevage : "J’ai continué l'élevage dans les pas de mon père, décédé assez tôt. J'ai commencé avec une ou deux poulinières tout en étant agent général d’assurance. J’ai ensuite acheté une propriété à La Sauvagère, entre La Ferté-Macé et Bagnoles-de-l’Orne, avec une trentaine d’hectares et suis passé à cinq poulinières. Je les ai triées sur leur génétique car je m’applique à faire de la sélection. J’ai potassé la génétique, notamment par mes lectures de Trot Informations."
Concernant le profil de ses juments, il nous apprend encore : "Plusieurs sont issues de l’élevage de Bellaigue. Je trouvais que sa génétique était bien composée. J’ai aussi une descendante de Reine du Corta (Ura) dont le yearling passe ce jeudi sur le ring (Major (Gu d’Héripré – lot 301). J’ai aussi acheté la mère de Karami Love (Love You), Danseuse Darche, une fille de Ready Cash. Mes critères sont un mix du modèle, de la génétique issue d’un bon élevage. J’essaie de mettre la barre assez haut. Si on veut réussir, il faut mettre toutes les chances de son côté, y compris en nourriture, compléments alimentaires, maréchalerie, etc. Il faut être parfait partout. Je travaille avec l’assistance du haras d’Ecouché qui m’est d’excellent conseil."
Parallèlement (mais comment déconnecter les courses et le ring ?), l'Ecurie Dub's voit ses jeunes représentants intensément briller sur les pistes. L'éleveur détaille : "Sur mes cinq "K", j'ai trois bons éléments : Knock Out Maker (Love You) [invaincu en trois sorties], Kamari Love (Love You) [invaincu en deux sorties] et Kanto Avis (Ready Cash) [trois victoires pour 50.550 €]." La concrétisation de bons croisements sur des juments qui possèdent des souches profondes.

Les pouliches au firmament

Il n’est pas si fréquent de voir des femelles figurer dans ces tranches de prix. Le fait est que l’élevage est en filigrane. Mieux : il est la perspective finale. Certes, on achète de potentielles juments de course, les espérant douées et talentueuses mais on s’inscrit, en prolongement, dans la durée de la génétique et de la reproduction, s’appuyant sur des souches avérées et éprouvées. La semaine dernière, lors des ventes Auctav, le même constat avait été fait. C’est, incontestablement, une tendance que de parier, ainsi, sur la valeur résiduelle des pouliches au haras.
Ainsi, trois femelles se sont immiscées dans le « top-10 » de la vente, à 155.000 euros et plus. Il s’agit, dans l’ordre décroissant, de Magic Bourbon (numéro 62), adjugée 240.000 euros à Philippe Allaire, de Mana Mix (numéro 81), vendue 185.000 euros à AM Bloodstock SARL, et de l’italienne Guardami (numéro 30), achetée 155.000 euros par Florent Fonteyne (SAS Trotting Bloodstock). Ces trois pouliches ont pour trait commun d’être remarquablement nées, non seulement du côté paternel, s’agissant, respectivement, de filles de Face Time Bourbon, Hohneck et Tactical Landing, mais du côté maternel, puisque Magic Bourbon est une trois quarts sœur de Brillantissime et une proche parente de Bold Eagle, tandis que Mana Mix est une fille de la plus que millionnaire Ana Mix et que Guardami a pour mère Tast of Bourbon, lauréate du Derby des pouliches, au Danemark, elle-même née des œuvres de la championne Qualita Bourbon.

Antoine Griezmann dessine son équipe du futur

Cinquième prix du jour 1, Master Winner (Face Time Bourbon) a rejoint une écurie pas tout à fait comme les autres, celle que Mickaël Cormy manage pour le compte du footballeur international Antoine Griezmann. L'entraîneur avait eu son propriétaire le matin au téléphone pour finaliser leur décision. Il nous apprend : "Antoine voulait acheter un Face Time Bourbon. Et notre choix s'est arrêté sur le 98 qui dégageait quelque chose de particulier avec un pedigree exceptionnel." Master Winner est un fils de la lauréate classique Darling de Reux (Prodigious), gagnante du Critérium des 4 Ans (Gr.1). Mickaël Cormy ajoute : "Face Time Bourbon est l'étalon sur la montante, son père Ready Cash étant mort. Pour revenir au poulain, il a un papier d'étalon. C'est un gros budget mais cela peut être un très bon investissement si le poulain remplit son contrat en courses. Comme étalon, il deviendrait une source de revenus supplémentaires pour réinvestir."
Les contraintes d'investissement répétées pourrait inciter Antoine Griezmann à devenir éleveur. C'est l'information du jour dans la bouche de Mickaël Cormy : "On recherche l'excellence, ce qui oblige à d'importants investissements les jours de vente. Mais on a acheté des femelles dernièrement. Cela pourrait nous permettre de lancer un petit élevage et nous éviter de dépenser des sommes aussi importantes (qu'aujourd'hui) à l'avenir."
Voilà en tout cas un projet d'une nouvelle nature qui installe plus que jamais la famille Griezmann, Antoine et son père Alain, dans la logique hippique du long terme. Entre achats (mercato) et élevage, Antoine Griezmann dessine son équipe du futur.

Les tops du mercredi

L’étalon-star récemment disparu Ready Cash domine le classement par lui-même et par fils interposés. Face Time Bourbon et lui sont les deux seuls à dépasser le million d’euros d’enchères. C’est, en outre, un fils de Ready Cash, Meursault, qui fait le « top-price », à 250.000 euros. Bird Parker complète le podium des « Ready Cash », à la troisième place. A la quatrième place, le vétéran Love You est le seul à s’immiscer dans ce concert. Ajoutons que 9 des 10 yearlings adjugés 150.000 euros est plus sont soit par Ready Cash, soit par ses fils, Face Time Bourbon et Hohneck.

Les deux plus grosses enchères pour Philippe Allaire
Remarquablement actif sur plusieurs gros lots, à commencer par les deux « top-prices », Philippe Allaire ne s’en laisse pas conter par Anders Storm, lequel tient cependant bien sa partie, à un degré tout juste inférieur. Les courtiers français Florent Fonteyne (Trotting Bloodstock) et Thomas Bernereau leur emboîtent le pas, ce dernier en partenariat avec Nicolas de Watrigant (Mandore International Agency).

La soirée d’Ecouché
C’était la soirée du Haras d’Ecouché, qui domine largement la situation, avec un chiffre d’affaires dépassant les deux millions d’euros et trois fois supérieur à celui de son dauphin, l’Elevage Madrik. Jean-Pierre Dubois et son haras de la Beauvoisinière se positionnent ensuite, avec, cependant, assez peu de sujets adjugés. A la quatrième place, le Haras de la Paumardière vend 5 des 6 yearlings qu’il présentait.